Europe

Goldman Sachs : Cible et bouc émissaire facile des Gouvernements Populistes Européens

Goldman Sachs a beau être une entreprise que l’on aime avant tout détester, elle n’en figure pas moins au palmarès des 100 meilleurs employeurs, publiés dans le numéro de février de la prestigieuse revue Forbes.

Mais l’agence Bloomberg a récemment mis Goldman Sachs dans l’eau chaude en affirmant que la banque avait mis en place un swap de devises qui aurait permis à la Grèce de cacher l’étendue de ses dettes. Goldman Sachs aurait piloté un placement d’obligations qui aurait rapporté près de 15 G$ à la Grèce.

La question devient alors : qui est le plus grand des voleurs , celui qui qui commet la cambriole sur le dos de ses concitoyens tout en faisant semble de ne pas y toucher ou celui qui commet le recel en toute légalité et à la demande expresse de ses partenaires particuliers….

PLUS DE SWAP EN SUIVANT :

La Grèce et l’art du «swap»

La Grèce du début des années 2000 a recouru aux swaps sur les conseils de Goldman Sachs, pour afficher des comptes publics temporairement plus flatteurs lors de la période cruciale de leur entrée dans la zone euro.

 Les swaps sont ces millions de contrats d’échange signés entre institutions afin de se protéger contre les fluctuations de taux, de bourse, du pétrole… Les Etats les utilisent pour limiter la charge de leurs emprunts. Ceux signés par Athènes il y a dix ans visaient surtout à rendre ses comptes publics plus flatteurs.

Depuis les années 1980, les agences de gestion de la dette publique utilisent, discrètement, des dizaines de contrats swaps différents pour tenter de réduire le coût des emprunts de l’Etat pour les contribuables. Ces produits financiers sont en réalité un échange conclu avec une banque:  les plus simples permettent de troquer pendant six mois un emprunt à taux fixe contre un à taux variable. Ou d’échanger un emprunt en euros, contre un en yens. Afin d’espérer profiter d’une fluctuation des taux d’intérêt – ou des devises – avantageuse.

Une tout autre motivation a conduit la Grèce du début des années 2000 – comme l’Italie du milieu des années 1990 – à recourir aux swaps, sur les conseils de Goldman Sachs: afficher des comptes publics temporairement plus flatteurs lors de la période cruciale de leur entrée dans la zone euro. En 2001, Athènes lance ainsi un emprunt obligataire atteignant l’équivalent de 10 milliards de dollars et libellé en yens et en dollars. Puis l’échange afin d’obtenir un emprunt en euros.

L’affaire devient litigieuse, car dans ce contrat, la banque «offre» à Athènes un taux de change plus favorable que celui en vigueur: le tour de passe-passe permet au pays d’obtenir près d’un milliard d’euros supplémentaires. Pour le même emprunt initial. Rien n’est gratuit. Athènes remboursera la banque, plus tard. En attendant, cette somme échappe aux «auditeurs» européens d’Eurostat, qui calculent tout en se basant sur le taux de change du jour. Mieux encore, ce «bonus» temporaire ne fait pas partie de l’emprunt initial et peut donc être considéré comme une «plus-value de change» tombée du ciel. Avantageusement utilisée pour réduire le déficit public sans (apparemment) accroître la dette nationale, Bruxelles applaudit. Bien sûr, tout cela se paie, majoré des commissions des banquiers. Mais des années plus tard. Par un autre gouvernement

Le scandale qui fragilise Goldman Sachs

L’affaire des montages financiers – à base d’instruments complexes appelés «swaps» –, mis sur pied par Goldman Sachs pour permettre au gouvernement grec de présenter une image plus flatteuse de ses comptes publics en 2001, prend de l’ampleur. Et pourrait potentiellement menacer les activités que la banque américaine entretient avec les agences gérant de la dette publique des pays européens. C’est ce qu’insinue une rumeur courant au sein de la communauté financière ces derniers jours: la colère des responsables politiques face à cette possible complicité dans le «maquillage» des comptes grecs pourrait les conduire à écarter, temporairement, Goldman Sachs du marché de leur dette publique.

Citi et l’opération «Dr Evil»

Il y a des précédents. Il y a six ans, les opérations commandos de «traders» londoniens de Citigroup avaient conduit certains Trésors européens – comme Berlin – à ne plus travailler avec la banque américaine. La FSA britannique l’avait condamnée à une amende de 20 millions d’euros. Citigroup était accusée d’avoir manipulé le marché électronique des emprunts d’Etat européens, le MTS. Le 2 août 2004, son opération spéculative «Dr Evil» l’avait conduite à passer un énorme ordre de vente – 11 milliards d’euros en 18 secondes – afin de semer la panique, provoquer un plongeon des titres… pour mieux les racheter ensuite et empocher une plus-value de 15 millions d’euros.

L’affaire grecque est différente. Mais «il est bien possible qu’un sort similaire attende Goldman», estime le responsable de l’activité sur les emprunts d’Etat d’une des principales banques britanniques. Comme les autres financiers s’exprimant sur ce sujet sensible touchant un puissant concurrent, celui-ci requiert l’anonymat.

