Asie hors émergents

Marché obligataire : Périls sur quatre fronts pour l’investisseur en taux fixe

 Se prémunir des risques liés au crédit. Aux taux. Aux monnaies. Et éviter la dette étatique…

Lorsque tôt ou tard, les marchés obligataires estimeront que le fragile équilibre sur lequel repose actuellement l’emprunt des gouvernements en regard de leur déficit (sans précédent en temps de paix), le verdict risque d’être sans appel.

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En fait, dans un sens, ils s’expriment déjà mais sotto voce, en laissant par exemple des emprunteurs du secteur privé se financer à des écarts inférieurs à ceux de certains gouvernements.

Il est facile d’ignorer de tels signes lorsque des obligations de crédit inférieur se vendent à des niveaux surfaits, quand bien même leur rythme d’émission s’est ralenti.

Nous avons souvent fait allusion à la concurrence que se livrent gouvernements et secteur privé dans la course au financement. Aujourd’hui en occident, pratiquement tous les gouvernements creusent leur déficit, repoussant aux calendes grecques (n’y voyez rien de subliminal) le rééquilibrage de leur budget. Tant que les taux restent historiquement bas (1 à 2%, voire en dessous de 4% à 10 ans), la pérennité de cette méthode ne nécessite pas d’ajustement urgent. Cependant, les investisseurs compulsant et comparant les chiffres économiques, pourraient se mettre à exiger plus en regard du risque croissant.

Le Japon risque fort d’illustrer ce qu’on peut escompter d’un système éphémère et sans issue. L’endettement nippon est l’un des plus importants au monde, à plus de 200% de son PIB. Déjà un tiers de ses revenus fiscaux sont engloutis par le financement et l’amortissement de l’usure. Or celle-ci ne coûte guère plus de 1% au gouvernement grâce à l’épargnant japonais. Cependant, cette population vieillissante, au nombre croissant de retraités, se voit forcée de puiser dans ses économies. Lorsque le taux d’épargne deviendra négatif, la question se posera de savoir qui pourra bien acheter les obligations gouvernementales japonaises, et il est peu probable que des taux d’intérêt aussi bas suscitent grand enthousiasme sur les marchés internationaux.

L’heure viendra donc où le coût de la dette gommera une telle proportion des revenus fiscaux que la situation deviendra intenable. Où donc cette situation peut-elle bien les mener? Certes, le pays et son industrie survivront, mais ce qui est certain, c’est que la leçon risque d’être brutale et servira d’exemple pour d’autres pays lourdement endettés.

NDLR  Sur la dette japonaise lire : Commentaire : De la déflation à la Trappe à dettes l’Empire du Japon se veut désormais plutôt bonsaï que banzaï (cliquez sur le lien)

Trappe a dette façon sushi : le Japon se fait harakiri et se faisant joue les kamikazes sur les Marchés financiers (cliquez sur le lien)

Il est vrai que la Grèce, autre état croulant sous le poids de sa dette, fait actuellement les gros titres, mais les pays forts de la zone euro ne devraient avoir aucun mal à secourir une économie de cette taille. Il est clair que l’orgueil européen ne va pas s’encombrer des gesticulations du FMI. C’est un problème  domestique qui devra se résoudre au sein de la famille. Il sera intéressant de voir comment sera éludé l’aléa moral; à l’instar des banques qui ont tendance à prendre davantage de risques lorsqu’elles se savent soutenues, certains gouvernements du Vieux Continent sembleraient vouloir les imiter.

La débâcle grecque pèse sur l’euro et ce n’est peut-être pas si négatif pour sa compétitivité internationale. Mais un renforcement du dollar est-il forcément le pendant de cette faiblesse? Dans une certaine mesure, oui.

Les investisseurs en taux fixe ne devraient plus réfléchir en termes de monnaies principales (euro et dollar). Maintenant plus que jamais, diversifier est un facteur de rentabilité déterminant. Le franc est évidemment une valeur refuge, mais son rendement est bien inférieur à ce que beaucoup d’investisseurs cherchent. Aussi, nous voyons clairement se dessiner une opportunité croissante pour les monnaies liées aux matières premières ou des marchés émergents.

Il nous semble donc qu’avec son poids et ses exigences, le marché obtiendra des taux adaptés aux risques encourus et forcera les gouvernements à prendre leur rééquilibrage fiscal très au sérieux.

En résumé, plus que jamais, les investisseurs en taux fixe doivent se prémunir des risques sur quatre fronts:

_ le risque lié au crédit: le rendement des obligations de qualité moyenne est inadéquat

_à l’exception de l’Allemagne et de quelques autres, les dettes gouvernementales ne sont plus des valeurs sûres – mieux vaut se tourner vers les entreprises de qualité

_ le risque lié aux taux d’intérêt: la forte probabilité de hausse des taux suggère que les investisseurs s’en tiennent aux échéances courtes jusqu’à l’amélioration des rendements gouvernementaux à long terme

_le risque lié aux monnaies: le dollar comme l’euro ont tous deux leurs problèmes. Diversifiez!

ROY DAMARYbridport Investor Services fev10

2 réponses »

  1. Les particuliers peuvent ils acheter directement (i.e. sans passer par un fond ou une assurance vie) de la dette d’états ?

    • Bonjour, non pas possible cela est réservé entre autre choses aux institutionnels, assureurs et autres banques dont on pourrit les bilans avec de la dette frelatée et que l’on acccuse ensuite de pas vouloir préter aux pme à risques du coin !!!

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