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Energie : Nicolas Rochon / Financière de Champlain « Tarifs de rachat dans le solaire : la nouvelle donne »

La France et l’Allemagne viennent successivement d’annoncer de nouveaux tarifs de rachat pour l’électricité d’origine solaire. Si l’impact boursier a été limité en France, les valeurs solaires allemandes, pour lesquelles les enjeux sont plus importants, ont subi des prises de bénéfices plus substantielles (Phoenix Solar, SolarWord, Q-Cells…). Nous pensons que ces deux annonces s’inscrivent dans des contextes différents mais sont cohérentes d’un point de vue économique et ne font que traduire les évolutions constatées dans le secteur sur les derniers mois…

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

France: l’un des tarifs les plus élevés au monde

Le 12 janvier, le ministère français de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer (MEEDDM) a publié un arrêté fixant les conditions d’achat de l’électricité d’origine solaire, biomasse et géothermie. Il introduit une différence de traitement importante entre les installations bénéficiant de la prime d’intégration sur un bâtiment d’habitation principale et les installations professionnelles :

– dans le premier cas, le tarif est maintenu à 58 centimes d’euros le KW/h soit l’un des plus élevés au monde

– les installations «intégrées au bâti» à usage professionnel voient leur tarif révisé à la baisse. La baisse la plus marquée (de 60 à 42 centimes d’euro le KW/h) concerne les bâtiments professionnels de moins de 2 ans (par exemple, les toitures de supermarchés…) afin de limiter la spéculation. Elle est plus modérée (50 centimes d’euro) pour les bâtiments industriels, commerciaux et agricoles de plus de 2 ans.

– pour les installations au sol (de 31,4 à 37,7 centimes d’euro le KW/h), la réglementation introduit une modulation en fonction de l’ensoleillement du site pour les installations d’une capacité supérieure à 250kWc

Le tarif applicable à la biomasse (installations entre 5 et 12 MW) est doublé.

Dans tous les cas, ces nouveaux tarifs offrent une visibilité sur les tarifs de rachat jusqu’en 2012 et s’ajoutent à l’augmentation massive du soutien aux énergies renouvelables en 2009 (500 millions d’euros contre 100 millions en 2008) et au million d’euros investi dans le cadre du fonds chaleur.

Vers une professionnalisation du secteur de l’énergie solaire

Nous pensons que ces tarifs vont dans le bon sens. En effet, les activités créatrices d’emplois (installations de panneaux solaires sur les habitations) ont été préservées. Selon le Syndicat des énergies renouvelables, 65 000 demandes ont été enregistrées en 2009 contre 15 000 un an plus tôt. Pour les autres, il convient de rappeler que près de 50% des panneaux solaires produits dans le monde sont fabriqués en Chine et que la France n’a pas réussi à s’imposer dans ce domaine malgré l’ampleur des subventions…

En outre, «l’effet de rente» a été corrigé. Il faut savoir que la France bénéficiait de tarifs 2 fois plus élevés que certains pays européens, ce qui a donné lieu à un développement anarchique de projets dans des zones géographiques parfois inadaptées (Nord…). En outre, il convient de rappeler que les coûts de production des panneaux solaires ont baissé de 20% en l’espace d’un an et devraient encore baisser en 2010. Il était donc économiquement cohérent que les tarifs de rachat diminuent !  L’objectif in fine est de garantir un taux de rendement interne des projets (TRI) compris entre 8% et 12%, ce qui reste le cas avec les nouveaux tarifs.

En conclusion, ces nouveaux tarifs ne vont pas conduire à la destruction du secteur mais à sa professionnalisation. Seul bémol, la révision à la baisse de l’indexation des tarifs sur l’inflation alors que le retour à des scénarios inflationnistes fait planer sur le secteur un risque certainement plus violent que les évolutions prévisibles (et logiques …) de tarifs !

Allemagne : des surcapacités de production

Très attendu sur ce sujet depuis les élections de septembre, le gouvernement allemand a annoncé, le jeudi 21 janvier, le montant des réductions de tarifs pour le secteur solaire. Elles s’élèvent à – 15% pour les installations en toiture (rooftop system) et les installations à ciel ouvert. Pour les installations agricoles, en revanche, la baisse de tarif est portée à – 25%. Les baisses annoncées sont en ligne avec les attentes mais bien supérieures aux revendications des professionnels (-5 à -10%). En 2011, ces tarifs pourraient être modulés de  plus ou moins 2,5% par rapport à la baisse programmée de 10%, en fonction de l’évolution de la capacité installée. L’objectif pivot est un accroissement des capacités installées de 3000 MW par an jusqu’en 2011, ce qui constitue une bonne nouvelle !

Le cas de l’Allemagne est plus préoccupant, bien que cette baisse soit cohérente également.

En effet, l’Allemagne représente à elle seule 45% à 50% de la demande mondiale… Les marges des producteurs de panneaux solaires européens (QCells..) sont déjà sous pression en raison de la guerre des prix menée par les chinois, ce qui a déjà occasionné des destructions d’emplois (importations de Chine…). Mais dans le même temps, les producteurs d’électricité alternative ont bénéficié de la baisse des prix, ce qui légitime la baisse de tarifs. A leur niveau actuel, ils permettent d’assurer un TRI (taux de rentabilité interne) de l’ordre de 9% pour les projets. En outre, en indexant l’évolution des tarifs à partir de 2011 sur l’augmentation de la capacité installée, cette nouvelle réglementation donne au secteur suffisamment de souplesse pour s’adapter.

Il convient de rappeler que les prévisions de capacité installée dans le solaire au niveau mondial ont été revues à la hausse : 8 à 9 GW en 2010 contre 7 GW initialement prévus L’Allemagne devrait représenter près de 30% du total ! La vraie question est peut-être davantage : quels seront les relais de croissance lorsque des pays déjà matures, comme l’Allemagne, auront épuisé leur potentiel ?… L’Italie, la Grèce et le Portugal semblent montrer la voie en Europe, sans oublier bien sur l’Inde,  la Chine et les Etats-Unis qui luttent pour le leadership…

fev10

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Energie : De l’essence fossile à l’essence solaire (cliquez sur le lien)

1 réponse »

  1. Le prix d’achat est de comme bien le tarif d’un KWH produit soit par centrale au charbon ou nucleaire?
    25 FOIS OU 35 FOIS le prix réel.
    Comme dissait Coluche n’en riez pas c’est vous qui le payez avec un majoration du prix EDF.
    Bravo les veaux comme disait Charles de Gaulle.
    lire christian Girondeau ” CO² une mythe planétaire”

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