Contactée, Goldman Sachs se refuse à tout commentaire. De leur côté, les autorités grecques rappellent – à raison – que les opérations menées sous la houlette de Goldman n’enfreignaient en rien les règles européennes de l’époque.

«La BCE ne pourra jamais mettre Goldman au ban»

Si les textes ont été appliqués à la lettre, leur esprit pourrait avoir été enfreint. La chancelière Angela Mer­kel a prévenu jeudi «qu’il y aura un scandale s’il s’avère que les banques qui nous ont conduits au bord de l’abîme ont aidé le maquillage des statistiques». Vendredi, le Ministère grec des finances a indiqué à l’AFP qu’il était sur le point d’envoyer une lettre à Bruxelles répondant aux soupçons de maquillage de ses dettes.

Certains banquiers doutent de la volonté réelle de punir Goldman Sachs. «Les pays européens ont beaucoup d’emprunt à placer sur les marchés, ils ne pourront se passer de la force de vente de Goldman», estime le directeur des opérations obligataires d’une banque française. Athènes devrait proposer dès la semaine prochaine un emprunt à 10 ans, une opération cruciale. Coïncidence piquante, le responsable de la gestion de la dette grecque vient d’être remplacé par… un ancien banquier de Goldman Sachs. «Le soufflé sur cette affaire va retomber car c’est aussi un camouflet pour Eurostat [l’agence européenne «auditant» les chiffres grecs]», poursuit-il.

«Cela ne m’étonnerait pas que certains Trésors européens confient moins de mandats à Goldman; mais la Banque centrale, elle, ne pourra jamais la mettre au ban», assure l’ex-responsable des produits obligataires d’une autre banque parisienne. Pour une raison simple. L’influente banque de Wall Street a été admise au sein du Groupe de contact sur les marchés monétaires de la BCE, club restreint de grandes banques conseillant l’institution sur les marchés. 

Les produits dérivés ne doivent pas devenir des boucs émissaires

Chaque fois qu’une crise éclate, on ressent le besoin de désigner un coupable. A l’heure où la zone euro est sous tension, tous les regards sont braqués sur les credit default swaps (CDS) bâtis sur de la dette d’Etat, les « CDS souverains ». Sur les marchés, certains craignent que les instances de régulation n’en viennent à proscrire ces contrats négociables qui ont pour objet d’assurer contre le risque de défaut de remboursement d’un pays.

La flambée du coût de ces couvertures, imputable au manque de maturité du marché, est susceptible de pousser à la hausse le taux de rémunération des obligations d’Etat, pour finalement enclencher un cercle vicieux. Dans ce contexte, on redoute que le jeu des spéculateurs qui s’appuient sur des CDS n’aggrave malheureusement très vite les difficultés financières des Etats.

Il serait néanmoins bien difficile de justifier l’interdiction totale des CDS souverains, sans parler de l’ensemble des instruments dérivés. Les CDS souverains ont leur utilité, car ils permettent aux banques et à d’autres acteurs de couvrir les risques auxquels ils sont exposés en étant engagés sur certains pays. En fait, il n’existe aucune preuve irréfutable de leur impact sur les problèmes financiers des Etats. En revanche, s’il est avéré que la vente à découvert est moins dangereuse sur les CDS souverains que sur les actions, il n’en reste pas moins que les courtiers peuvent y laisser leur chemise.

Les effets secondaires d’une proscription totale, en admettant qu’elle puisse présenter un quelconque intérêt, seraient proprement catastrophiques.

Les banques devraient trouver d’autres moyens pour s’assurer contre le risque inhérent à chaque pays, en prenant des positions courtes sur la dette nationale ou sur un indice boursier pertinent. Certains investisseurs acheteurs de dette publique se retireraient probablement du marché, tels les amateurs de position de base négative, qui achètent des obligations d’Etat tout en vendant à découvert les CDS qui y sont associés, pour empocher la différence.

Plus de transparence

L’idée d’un compromis est en train de faire son chemin. Il s’agirait de réserver les CDS souverains à ceux qui détiennent déjà des titres de dette de ces Etats, et qui ne pourraient donc pas être soupçonnés de spéculer.

Mais comment établir clairement la distinction entre ceux qui en font un usage légitime et les autres ? N’oublions pas que l’existence de spéculateurs contribue à l’émergence d’un prix juste lorsque le mécanisme de marché ne fonctionne pas parfaitement.

Il serait préférable d’oeuvrer pour plus de transparence. La publication d’informations quotidiennes sur les volumes échangés – on ne dispose actuellement que de données hebdomadaires – donnerait aux tiers un meilleur éclairage sur l’état réel du marché.

En exigeant que les contrats passent par des chambres de compensation, on rassurerait tout le monde sur la fiabilité des parties.

Bref, opter pour des mesures extrêmes, ce serait prendre le risque d’un retour de boomerang des plus dévastateurs

source le temps et le monde fev10

EN COMPLEMENTS INDISPENSABLES :

Dette Souveraine : la perception du risque pays européen et états-unien par le marché des cds (cliquez sur le lien)

Formation Financière : Comprendre les CDS (cliquez sur le lien)

 

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