Réduction de la dette: un processus difficile et risqué
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Le désendettement absolument indispensable comporte maints risques.
Le too big to fail a pris la place du vieux concept généralement admis du prêteur de dernier recours, constate l’associé de la banque Wegelin & Co. Konrad Hummler dans son dernier commentaire d’investissement.
La frontière entre l’illiquidité et la faillite pour cause de surendettement est devenue plus floue. Les établissements constituant un risque systémique en ont bien profité, cette assurance illimitée ayant conduit à des primes de risque qui restent en permanence à un plancher record.
Les Etats ont payé la facture des erreurs commises par les banques.
La crise financière a rendu explicite une garantie d’Etat auparavant implicite. A la racine du problème, les opérations pour compte propre des banques.
Du point de vue économique, il s’agit d’une des plus grandes actions de répartition, de garants multiples vers un seul secteur particulier. Une subvention indirecte qui ne peut pas rester sans conséquences. Les gouvernements se sont eux-mêmes manoeuvrés dans une situation financière difficile, impliquant notamment le financement de dettes à court terme par le biais d’instruments à long terme, s’exposant ainsi au risque d’une hausse des taux.
Que les banques s’endettent afin d’effectuer un maximum de transactions pour compte propre ou que les Etats fassent des transferts de dette d’une instance à l’autre: les deux processus ne bénéficient pas à la productivité. Les attributions de crédits par les banques aux entreprises ont chuté de manière dramatique.
L’assainissement des Etats est absolument indispensable, mais pourrait entraîner des conséquences négatives pour toute l’économie.
Un assainissement de la Grèce par les autres pays de la zone euro provoquerait une nouvelle baisse de la monnaie unique, un effet qui risque de se voir multiplié par les problèmes portugais, irlandais, italiens et espagnols. La seule autre option, l’inaction, entraînerait des hausses de taux.
En fait, la répartition actuelle de la dette est à l’envers du bon sens.
S’il devait y avoir quelque part un surplus de capital, ce serait du côté des pays développés, où les hausses de productivité futures seront moins élevées qu’au sein des pays émergents, les pays mûrs, qui auront de toute manière bientôt besoin de rendements de capitaux, simplement pour des raisons démographiques.
Il s’avère que l’endettement des pays développés n’est pas qu’un phénomène apparu en raison de la crise financière, mais qu’il est bel et bien d’ordre structurel.
Les revenus fiscaux ont été plus volatils que la croissance économique, et la croissance des dépenses étatiques a allègrement dépassé celle de l’économie.
Mais la réduction de la dette est difficile et comporte plein de risques.
D’autant plus que les impôts ne peuvent guère être revus à la hausse et que les dépenses étatiques sont difficiles à comprimer.
Aux conditions de taux actuelles très favorables, le service de la dette représente déjà 12,5% des revenus de l’Etat américain. Si les taux atteignent la moyenne pluriannuelle, cette part monterait à 25%, et si les revenus baissaient au plancher de 1949, elle culminerait même à 35%!
Le tiers de la dette américaine financé par des institutions proches de l’Etat, des fonds dont les obligations constituent le seul actif, n’est même pas porteur d’intérêts. C’est une sorte de schème de Ponzi qui risque de miner la crédibilité du débiteur Etats-Unis. Les effets des différentes actions possibles pourraient s’anéantir. Une reprise rapide de l’économie améliorerait la situation du côté des revenus, mais le renchérissement augmente le service de la dette, consommant ainsi le surplus.
Sur le marché des dettes gouvernementales, les risques sont donc de nature asymétrique: aux faibles chances de rendement s’opposent des risques de perte considérables._
EN LIEN L’INTEGRALITE DU COMMENTAIRE : http://www.wegelin.ch/download/medien/presse/kom_268fr.pdf (cliquez sur le lien)
COMMENTAIRE PRECEDENT : Konrad Hummler : Banque Wegelin /Commentaire d’investissement 267 (cliquez sur le lien)
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