L'Etat dans tous ses états, ses impots et Nous

Le FMI des Affameurs est le premier bénéficiaire de la crise

La leçon de la faillite de Lehman devrait être de supprimer l’aléa moral et de responsabiliser les acteurs financiers. Dans ce cas, mieux vaudrait abolir le symbole ultime de l’aléa moral qu’est le FMI….et son Président Socialiste DSK

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Un an après la faillite de Lehman Brothers, le G20 et les experts pointent leur regard sur le seul bonus des banquiers. Rien n’a changé, claironnent-ils en chœur. C’est oublier l’agenda interventionniste et protectionniste qui déploie ses effets sournois et destructeurs d’emplois.

C’est ignorer l’autre agenda, celui de la redistribution des cartes.

 D’une part entre les pays, ainsi que la Suisse en fait l’expérience sous la contrainte. D’autre part entre le privé et le public.

L’Etat américain a par exemple pris 80% d’AIG, le troisième assureur mondial, 61% de General Motors, 34% de Citigroup et 8% de Chrysler. Il a également distribué des crédits record dans la plus grande opacité.

La Réserve fédérale a en effet investi 2000 milliards de dollars dont les bénéficiaires resteront inconnus par souci d’«indépendance». Cela correspond aux deux tiers du budget américain. Les Etats-Unis exigent de la Suisse une transparence qu’ils refusent à leurs citoyens.

Le plus grand bénéficiaire des 12 derniers mois est le FMI.

 Cette organisation, basée à Washington, est dominée par les Etats-Unis. Ceux-ci disposent en effet de 16,7% des droits de vote. Or 85% des voix sont nécessaires pour modifier les statuts. Le gouvernement Obama participe à hauteur de 108 milliards de dollars à une augmentation de 500 milliards des capacités du FMI. Rien ne justifie l’octroi de ce «bonus». Le Fonds n’a pas vu venir la crise et il l’a aggravée avec ses recettes pro-cycliques dans les pays qui ont fait appel à ses services.

«Il est difficile de comprendre pour quelle raison le FMI a besoin de pareils montants pour les pays en difficultés. Depuis les débuts de la crise financière, il a signé 16 arrangements pour un minuscule total de 46 milliards de dollars, selon Mark Weisbrot, directeur du CEPR. L’économiste observe aussi le contraste entre l’expansion des crédits de la Fed et la retenue affichée par la BCE. Le FMI semble être l’instrument choisi par les gouvernements européens pour «gérer» les risques de crédits des grandes banques européennes. Celles-ci ont en effet 1400 milliards de dollars à risque en Europe centrale et orientale.

Ces montants considérables à disposition de Dominique Strauss-Kahn et de son équipe sont gérés de façon scandaleuse.

Alors que les premiers actionnaires du FMI déploient d’énormes plans de relance, ils en interdisent l’usage aux pays émergents. L’objectif assigné à la Lettonie a consisté à maintenir inchangé le taux de change. La seule variable autorisée à baisser était donc le PIB et l’emploi. La politique pro-cyclique du FMI conduira le PIB letton à baisser de 18% en 2009.

En Hongrie, le FMI incite le gouvernement à diminuer son déficit budgétaire à 2,5% du PIB en 2009 malgré une contraction de l’économie de 6,7%. Pendant ce temps, le déficit budgétaire américain s’élèvera à 11,3% du PIB en 2009! Le FMI n’avait pas vu venir la crise hongroise. Pourtant, les risques du financement en francs suisses des hypothèques hongroises sont connus depuis longtemps.

L’Ukraine est un autre cas exemplaire. Pénalisé par la chute du prix de l’acier, l’un de ses principaux produits d’exportation, et par la hausse du prix du gaz naturel russe, le PIB ukrainien devrait baisser de 9% cette année. Mais le FMI a prescrit une politique pro-cyclique et un resserrement budgétaire. Pourtant Kiev dispose d’une réelle marge de manœuvre. La dette publique ukrainienne ne dépasse pas 10,6% du PIB. Un chiffre dérisoire comparé à la dette publique américaine puisque cette dernière va passer de 40 à 90% en dix ans!

Les propositions de réforme du FMI se sont multipliées. Mais la montagne a accouché d’une souris. La réforme dite de Singapour, en 2006, est ridicule. La part des Etats-Unis aux droits de vote de l’organisation descend de 17 à 16,7%. Au G20 d’avril dernier, il a été convenu que le directeur général pourrait ne plus être un Européen. Modeste ajustement qui n’irriterait guère les Américains. Car les Etats-Unis conservent leur droit de veto. La Chine, le grand bénéficiaire économique des 12 derniers mois, ne détient que 3,6% des droits de vote du FMI, contre 2,9% précédemment. Le besoin de rééquilibrer les instances internationales se heurte à l’opposition féroce des pays à haut revenu. Les pays du BRIC et le Mexique n’ont que 11,1% des droits de vote.

