Les différents gouvernements à travers le monde n’ont eu de cesse de répéter qu’ils prendraient toutes les mesures qui s’imposeraient pour lutter contre la crise du crédit et la récession. On peut toutefois se demander si les contribuables sont, eux aussi, prêts à faire tous les sacrifices qui s’imposeront.
PLUS DE TROUBLES EN SUIVANT :
Dans certains pays, comme la Lettonie, l’Islande et l’Irlande, l’austérité budgétaire est déjà de mise. Dans d’autres pays, on s’y prépare.
Les investisseurs devraient garder un oeil sur les divergences qui pourraient surgir entre le contrat social qui existe entre un Etat et ses citoyens, et les contrats purement économiques conclus par les gouvernements avec leurs créanciers et leurs investisseurs.
Prenons l’exemple de la Lettonie, qui a profondément souffert depuis l’effondrement de son économie.
Alors que le taux de chômage y a atteint 18,4% au troisième trimestre et que les salaires réels mensuels y ont chuté de 10% en septembre 2009 par rapport au même mois de l’année précédente, le budget adopté pour 2010 s’annonce draconien. Les dépenses seront réduites de 6,4% et l’impôt sur le revenu augmentera de 3 points de pourcentage. Il est vrai que l’économie lettone est en train de se redresser. La balance des paiements courants est maintenant excédentaire, le déficit commercial s’est considérablement réduit et le recul du produit intérieur brut a ralenti. En outre, les mesures adoptées ont permis d’obtenir des fonds auprès du Fonds monétaire international. Le risque de voir les électeurs décider, lors des élections législatives prévues cette année, qu’ils se sont suffisamment serré la ceinture n’est pourtant pas à exclure. Lors de la présentation de ses voeux, le Premier ministre letton Valdis Dombrovskis a reconnu l’austérité du budget adopté. Il a également mis l’accent sur le devoir moral des contribuables à payer leurs impôts, et a déclaré que les électeurs devraient reconnaître, par-delà l’écran de slogans populistes, que le gouvernement a fait le bon choix pour assainir durablement l’économie du pays.
En Islande, le gouvernement se trouve contraint d’organiser un référendum sur une mesure très impopulaire, portant sur le remboursement au Royaume-Uni et aux Pays-Bas d’une dette de 6 milliards de dollars liée à la faillite de la banque en ligne Icesave. Si le “non” l’emporte, il est à craindre que l’Islande soit mise à l’écart des marchés de capitaux internationaux. Mais les électeurs, dont un quart ont signé une pétition contre la décision du parlement de rembourser cette dette, pourraient bien avoir un seuil de tolérance à la souffrance inférieur à celui estimé par le gouvernement.
Il s’agit là de cas extrêmes, et les marchés sont conscients des risques attachés à ces situations. Les swaps de défaut de crédit de la Lettonie et de l’Islande impliquent des notes de crédit de catégorie hautement spéculative.
Mais beaucoup d’autres gouvernements se trouveront confrontés à la question épineuse du seuil de tolérance de leurs électeurs et contribuables aux mesures engagées pour réparer les dégâts causés par la crise.
En première ligne se trouvent la Grèce, où la volonté des autorités de répondre aux attentes du marché obligataire reste douteuse, et le Royaume-Uni, où les investisseurs en gilts supposent que le nouveau gouvernement qui doit être formé cette année prendra rapidement des mesures pour lutter contre le déficit. Le gouvernement des Etats-Unis, lui aussi, devra trouver un juste milieu entre les intérêts du marché et ceux des contribuables, alors que s’approchent les élections de mi-mandat.
Le risque pour les investisseurs est de voir les hommes politiques ou les électeurs freiner des quatre fers lorsque l’addition – hausse d’impôts et réduction des dépenses publiques – arrivera sur la table….A trop s’habituer au free lunch !!!!
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