Changes et Devises

Jean Pierre Petit : A quoi donc peut encore servir l’euro?

«La crise grecque ou  l’échec de la zone euro»

Comment sortir la Grèce d’un si profond marasme économique?

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

a) Quitter la zone euro?

Face à des avantages hypothétiques et lointains (gains de compétitivité- prix), la hausse violente des taux d’intérêt sur la dette publique que la Grèce subirait rendrait encore beaucoup plus probable (pour ne pas dire certain) le défaut de celle-ci. Pour éviter une fuite massive de capitaux (les résidents souhaitant préserver la valeur de leur capital en euros) menant à une probable crise de liquidité bancaire, ce pays devrait alors se refermer (contrôle des changes). La question même du maintien dans l’Union Européenne pourrait être posée avec la perte correspondante des transferts budgétaires structurels.

b) Rester dans la zone euro tout en faisant défaut?

Le problème d’une telle solution est qu’elle pousserait les marchés à «tester» la soutenabilité budgétaire d’autres pays en difficulté (Portugal, Irlande, Espagne, Italie, …), tout ne réduisant pas pour autant le coût de la répudiation de la dette par la Grèce.

c) Mutualiser la crise au sein de la zone euro?

Les crises financières, quelles que soient leur importance, obéissent à quelques lois simples et immuables;

lorsqu’une solution unilatérale (de la part d’un grand débiteur) n’est plus envisageable, il vaut mieux procéder à une mutualisation de la crise, c’est-à-dire l’intervention d’autres acteurs plus gros et/ou plus crédibles. Le poids de la dette publique grecque (4% de l’encours du total de la zone euro) permet d’envisager un tel processus. La contagion à l’Espagne(8% de la dette publique totale de la zone) serait déjà plus problématique.

Trois types de mutualisation sont envisageables

_ Mutualisation par la BCE (monétisation de la dette publique grecque, portugaise, …) via un assouplissement des règles d’admission des titres concernés à son refinancement; cela paraît exclu par la BCE elle-même.

_Mutualisation via le FMI. C’est politiquement exclu par les instances européennes qui apparaîtraient ainsi «incapables» de gérer un problème européen. C’est sans doute regrettable car cela aurait été plus facile à gérer pour l’Europe vis-à-vis de l’opinion grecque, mais aussi allemande. Le Président Clinton avait ainsi pu réaliser l’intérêt de recourir au FMI plutôt qu’au contribuable américain pour assurer un plan de sauvetage du Mexique en 1994.

_ Mutualisation via les instances européennes;

outre les procédures d’assistance financière de l’Union Européenne, on peut imaginer plusieurs solutions; garantie de la dette grecque par l’Allemagne et la France; émissions conjointes par plusieurs pays; mise en commun de plusieurs recettes fiscales; prêt de la BEI, … Le problème est ici triple;

 a) l’opposition éventuelle de l’opinion des pays du coeur de l’Europe;

b) la conditionnalité de l’aide;

c) la diffusion éventuelle du risque sur les meilleures signatures

En 1992, ce qui avait permis le maintien du franc français dans le SME était précisément la solidarité manifestée par l’Allemagne vis-à-vis de la France (interventions de la Deutsche Bundesbank sur le marché des changes). C’est probablement cette forte solidarité franco-allemande qui permet à la dette française de rester à l’écart des turbulences actuelles.

Les instances européennes devront probablement être plus précises en termes de solidarité financière visà- vis des pays «attaqués» d’Europe du Sud, même si elles ne doivent pas ignorer les risques sous-jacents d’une telle orientation: problèmes d’aléa moral, opposition de l’opinion publique allemande, possible diffusion de la prime de risque sur les taux d’intérêt à l’ensemble des pays de la zone si les plans d’aide se multipliaient.

JEAN-PIERRE PETIT Stratégiste et économiste   de marché. fev10

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4 réponses »

  1. je ne crois pas une seconde à la sortie de l’€ par la Grèce. Le retour du dirham aurait pour effet une très violente dévaluation.
    Une partie très importante de la dette des ménages figure, comme partout, dans l’immobilier. Si leur hypothèque libellée en € était convertie en dirham, les institutions de prêts perdraient des sommes colossales au fure et à mesure de la dévaluation. Ce serait la faillite bancaire assurée. Si la dette restait en €, le montant des remboursements hypothécaires, gonflerait monstrueusement mettant à la rue tout le monde, propritaires comme locataires qui verraient eux aussi une explosion de leur loyer; la faillite serait engagée également mais par un autre chemin.

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