On exige des banquiers qu’ils soient responsables de leurs décisions, mais le FMI passe entre les gouttes.

De fait, plus un pays prend ses distances avec le FMI et mieux il s’en porte.

La Turquie, après une longue phase d’hésitations, et des rumeurs évoquant un crédit de 45 milliards, n’a pas signé d’accord. C’est un signal fort de la part d’un gouvernement qui tient à mettre en œuvre les réformes libérales qu’il désire, selon Steve Hanke, professeur à l’Université John Hopkins et conseiller de nombreux gouvernements. L’expert connaît le poids politique du FMI. Il a été conseiller du tristement célèbre président Suharto aux Philippines. Pendant la crise asiatique, il lui avait conseillé de refuser la dévaluation du peso proposée par le FMI. A l’annonce de ce refus, la monnaie locale s’était appréciée de 28% face au dollar. Mais finalement Suharto s’est rebiffé. Les Philippines ont cédé au FMI. Non seulement le président a été destitué, mais surtout le revenu par habitant a été réduit de moitié. Steve Hanke se rappelle les déclarations de Michel Camdessus à son départ à la retraite. L’ancien directeur général du FMI a déclaré avoir créé les conditions qui ont précipité le départ de Suharto. Une remarque qui n’aurait guère plu à George Shultz, l’ancien secrétaire d’Etat américain. «Ce n’est pas sa fonction», a-t-il dit.

En fait, les objectifs du FMI restent peu clairs. Au G20, on préfère parler des bonus et des «paradis fiscaux». C’est le résultat de la reprise en mains politique exigée par les politiques et les médias. La leçon de la faillite de Lehman Brothers devrait être de supprimer l’aléa moral et de responsabiliser les acteurs financiers. Mieux vaudrait abolir le symbole ultime de l’aléa moral qu’est le FMI.

Par Emmanuel Garessus LE TEMPS 2009

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : FMI : Flagrante Manipulation Internationale (cliquez sur le lien)

EN COMPLEMENTS :

Le FMI incapable de se démocratiser

Réunis à Pittsburgh, les dirigeants mondiaux ont promis de redistribuer 5% des droits de votes aux pays émergents. A ce rythme, le rapport de force ne changera pas fondamentalement

Le Fonds monétaire international (FMI) a occupé une place prépondérante dans les résolutions adoptées vendredi par le G20 à Pittsburgh. Devenu le «nouveau gouvernement économique mondial», ce dernier lui a demandé de mettre en place un système d’alerte pour prévenir des crises, de surveiller l’application des règles qui gouverne l’économie et la finance et de concevoir les mesures pour éviter des dérapages.

En lui donnant ce mandat, le G20 signe le retour en force de cette institution pourtant appelée à disparaître il y a encore deux ans. Le FMI était jugé trop grand et inutile, tel un pompier qui n’a pas d’incendie à éteindre. «Je suis véritablement encouragé par l’issue du sommet du G20, et notamment par le nouveau rôle conféré au FMI», s’est réjoui ce week-end son directeur Dominique Strauss-Kahn.

C’est sur l’autel de la démocratisation que la cause a été entendue. Créé à la sortie de la Seconde Guerre mondiale par les vainqueurs, le pouvoir décisionnel est à présent concentré dans leurs mains. En effet, 61% des droits de votes sont détenus par 14 pays industrialisés et le reste, 39%, par 172 pays. Avec 16,4%, les Etats-Unis ont même un droit de veto. Selon un arrangement tacite entre les deux puissances transatlantiques, le poste de directeur du FMI revient toujours à un Européen et celui de la Banque mondiale à un Américain.

Cette domination est contestée depuis plusieurs années par les pays émergents qui s’estiment sous-représentés par rapport à leur poids réel dans l’économie mondiale. A présent, la France, l’Italie ou la Grande-Bretagne pèsent plus que la Chine, deuxième puissance économique. Les Pays-Bas ou la Belgique sont mieux représentés que l’Inde.

La redistribution des quotes-parts fait régulièrement l’objet des débats. A Pittsburgh, les grands ont fait une promesse de céder 5% de leurs droits de vote aux pays émergents. Mais l’échéance n’a été fixée qu’en 2011. Et attendant les pays européens qui occupent huit places sur 24 au sein du conseil d’administration du FMI ne sont pas prêts à céder leur place.

Mais même si cela se fait, dans deux ans, le basculement de 5% des droits de vote ne changera pas fondamentalement le partage du pouvoir. Une première redistribution de 3% a été lancée à Singapour en 2006; elle n’a pas changé le rapport de force.

