Europe

Trappe à Dettes : L’Espagne rattrapée par les excès de la bulle immobilière

 Deux ans après les autres, le gouvernement espagnol devra-t-il se porter au chevet des banques, sorties indemnes de la crise des subprimes mais plombées aujourd’hui par la dette du secteur immobilier ?

Celle-ci s’élèverait à 325 milliards d’euros. Et les « mauvais crédits » des promoteurs et constructeurs sont estimés à 70 milliards d’euros, soit un taux d’impayés record de 21,5 %.

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« Le système ne peut pas assumer la dette immobilière », affirme Santos Gonzalez, président de l’Asociacion hypotecaria espanola (AHE), un organisme contrôlé par les banques et les caisses d’épargne. D’ailleurs, la diminution des bénéfices des banques en 2009 s’explique en grande partie par l’augmentation des provisions pour faire face aux impayés, notamment ceux des promoteurs immobiliers.

Les plus gros groupes immobiliers – Metrovesca, Colonial, Reyal Urbis – sont en train de renégocier leurs colossales dettes, mais beaucoup de banquiers craignent que certains promoteurs ne résistent pas à une troisième année de crise du marché immobilier. Depuis 2008, les grandes banques ont déjà accordé des bouffées d’oxygène à leurs débiteurs en reprenant des programmes immobiliers ou des installations solaires pour plus de 12 milliards d’euros. Elles sont pénalisées par ce stock, qu’elles vendent au compte-gouttes et qui se déprécie.

Au-delà de l’immobilier, le secteur bancaire s’attend à voir le taux global d’impayés doubler d’ici au mois de juin, passant de 5 % à plus de 9 %. A cause de la crise, mais aussi, reconnaissait récemment l’ancien président de BBVA, Emilio Ybarra y Churruca, « à cause de clairs excès dans l’offre de crédits et d’insuffisances dans la prudence la plus élémentaire ». Les grands groupes, tels Santander, BBVA, Banco Popular ou La Caixa, ne devraient pas connaître de difficultés, mais pour de nombreux experts, comme Inigo Vega, de Iberian Equities, « il est inévitable » que certaines entités enregistrent des pertes en 2010.

Crise à retardement

Le secteur des caisses d’épargne, qui représente environ la moitié du système financier espagnol, est le plus vulnérable. A elles seules, ces petites institutions ont accordé 166 milliards d’euros de prêts aux promoteurs immobiliers, contre 134 milliards pour les banques traditionnelles et 24 milliards pour les coopératives. Fin mars 2009, le gouvernement et la Banque d’Espagne avaient évité la faillite de la Caja Castilla-La Mancha (CCM), en garantissant ses activités à hauteur de 9 milliards d’euros.

Cet incident a relancé le projet d’une restructuration du secteur. Pour l’instant, 23 caisses sur 45 sont impliquées dans un processus de fusion. Il s’agit des plus petites, représentant 30 % des actifs de l’ensemble, et les négociations traînent en raison des enjeux politiques locaux. Mais si les caisses veulent bénéficier des aides du Plan de restructuration bancaire, dont Bruxelles vient d’approuver les modalités, les entités financières espagnoles devront avoir bouclé leurs opérations de fusion-restructuration au plus tard en juin.

Cette échéance avait été fixée par Bruxelles, qui estimait inutile de prolonger le régime spécial d’aides au secteur financier, la crise étant finie. Pour le système bancaire espagnol et sa crise à retardement, elle pourrait être repoussée de six mois, sous conditions.

Jean-Jacques Bozonnet LE MONDE | 15.02.10

EN COMPLEMENT : Trappes à Dettes : Viva Espagna !!! Bienvenue dans le Cirque de Zavaterro …. (cliquez sur le lien)

10 réponses »

  1. Encore 2 ou 3 jours et c’est la France qui sera touchée. Nos amis les traders auront très à coeur de foutre le bazar chez le grand pourfendeur de la finance irresponsable. Pourtant on peut aussi légitimement se demander s’il est bien raisonnable de vivre à crédit en permanence, comme nous le faisons régulièrement en France en ne respectant pas les critères de Maastricht. Vivre au dessus de ses moyens n’est pas la solution. Bidouiller les comptes de la nation non plus. La minute de vérité arrive. Attention ça va secouer.

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