Behaviorisme et Finance Comportementale

Finances Comportementales : absence de diversification internationale, c’est à cause du neurone « Harry Berry »

Pourquoi les investisseurs choisissent la Bourse plutôt que leur région et leur pays pour y investir? C’est à cause du neurone “Harry Berry” 

La diversification internationale est recommandée, comme source de réduction des risques. Pourtant la majorité des investisseurs individuels, courtiers et gestionnaires de fonds préfèrent investir dans les entreprises qu’ils connaissent près de chez eux. Comment la finance comportementale explique-elle ce comportement qui peut coûter de 2% à 5% par an à l’investisseur?

PLUS DE NEURONES EN SUIVANT :

Si vous êtes investisseur de longue date, rappelez-vous comment a été composé votre portefeuille boursier, que vous soyez autonome ou conseiller pour un courtier. Il est probable qu’un pourcentage majoritaire de votre portefeuille ait été investi dans des entreprises bien connues d’ici (Canada) : par exemple des actions de la banque nationale, la Laurentienne, Bell canada, Nortel, Alimentation Couche-Tard et bien d’autres. 

En France, même si la bourse de Paris ne représente que 4% en valeur du total des actions mondiales, les fonds communs de placement investissent 55% de leur avoir dans des actions françaises. Il en est de même en Grèce, la où les actions représentent moins de 1% du marché mondiale, 93% des investissements sont des valeurs maisons (1). L’économie française s’est relativement bien comportée en 2008 et 2009. Ce n’est pas le cas pour la Grèce qui est en menace de faillite.  

Quand on sonde les investisseurs ils anticipent que la bourse canadienne fera mieux que les autres marchés. Comme le Canada a connu depuis 5 ans la meilleure croissance économique du G7 et la meilleure performance boursière, les canadiens ayant eu une meilleure expérience avec les actions canadiennes qu’américaines ou internationales et des gains sur la devise ont  raison d’être plus optimistes concernant les actions canadiennes. 

Neurone coupable : il peut  vous coûter  de 2% à 5% de rendement annuel 

La troisième raison de cet excès d’optimiste  qui pourrait devenir exagéré s’explique par le” neurone appelé “Harry Berry” situé à un peu plus de 2cm de distance des oreilles” (1). Comme le passé n’est pas garant de l’avenir, qu’arriverait- il si l’économie canadienne prospère moins que les autres pays semblables et qu’en contrepartie notre Bourse performerait moins bien que les autres comme ce fut le cas durant les années 90?  Encore une fois il est fort probable que le neurone « Halle Berry » vous pousse à surinvestir dans les entreprises d’ici avec lesquelles vous êtes familier, tout comme l’ont fait les Grecs. Ce neurone pousse votre inconscient à acheter ce qui vous est familier. La décision d’investissement rationnelle est repoussée et votre inconscient vous guide vers l’achat.

“Des scanners cérébraux réalisés ont montré que lorsque les investisseurs envisagent de placer leur argent dans des marchés étrangers, c’est l’amygdale-un des centres cérébraux de la peur qui entre en actions. Ces résultats suggèrent que conserver votre argent en un lieu proche de chez vous génère automatiquement un sentiment de confort et qu’investir dans des actions non familières est part nature effrayant” (1) 

Ces investisseurs ont l’illusion qu’investir dans les entreprises qu’ils connaissent et qui sont dans leur territoire présente moins de risques que d’investir dans les entreprises étrangères. Dites-vous que l’investisseur américain pense la même façon pour les entreprises d’ici, il préfère investir dans les sociétés de pharmacie locales que dans Jean Coutu du Québec. Pourtant, ce qui compte c’est la qualité et la valeur de l’entreprise et non seulement la familiarité. Vous êtes possiblement plus enclin d’acheter des titres d’Apple plutôt que des dizaines d’entreprises de technologie très rentables mais méconnues de vous. Vous êtes donc enclin à acheter des titres un peu trop populaires et vous êtes prêts à payer plus cher pour acheter la valeur d’une marque élevée. Malheureusement, il est fort probable que vous réaliseriez moins de bénéfices à long terme en investissant ainsi. Investir dans des entreprises trop médiatisées rapporterait moins à long terme que les entreprises moins connues ou délaissées. Un des meilleurs gestionnaires américains de l’histoire, Peter Lynch, ne choisissait pas des entreprises non familières des investisseurs dans son processus de sélection. Selon une étude israélienne” les actions dont le volume de transactions est le plus élevé ont une plus forte rentabilité sur le court terme, mais à longue échéance, elles tendant à sous-performer à raison de 2 à 5% par an. (1) 

Les plus belles entreprises adéquatement médiatisées rapportent moins aux détenteurs de leurs actions que les autres 

Il est fréquent, dans l’histoire du marché boursier, de constater qu’au moment où une entreprise devient très populaire elle connait une bulle spéculative et  les cours de l’actions grimpe plus rapidement que ne le justifie la valeur fondamentale du titre.

Cet excès de familiarité “ le neurone Harry Berry” pousse un investisseur après l’autre à accorder un excès de confiance à l’entreprise. Certains, parmi vous, ont eu cet excès de confiance envers Nortel ou Bombardier. Vous étiez très familiers avec ces titres. 

Quel comportement adopter pour mieux investir? 

L’ablation du neurone « Harry Berry » ne sera jamais la solution. Le plus important c’est d’être conscient de cet effet de familiarité naturelle qui nous sécurise. D’autres études ont démontré que les investisseurs locaux ont réalisé aussi des meilleurs résultats avec l’achat d’entreprises locales car ils les analysaient plus en profondeur, les détenaient plus longtemps avec patience que les titres étrangers. Toutefois l’excès d’optimisme pour ces titres ne les incitait pas à vendre quand le risque était élevé. Le manque de diversification du portefeuille global a joué de mauvais tours. Une des solutions : chaque fois que vous êtes en processus de décision pour l’achat de titres, dites-vous que ce n’est pas parce que l’entreprise vous est familière qu’il s’agit du meilleur investissement.

Selon l’étude israélienne citée précédemment, le critère de volume est un bon indicateur de rendement. Nous avons constaté ce phénomène. Quand le volume d’une entreprise s’accroit rapidement avec les années, le rendement à long terme tend à être moins bon et surtout plus volatile. Ce phénomène explique en partie pourquoi la gestion de type valeur offre un meilleur rendement à long terme que la gestion de type croissance. 

(1) Gagner en Bourse grâce à la Neuroéconomie Chapitre V  par Jason Zweig 

William André Nadeau Gestionnaire canadien de portefeuille fev10

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