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Commentaire : Marchés Asiatiques émergents / SEMAINE 2

L’annonce de la mise en place au 1er janvier 2010 d’une zone d’échange défiscalisée entre la Chine et l’ASEAN (communauté économique regroupant Singapour, la Birmanie, la Thaïlande, le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, le Laos, l’Indonésie, le Cambodge et le Brunei) est un peu passée inaperçue en ce début d’année. Pourtant, c’est un événement majeur puisque ce sont 228 produits qui vont progressivement pouvoir circuler librement, sans taxe à l’importation, entre ces pays. Cela signifie également que les échanges commerciaux pourront être réglés en yuan et non plus exclusivement en dollar.

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

La zone ASEAN devient ainsi la première région à participer à l’internationalisation de la devise chinoise

. La baisse de taxation devrait atteindre, en moyenne, 5 %, ce qui peut paraître peu important. Néanmoins,derrière ce changement, c’est une réforme en profondeur des structures de douanes qui se met en place. Ce n’est unsecret pour personne que la corruption sévit sur un grand nombre de passages de frontières de la région. Réduire ces obstacles et donner moins de champs d’action aux douanes en annulant cette comptabilité à laquelle les douaniers pouvaient ajouter leur propre comptabilité vont favoriser un essor plus rapide des échanges et un développement plus large de la consommation domestique. C’est une nouvelle très favorable pour l’Asie en ce début d’année.

CHINE

Au final, la semaine passée s’est révélée volatile avec un marché en hausse à Hong Kong et en baisse à Shanghai. Mais vendredi, après la fermeture, la CSRC a annoncé la mise en place de dérivés sur le marché d’actions. Ce nouveau marché de futures devrait être opérationnel d’ici 3 mois ; une bonne nouvelle, notamment pour les agents de change locaux

Coté économique, l’indicateur avancé PMI de décembre a été plus fort que prévu à 56.6, indiquant une économie en très bonne voie de forte reprise.

La Banque Centrale reste prudente face à cette vigueur économique et a décidé de monter légèrement son taux de refinancement (+4bp). Par ailleurs, face à l’engouement immobilier, il est à prévoir un resserrement des conditions de prêts (pour l’achat d’un second appartement). Dans l’ensemble, ces mesures restrictives sont favorables à moyen terme mais peuvent entraîner une certaine volatilité à court terme.

INDE

Après une hausse de plus de 86 % du MSCI India en 2009 (en roupie), l’année 2010 commence calmement. Les investisseurs sont dans l’expectative de la réunion de la Reserve Bank of India du 29 janvier qui devrait donner de plus amples informations sur l’ampleur du resserrement monétaire auquel nous devrions assister dans les 12 prochains mois.

 Il est intéressant de noter que le prix des matières premières agricoles amorce une baisse (l’inflation sur ces matières premières passe en une semaine de 19,8 % à 18,2 %), ce qui confirme un  scénario de resserrement monétaire graduel.

Le déficit des comptes courants est de 3 % pour 2009 mais la balance des paiements devrait être positive (9,4 Mds $ sur le 2e trimestre de l’année fiscale 2010) en raison, notamment, des flux significatifs de capitaux des investisseurs institutionnels étrangers (17,3 Mds $ en 2009).

Reliance Industries a relevé son offre de rachat sur le groupe pétrochimique en faillite Lyondell Basel (de 12 à13,5 Mds $). Pour financer cette acquisition, la société a placé ses actions de trésorerie pour un montant de 1 Md $, ce qui implique donc l’absence de dilution pour les actionnaires minoritaires. Ainsi, sans demander d’argent supplémentaire aux actionnaires, Reliance Industries a doublé sa capacité de raffinage sur les 12 derniers mois (61 mt / an). Son résultat opérationnel dans le gaz devrait doubler dans les trois prochaines années (pour atteindre environ 4,5 Mds $) et la capacité pétrochimique du groupe pourrait tripler si l’acquisition de Lyondell Basel se finalise. D’autres placements de ce type pourraient avoir lieu.

Dans l’immobilier, il convient de noter les commentaires assez optimistes de Unitech Corporate Park,promoteur d’immobilier de bureaux, qui indique que la demande redémarre à Gurgaon (banlieue de Delhi).

EN COMPLEMENT :

Les sous-jacents fondamentaux de l’économie asiatique

La démographie dynamique, les salaires en hausse, le faible endettement et l’épargne élevée font de l’Asie le principal moteur de la croissance mondiale.

Ceux que l’on qualifiait de Tigres de l’Asie, à savoir Singapour, Hong Kong, la Corée du Sud et Taiwan, ont été les premiers pays à s’industrialiser.

Ils se sont fait remarquer par leur taux de croissance élevés, soutenus par leurs exportations, entre le début des années soixante  et 1990.

A la suite de cette première vague de croissance, nourrie par les exportations, les pays asiatiques concentrent désormais leurs efforts sur la croissance domestique, à travers l’investissement et la consommation.

Le repli de la consommation américaine a accentué cette transition. Par conséquent, l’attention s’est déplacée vers d’autres pays, ceux qui connaissent à présent une transformation économique rapide, en particulier la Chine, l’Inde et l’Indonésie. Ces pays jouissent d’une importante population, avec une classe moyenne en expansion rapide, et sont donc en mesure de stimuler leur consommation interne.

