Les Vertus du Capitalisme

Nicolas Baverez : sur le Liberalisme

Conseiller informel de Nicolas Sarkozy, libéral convaincu, influencé par la pensée de Raymond Aron, Nicolas Baverez est un essayiste français reconnu, qui se démarque par une approche d’économiste et d’historien. Avec «La France qui tombe», l’énarque avait donné un coup de fouet à l’Hexagone. Il revient régulièrement dans le paysage intellectuel avec des ouvrages chocs, à l’image son dernier livre, «Après le déluge». Depuis 2002, Nicolas Baverez est membre du comité d’éthique entrepreneuriale du MEDEF (Mouvement des entreprises de France) et du comité directeur de l’Institut Montaigne, le think tank créé par Claude Bébéar.

Le capitalisme survivra assurément, et ce d’autant qu’il a fait la preuve qu’il pouvait s’adapter et prospérer dans des environnements hostiles à la liberté politique.

L’urgence ne consiste donc pas à lui chercher d’improbables alternatives, mais à imaginer et s’engager avec acharnement dans la refonte de sa régulation. Et pour cela à assumer et faire fructifier l’héritage du libéralisme. Le libéralisme n’est en effet pas le responsable mais le remède à la crise.

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Il n’a rien d’une théologie visant à l’éradication de l’Etat, mais se définit comme une philosophie politique fondée sur le respect des droits de l’individu, le primat de la décision collective dès lors qu’elle découle de choix librement consentis, la modération et l’équilibre de tous les pouvoirs.

Friedrich von Hayek lui-même rappelait qu’«il n’y a rien dans les principes du libéralisme qui permette d’en faire un dogme immuable; il n’y a pas de règles stables, fixées une fois pour toutes.

Il y a un principe fondamental, à savoir que dans la conduite de nos affaires nous devons faire le plus grand usage des forces spontanées et recourir le moins possible à la coercition; mais ce principe peut comporter une variété infinie d’applications».

Au principe de la terrible embardée de la mondialisation, on trouve l’emballement des passions collectives et la confiscation de la direction de l’économie et des entreprises par les marchés, sans limites ni contre-pouvoirs.

Au coeur des risques liés à la sortie de crise, on découvre l’extrémisme politique et le mouvement de bascule visant à transférer la direction de l’économie à  l’Etat, alors même que celuici touche les limites de ses capacités d’action face aux secousses de la mondialisation.

Ce n’est pas le marché qu’il faut condamner, mais ce sont les principes, les institutions et les règles qui lui ont manqué qu’il faut inventer.

C’est moins l’Etat qu’il faut réhabiliter – tant il est vrai qu’il n’a jamais disparu –, que la prudence, la modération, la balance des pouvoirs qu’il faut restaurer. Dans l’ordre politique comme dans l’ordre économique. Au sein des entreprises et des nations comme à l’échelle de la planète. Les jalons du capitalisme du XXIe siècle sont là; les premières pierres de sa gouvernance ont été posées avec la création du G20. Il faut désormais leur donner une cohérence, les traduire en décisions et en architecture institutionnelle.

Les organisations et les normes ne peuvent prétendre être des garanties absolues et se limitent à un rôle de garde-fous qui peuvent à tout moment être emportés par les passions collectives; mais leur absence, à l’inverse, laisse toute latitude aux emballements et donne l’assurance de tragiques désillusions.

Il n’y a donc pas davantage de place pour la fatalité dans le dénouement de la crise que dans son déroulement.

L’heure n’est pas aux lamentations ou à l’hystérie, mais à la pensée et à l’action. Avec pour guide la maxime de Montaigne qui n’a rien perdu de sa vérité à l’âge de l’histoire universelle: «Notre bien comme notre mal ne tient qu’à nous.» _

NICOLAS BAVEREZ «Après le déluge, La grande crise de la mondialisation », Editions Perrin, novembre 2009, 242 pages

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