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Banques US : Vague d’intérêt inattendue pour les actifs toxiques

L’arroseur qui s’arrose :  Les banques américaines bénéficiaires de plans de sauvetage ont soutenu les prix en augmentant leurs positions…..

Très paradoxal mais tellement symbolique : on reprend les mèmes et on recommence !!!!!

PLUS DE MANIP EN SUIVANT :

 Les actifs toxiques souvent qualifiés d’illiquides se négocient à nouveau. Ils doivent leur renaissance au plan de sauvetage des banques mis en place par le gouvernement américain. Ou plutôt à un effet collatéral de celui-ci. Conçu pour aider les banques à se délester de ces papiers afin de leur redonner la capacité d’accorder des prêts, les établissements bénéficiaires en ont au contraire profité pour renforcer leurs positions. Echangés à au moins 95% de leur valeur nominale avant la crise, la valeur des actifs toxiques s’était pourtant effondrée jusqu’à un plancher de 35% à la mi-mars 2009!

Mais le programme de rachat d’actifs public-privé PPIP, annoncé fin mars et opérationnel depuis fin septembre seulement, a donné un acheteur à un marché qui a justement souffert d’une demande inexistante.

Les traders, comme les banques bénéficiaires, ont donc tranquillement pu prendre des positions à l’achat pendant la longue période de sélection des établissements partenaires et de levée de fonds pour le PPIP. Tout en ayant la quasi-certitude que les fonds PPIP allaient racheter les actifs toxiques même au prix fort. En raison de ces opérations purement spéculatives, les prix ont presque doublé pour atteindre 58% de la valeur nominale en décembre pour les obligations adossées à des hypothèques Alt-A.

Désormais, la période des gains énormes faciles à réaliser est terminée. Il reste toutefois encore de la marge par rapport au niveau de prix d’avant l’effondrement du marché immobilier américain. En investissant dans les fonds PPIP, le potentiel de gain se situe plutôt entre 10 et 15%. Avec les prix, le risque de pertes a évidemment augmenté lui aussi. L’attrait des actifs toxiques a donc déjà sensiblement diminué, ce qui s’est notamment reflété dans les difficultés à réunir les fonds prévus pour le programme PPIP. Celui-ci s’étendra sur huit ans, laissant deux ans aux gestionnaires pour effectuer les achats d’actifs. A court terme, une nouvelle baisse n’est pas du tout à exclure. Car pour une hausse durable de ces papiers, une reprise du marché immobilier américain est indispensable…

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EN COMPLEMENT :

Les valeurs massacrées se relèvent

Les actifs toxiques comme la dette en souffrance ont enregistré des gains parfois massifs en 2009. Qui soulèvent la question de la durabilité.

Plus personne n’a voulu en entendre parler. Encore moins y investir.

Les titres déclencheurs de la baisse des marchés financiers à partir de 2007 sont devenus tabous. Et pourtant. Le plan de sauvetage publicprivé PPIP pour les banques américaines annoncé fin mars 2009 a réveillé l’intérêt pour les titres qualifiés très sommairement de toxiques. Surtout du côté des établissements que ces actifs ont menacés dans leur existence. Si le gouvernement américain avait l’intention de recréer un marché pour permettre à ces banques de se séparer des actifs toxiques, ces dernières en ont au contraire profité pour renforcer leurs positions.

L’apparition soudaine d’un acheteur sur ce marché

– les fonds PPIP –a suffi pour que le prix des obligations adossées à des hypothèques Alt-A atteigne 58% de la valeur nominale en décembre 2009, alors que le plancher atteint à la mi-mars s’était situé à 35%!

Elles, tout comme des traders spéculatifs, ont profité des lenteurs apparues lors de la mise en oeuvre du plan PPIP. Les neuf établissements partenaires (dont BlackRock et Invesco) n’ont été sélectionnés qu’en juillet, et la hausse de ces actifs ne leur a pas facilité la tâche pour réunir les fonds prévus pour ce plan.

Leurs gestionnaires disposent désormais d’un maximum de deux ans pour investir l’argent réuni dans les actifs toxiques. Une marge probablement suffisante pour ne pas s’engager avant une correction de valeur qui paraît inévitable. Car pour une hausse durable des actifs toxiques, une reprise du marché immobilier américain est indispensable.

Les mécanismes à la base de la hausse des actifs toxiques sont également caractéristiques pour d’autres titres tombés en souffrance (distressed), comptant parmi ceux ayant subi les dépréciations les plus importantes. En automne 2007 déjà, des gestionnaires de fonds ont relevé que les ventes forcées provoqueraient des chutes nettement en-dessous de la vraie valeur de certains titres.

En août 2008, le co-CIO du plus grand gestionnaire mondial de fonds en obligations Pimco, Bill Gross, a estimé que le point critique pour s’engager dans la dette en souffrance a été franchi. Le taux de défaut implicite a été nettement supérieur aux pourcentages réels, et il l’est toujours. Même en cas de non-remboursement du prêt, l’investisseur peut espérer récupérer un montant supérieur au prix payé, en tenant également compte des éventuels actifs servant de garantie.

Certains gestionnaires estiment néanmoins qu’en raison de l’apparition des titrisations de dettes (CDO) et de prêts (CLO) et des modifications dans l’ordre des priorités des créanciers qui y sont liés, les investisseurs risquent d’obtenir un montant moins élevé que dans les cycles précédents.

L’intérêt des gestionnaires, se reflétant dans les nombreux lancements de fonds, a également été stimulé par la taille record du marché de la dette en souffrance (ayant des taux supérieurs à celui des bons du Trésor à échéance comparable + 1000 points de base) à 184 milliards de dollars. L’année dernière, la reprise de la dette en souffrance a finalement eu lieu. Au printemps, un sondage conduit par Ernst & Young a trouvé une majorité de spécialistes en dettes en souffrance favorable à l’achat de titres, donnant la préférence aux prêts commerciaux.

D’après les indices de hedge funds établis par EDHEC à fin novembre 2009, la stratégie distressed (+26,7%) figure en troisième position de la gestion alternative (précédée par l’arbitrage de convertibles et les marchés émergents). Selon des données de JP Morgan, la part des dettes négociées à moins de 50% est tombée de 27,5% à seulement 1,1% des obligations à haut rendement américaines. Des gestionnaires comme Laird Landman (Pictet US High Yield) relèvent d’ailleurs que les tranches les plus risquées ont connu les rebonds les plus forts, donnant la priorité aux dettes proches des notations non-spéculatives.

L’avenir s’annonce intéressant.

Un volume important de prêts à levier et dettes à haut rendement arrivera bientôt à échéance. Credit Suisse a chiffré ce montant à 1000 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années! Sans que des solutions de refinancement aient été trouvées. Les conditions pour le renouvellement risquent donc de s’empirer, pouvant conduire à plus de défauts. Un risque et une chance pour les gestionnaires distressed.

agefi jan2010

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