Les Vertus du Capitalisme

Alan « le Maestro » Greenspan sur Adam « le magnifique »Smith

Il  m »apparaît frappant que nos idées sur l »efficacité de la concurrence soient demeurées les mêmes depuis le XVIIIe siècle, où elles émergèrent surtout de l »esprit d »un seul homme, Adam Smith…

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 Né en 1723 à Kirkcaldy, en Ecosse, Smith vécut dans une époque marquée par les idées et les événements de la Réforme. Pour la première fois dans l »histoire occidentale, des individus avaient commencé à se considérer comme capables d »agir indépendamment des contraintes du clergé et de l »Etat. Les notions modernes de liberté politique et économique commencèrent à se faire jour. L »ensemble de ces idées forma les prémices des Lumières, surtout en France, en Ecosse et en Angleterre. Soudain s »élabora la vision d »une société où les individus guidés par la raison étaient libres de choisir leur destinée. Ce que nous appelons aujourd »hui la suprématie de la loi, et spécifiquement la protection des droits des individus et de leurs propriétés, fut établi fermement, encourageant les gens à produire, à commercer et à innover. Les forces du marché commencèrent à entamer les coutumes rigides héritées des époques médiévale et féodale. (…)

Dans ce contexte complexe et déroutant, Adam Smith identifia un ensemble de principes qui clarifiaient l »apparent chaos économique. Il traça un schéma global du fonctionnement des économies de marché alors naissantes. Il offrit la première analyse complète des raisons pour lesquelles certains pays atteignaient des niveaux de vie élevés et d »autres pas. Son livre, La Richesse des nations, est l »un des chefs- d »oeuvre de l »histoire de la pensée. Dans cet ouvrage, il tenta de répondre à la question qui est sans doute la plus importante de la macroéconomie : «Qu »est-ce qui fait croître une économie ?» Il désigna correctement l »accumulation de capital, le libre commerce, un rôle précis, mais restreint, du pouvoir, et l »autorité de la loi comme les clés de la prospérité nationale. Mais le plus déterminant est qu »il fut le premier à exalter l »initiative personnelle : l »effort naturel de tout individu pour améliorer sa condition, quand il s »exerce librement et dans la sécurité, est un facteur si puissant qu »il peut, seul et sans aucune assistance, assurer à la société la richesse et la prospérité.

Smith conclut que, pour accroître la richesse d »une nation, tout homme devrait, en accord avec la loi, «veiller comme il l »entend à ses propres intérêts». La concurrence était un facteur-clé, parce qu »elle incitait chacun à être plus productif, souvent grâce à la spécialisation et à la division du travail. Et plus forte était la productivité, plus grande était la prospérité.

Cela inspira à Smith sa formule célèbre sur les gens qui rivalisent pour des bénéfices personnels et concourent au bien de tous, «comme guidés par une main invisible». La métaphore de la main invisible captiva l »imagination universelle, peut-être parce qu »elle semble conférer une bienveillance et une prescience divines au marché, alors que les mécanismes de celui-ci sont en fait aussi impersonnels que la sélection naturelle – que Darwin devait décrire plus d »un demi-siècle plus tard. Smith lui-même n »y prêta guère d »importance et ne la reprit que trois fois dans tous ses écrits. Il discerne toutefois le phénomène qu »il décrit à tous les niveaux de la société, des grands flux de biens et services entre les nations aux transactions entre voisins : «Ce n »est pas de la bienveillance du boucher, du brasseur ou du boulanger que nous attendons notre souper, mais de leur souci de leur propre intérêt. »(…)

Smith soutint que travailler plus intelligemment, et pas seulement plus durement, ouvrait la voie à la richesse. Dans les premiers paragraphes de La Richesse des nations, il soulignait le rôle crucial de l »expansion de la productivité du travail. Un facteur déterminant du niveau de vie d »une nation, écrivit-il, était «l »adresse, la dextérité et le bon sens avec lesquels le travail était réalisé». C »était là un flagrant déni des précédentes théories, telles que le mercantilisme, pour lequel la richesse d »une nation se mesurait en réserves d »or, ou le précepte des physiocrates, selon lequel la valeur vient de la terre. «Quoi qu »il en soit du sol, du climat ou de l »étendue du territoire de n »importe quelle nation, écrivait Smith, l »abondance ou la rareté de son approvisionnement annuel doivent (…) dépendre des (…) capacités productives du travail.» Deux siècles supplémentaires de pensée économique n »ont que peu ajouté à ce constat.

Source : Alan Greenspan le Temps des Turbulences  2007

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE :  Bruno Colmant : Adam Smith et les mains hasardeuses du temps (cliquez sur le lien)

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