Le modèle d’essai, réalisé par la société Eothème à Bex, permet d’augmenter la production d’électricité de 30%

Une éolienne possédant deux hélices? C’est le pari d’André Wacinski et Max Giarré, deux ingénieurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Depuis cinq ans, les deux associés de la société Eothème veulent appliquer aux éoliennes le même principe d’entraînement mécanique que celui que l’on trouve sur les hélices de paquebots ou de certains hélicoptères transportant de très lourdes charges.

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 Six pales 

Pour augmenter la puissance d’une éolienne, il suffit d’augmenter le diamètre de son hélice. Cette dernière n’a d’ailleurs cessé d’accroître de taille. Depuis 2000, ce diamètre plafonne toutefois aux environs de 120 mètres. «Actuellement, il n’est pas avantageux d’agrandir les hélices car l’électricité générée en plus ne compenserait pas le surcoût de fabrication», explique Max Giarré. 

Eothème, une start-up basée à Bex, a opté pour une autre solution: insérer une deuxième hélice contre-rotative. Selon la société, ce type d’éolienne permet de produire davantage d’électricité sans augmenter la taille des pales. Chaque hélice tourne dans un sens opposé. La deuxième récupérant l’énergie du vent au sortir de la première hélice. «La difficulté a été d’additionner ces deux mouvements opposés», explique André Wacinski qui a déposé un brevet international en 2008 portant sur le design d’engrenages du multiplicateur lui permettant de combiner la rotation des deux hélices en un seul mouvement, celui de la génératrice. «Nous sommes parvenus à diminuer de moitié la taille du multiplicateur, ce qui en réduit son prix et permet de financer l’hélice supplémentaire», assure Max Giarré, un entrepreneur qui a cofondé la société Visiosoft et le groupe de placement de personnel Interiman. 

Au final, cette éolienne à deux hélices pourrait coûter entre 5 à 10% de plus qu’une éolienne classique mais promet d’assurer un gain de productivité de 30% supérieur. «Le prix de l’électricité produite serait en moyenne d’environ 25% moins onéreux. Un avantage faramineux», souligne Max Giarré.

 Pour vérifier cette invention, Eothème travaille depuis trois ans avec les HES-SO d’Yverdon, de Fribourg et de Genève. Deux modèles d’essai ont été testés dans la soufflerie de l’Ecole d’ingénieurs de Genève, sous le pont Buttin à Genève. «Tous les résultats convergent dans le sens de nos hypothèses», affirme Max Giarré. Une étude de validation réalisée par le Paul Schaerrer Institut (PSI) présente également des conclusions très favorables. Selon Peter Jansohn du PSI, cette approche permettra d’augmenter la production d’électricité d’environ 30%. Reste toutefois à réaliser un prototype grandeur nature. Pour y parvenir, la start-up qui collabore avec le Laboratoire de réglage automatique de l’EPFL, l’Université de Kiel en Allemagne et l’Ecole polytechnique de Varsovie doit lever environ 4 millions de francs. 

«Si d’ici à six mois nous ne parvenons pas à trouver un financement externe, nous céderons le brevet à un partenaire industriel, peut-être en Chine. Mais nous préférerions maîtriser notre invention jusqu’à l’achèvement du prototype afin d’optimiser la création de valeur pour Eothème», explique Max Giarré. Après quoi, la technologie sera de toute façon revendue à un géant du secteur, à l’exemple de General Electric, Gamesa, Vestas ou Suzlon. 

Convaincre les fabricants 

La tâche ne sera toutefois pas aisée. Même si une éolienne à double hélice offre un bonus d’énergie permettant un retour sur investissement, une problématique reste de taille: les carnets de commandes des fabricants sont déjà bien remplis et, dans l’immédiat, ceux-ci ne semblent pas pressés d’investir dans une nouvelle technologie. 

En revanche, si ces éoliennes à double hélice devaient faire leur apparition, elles pourraient donner un coup de pouce à des pays comme la Suisse, qui possède des vitesses de vent moyennes 

Par Ghislaine Bloch Le temps jan10

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