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Le libéralisme économique contre la crise de l’étatisme

Une mondialisation vraiment libérale impliquerait un système monétaire international plus discipliné.

DES AUTOMATISMES INSTITUTIONNELS DEVRAIENT ÊTRE INTRODUITS POUR LIMITER LES DÉFICITS ET L’ENDETTEMENT DES ETATS.

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Considéré par certains libéraux tout au plus comme un «colbertiste déguisé», Edouard Balladur, sur le point de sortir un nouvel ouvrage en défense du libéralisme économique, revendique l’étiquette libérale et estime la mériter.

Invité hier à Genève par la Chambre France-Suisse pour le Commerce et l’Industrie, l’ancien premier ministre français n’hésite d’ailleurs pas à attribuer les difficultés économiques actuelles à une «crise de l’étatisme».

Les Etats portent une lourde responsabilité de par le «désordre monétaire complet» dont ils sont coupables, refusant les règles du jeu du libéralisme.

Cela a abouti à une génération excessive de crédits, qui a donné lieu à un esprit de facilité, à une conviction erronée que tout était possible.

L’autre grande faute des Etats est de prolonger les difficultés de par leurs réactions aggravant les déficits et l’endettement.

Edouard Balladur ne peut s’imaginer que de nouvelles hausses d’impôts, «déjà tellement élevés», soient possibles «sans casser encore plus la croissance».

Quel est alors le credo libéral de l’ancien ministre, qui n’eut que relativement peu de temps pour mettre en place une politique inspirée de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher?

Edouard Balladur, qui ne veut pas passer pour un «ultralibéral», l’appelle «libéralisme ordonné», en référence à l’ordolibéralisme développé notamment par Wilhelm Röpke et mis en oeuvre avec succès par Ludwig Erhard dans l’Allemagne de l’après-guerre.

Celui-ci se distingue par les règles que doit imposer l’Etat pour «organiser la liberté».

A l’image d’une autorité de la concurrence, qu’Edouard Balladur soutient en voulant confier au juge, plutôt qu’à une administration, le pouvoir d’apprécier «si l’on déroge ou pas à une saine concurrence». La politique de la concurrence était l’un des points forts du programme ordolibéral, cependant relativisé, voire réfuté plus tard comme une forme de réglementation inefficace dans une économie ouverte.

Mais l’ordre libéral qu’appelle de ses voeux Edouard Balladur est surtout un moyen de limiter les excès de l’Etat. C’est ainsi qu’il propose, pour ce qui est de la création monétaire, des automatismes qui contraindraient les banques centrales à plus de discipline: sans revenir à l’étalon-or, il faudrait «coordonner les politiques de contrôle de la masse monétaire».

Il en va de même en matière de politique budgétaire, où des freins institutionnels «qui ne permettent pas la mauvaise gestion» devraient intervenir pour limiter les déficits et l’endettement.

A l’heure où le gouvernement français invente une nouvelle idée de taxe presque tous les mois, il ne fait pas de doute que les français ne pourront que bénéficier de la sagesse publiée d’un ancien homme public qui associe le libéralisme d’abord à une attitude morale, à la conscience humaniste du respect de la liberté individuelle, qui s’applique tant à l’économie qu’à d’autres domaines.

PIERRE BESSARD agefi jan10

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