Ces facteurs structurels ont permis à l’Asie de traverser la crise sans trop de problèmes. Même lors du creux du premier trimestre 2009, la Chine et l’Inde ont enregistré une croissance respective de 6,1% et 5,8%. Au troisième trimestre 2009, la croissance du PIB de ces pays a rebondi vers son niveau moyen d’avant la crise, portée par la forte contribution des secteurs domestiques.

Il est important de relever que, suite à la crise asiatique de 1997, les bilans tant des entreprises que des gouvernements ont été significativement renforcés. Le taux d’endettement des compagnies asiatiques est tombé d’une moyenne de 60% durant la crise de 1997 à son niveau actuel de 30%.

De plus, au cours de la dernière décennie, les gouvernements asiatiques ont accumulé d’abondantes réserves de change et équilibré leur budget, ce qui leur a permis d’introduire des paquets fiscaux durables.

L’infrastructure reste l’un des thèmes les plus dignes d’intérêt en Asie.

 En effet, les gouvernements asiatiques ont récemment annoncé des plans de relance d’un montant de plus de 800 milliards de dollars, dont une proportion considérable a été allouée à des projets d’infrastructure, tels que des investissements dans les chemins de fer, les routes et les centrales électriques.

Avec un taux d’épargne élevé, des salaires en hausse et une disponibilité croissante de crédit personnel, la propension des consommateurs à dépenser augmente.

L’Asie connaît un faible niveau d’endettement des consommateurs, qui représente, en pourcentage du PIB, respectivement 13%, 11% et 11% pour la Chine, l’Inde et l’Indonésie. En comparaison de nombreux pays occidentaux,ces données apparaissent favorables.

C’est pourquoi il s’agit de privilégier les portefeuilles présentant une large exposition aux titres de sociétés liés à l’infrastructure indienne, à la propriété et au commerce de détail chinois et aux biens d’équipement indonésien.

De manière générale, le risque politique décline en Asie, comme les récentes élections en Inde et en Indonésie l’ont confirmé. Nous ne pouvons toutefois pas occulter les tensions croissantes entre l’Inde et le Pakistan, les troubles sociaux en Chine ou encore le risque d’instabilité politique en Thaïlande.

 Les banques centrales d’Asie pourraient renforcer leurs politiques monétaires plus tôt que prévu, en réponse à l’inflation ou à une bulle d’actifs émergents.

Cependant, lors de précédentes périodes de hausse des taux d’intérêt, les marchés action asiatiques ont poursuivi leurs fortes performances.

Un rebond spectaculaire du prix des matières premières ferait également du tort aux bénéfices des entreprises asiatiques, cette région étant un important importateur net de la plupart des matières premières.

Nos portefeuilles asiatiques restent néanmoins pleinement investis, afin de bénéficier du potentiel de hausse de l’année à venir, même si nous nous attendons à ce que les marchés soient plus volatils, dans la mesure même où les valorisations ne sont plus aussi bon marché qu’avant.

De plus, les débats sur le renforcement monétaire et le retrait des mesures de relance pourraient accentuer la volatilité des marchés.

Notre stratégie d’investissement recommande de rester flexible et agile, en mettant l’accent sur les marchés portés par leur secteur domestique, tels la Chine, l’Indonésie et l’Inde. En effet, la reprise économique en cours en Asie, combinée à des politiques monétaires accommodantes, devrait permettre de réaliser des retours positifs sur les marchés actions.

 Sources:SHERENE BAN  IMF, Morgan Stanley Research janv10

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La Chine prépare ventes à découvert et contrats à terme sur indice

La Chine va autoriser les transactions sur marge et ventes à découvert à l’essai et prépare le lancement de contrats à terme sur indice, évoqués de longue date dans le pays, a annoncé vendredi la annoncé la Commission de régulation boursière (CSRC).

Un porte-parole de la CSRC a dit à l’AFP que le gouvernement avait donné son aval à l’expérience, ajoutant que les détails seront annoncés ultérieurement.

Les autorités chinoises avaient annoncé pour la dernière fois il y a 15 mois qu’elles allaient autoriser à l’essai les transactions sur marge et ventes à découvert à court terme.

Après l’arrivée de la crise financière, des analystes avaient estimé que l’introduction de ces instruments permettrait d’accroître les liquidités boursières et aiderait à en réduire la volatilité.

Mais ils accroissent aussi les risques.

Les transactions sur marge permettent à un investisseur d’emprunter auprès des institutions financières pour acheter des valeurs qui, selon lui, devraient augmenter.

Si leur prix baisse, l’investisseur doit néanmoins rembourser la totalité de l’emprunt.

Les ventes à découvert sont des opérations similaires par lesquelles les investisseurs empruntent des actions pour les vendre, s’attendant à ce que le prix baisse. Si c’est le cas, ils peuvent racheter ces actions au nouveau cours et les rendre au prêteur.

Selon de précédentes informations de presse, ces deux opérations devraient être réservées à une dizaine de sociétés de Bourse et porteront initialement sur 70 ou 80 valeurs uniquement pour limiter les risques.

Le lancement de contrats à terme sur indice est en gestation depuis plusieurs années. Ce dérivé sur indice pourrait permettre aux investisseurs de se protéger contre une baisse du marché et leur apporter une couverture de risque.

 8 jan 2010 (AFP)

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