Sauvetage des banques

Sur un autre registre, le FMI met en avant l’aide financière qu’il a apportée aux pays frappés par la crise pour justifier son rôle. Au début de la crise, ses caisses étaient vides. Le Japon, l’Union européenne et les Etats-Unis sont venus à son secours. Puis, pour la première fois de son histoire, il a émis des obligations pour 289 milliards de dollars. Les pays émergents – Chine, Inde, Brésil, Russie, ainsi que les monarchies pétrolières du Golfe qui disposent d’énormes réserves financières rechignent à prêter au FMI et préfèrent lui acheter des obligations. Un placement plus rentable. Enfin, elle a décidé la semaine dernière de vendre une partie de son or pour se disposer de nouvelles liquidités.

Mais voilà, le FMI a volé au secours des pays principalement d’Europe de l’Est*. Les pays pauvres d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud n’ont obtenu que des miettes. Selon Mark Weisbrot, directeur du CEPR, les interventions du prêteur de dernier ressort ressemblent beaucoup à un sauvetage de grandes banques européennes. Celles-ci détiennent des créances à risque de 1400 milliards de dollars.

Le pire est que les prêts sont accordés selon les mêmes conditions qui n’ont pas fait leur preuve ailleurs. Les pays débiteurs sont priés de se serrer la ceinture et couper dans les dépenses publiques pour pouvoir conserver leur capacité de remboursement. La Turquie, alors même qu’elle aurait besoin de liquidités, a refusé de se plier aux conditions et a suspendu les négociations.

*Arménie, Biélorussie, Bosnie-Herzégovine, Costa Rica, El Salvador, Géorgie, Guatemala, Hongrie, Islande, Lettonie, Mongolie, Pakistan, Roumanie, Serbie et Ukraine.

Par Ram Etwareea le temps 2009

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Un «voyage» du FMI en Grèce

François Pilet

La communauté internationale devra-t-elle se porter au secours du pays? C’est la question à ne pas poser cette semaine

La Grèce devra-t-elle subir le même traitement de choc que la Lettonie l’été dernier? Voilà la question que les autorités grecques tenteront d’éluder tout au long de la semaine lors d’une visite des représentants du Fonds monétaire international (FMI). Le gouvernement comme le FMI ont déjà pris moult précautions oratoires pour justifier ce «voyage» qui ne doit surtout pas avoir l’air d’un prélude à un repêchage financier qui placerait le pays sous tutelle pour plusieurs années.

Selon les Grecs, la venue du FMI se limiterait à une «assistance technique» pour la création d’un nouveau système fiscal. En retour, le FMI a insisté sur le fait que la Grèce est un membre de «bon standing» de l’organisation. Une curieuse remarque qui pourrait s’avérer insultante pour les Lettons, à qui le FMI a dû avancer plus de 7 milliards d’euros l’été dernier alors que leur gouvernement était au bord de la faillite. Les conséquences de ce sauvetage s’étaient durement fait sentir, avec une réduction drastique de tous les postes du budget national. La Lettonie s’était aussi vu imposer un effort particulier dans la lutte contre la corruption.

Hier, le nouveau Commissaire européen pour les affaires économiques a indiqué qu’il n’était pas question de prendre des mesures contre la Grèce, le Portugal, l’Irlande et l’Espagne. Ces quatre pays représentent 40% de la dette émise par l’UE

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Le nouveau rôle du Fonds monétaire international (FMI) impliquera une « augmentation considérable » de ses ressources

ISTANBUL, 4 oct 2009 (AFP)

Le nouveau rôle du Fonds monétaire international (FMI) impliquera une « augmentation considérable » de ses ressources, a déclaré dimanche à Istanbul le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn.

Lorsque le processus visant à renforcer le FMI sera achevé, « cela impliquera une augmentation considérable de ses ressources », a déclaré devant la presse M. Strauss-Kahn, à l’issue d’une assemblée des 186 Etats membres du Fonds.

Le FMI avait annoncé en septembre avoir réuni les 500 milliards de dollars de ressources supplémentaires promises au sommet du G20 à Londres en avril, sous forme de prêts par les Etats ou d’achats d’obligations qu’il doit émettre.

Mais M. Strauss-Kahn a rappelé à Istanbul qu’il aurait besoin de davantage de ressources, pour inciter les Etats à accumuler moins de réserves en devises et à faire confiance à la capacité de prêt du Fonds.

« Les déséquilibres proviennent de l’édification d’immenses réserves et ces immenses réserves proviennent du fait que (les pays ont) peur d’être seuls, confrontés à une spéculation sur (leur) monnaie », a affirmé vendredi M. Strauss-Kahn.

« Mais il y a une autre solution, moins coûteuse, plus efficace, pour éviter cela, qui est la mise en commun des réserves, ce qui est le rôle qui était à l’origine dans l’esprit des fondateurs du FMI », a-t-il poursuivi.

 

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