Plusieurs arguments plaident pour que 2010 soit difficile au plan boursier. Un parallèle est notamment possible avec 1990.
La brutale baisse des marchés actions, d’environ 9% entre le 18 janvier et le 5 février pour le S & P 500, a rapidement réactivé les réminiscences de 2008 en cristallisant début février un sentiment baissier pour 2010. En effet le «baromètre de janvier» a clôturé en baisse cette année. Or, les 23 janviers baissiers recensés depuis 1950 furent suivis par un nouveau marché baissier, une extension de marché baissier, une correction de 10% au moins ou, quatrième possibilité, une année sans profit.
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Excluant 1956, les années de janviers baissiers ont subi des baisses d’environ 14,1% en moyenne offrant une excellente opportunité d’achat au cours des onze mois suivants. De surcroît aux Etats-Unis, les années en zéro, comme 2010, ont eu les pires performances boursières de leur décennie, soit une perte moyenne de 7,2% depuis 1881.
Finalement, 2010 est aussi une année d’élection de mi-mandat (mid-term) aux Etats-Unis. De telles années ont la deuxième pire performance du cycle présidentiel de quatre ans. Cette accumulation d’indices baissiers semble mettre tout le monde sur la piste de l’ours et notre idée de comparer 2010 à 2004 est maintenant peut-être un peu trop populaire. Point d’ego contrariant mal placé, il est si doux d’avoir pour amies la tendance et la foule!
Au-dessus du graphique récent du S&P 500, se trouve le Tigre, soit le ratio de la performance relative d’un ETF sur l’indice MSCI des pays émergents (ticker: EEM) vis-à-vis du S&P 500. Or, après avoir dépassé en 2009 son précédent sommet de 2008 (vers 200%), cette ligne baisse à nouveau vers ce niveau en 2010. Est-ce juste une toux passagère du Tigre, qui lui permettrait de mieux rebondir? Bon nombre d’intervenants de marché ont peur que cette toux ne soit le vilain symptôme d’une méchante grippe à venir. Alors comment gérer cette situation, à défaut de disposer d’un vaccin?
Les analystes de marchés aimant les tendances, ont mis au point un tocsin se basant sur le croisement de deux moyennes mobiles. Tout investisseur connaît la moyenne mobile simple des 50 et 200 derniers jours. Pour ne s’en soucier qu’une fois par semaine, regardons les moyennes mobiles exponentielles de 11 et 29 semaines superposées sur le cours de clôture du S&P 500. La moyenne mobile exponentielle donne plus de poids aux prix les plus récents, comme si l’information récente était plus précieuse. Vaste débat, car la moyenne mobile simple, donnant un poids égal à tous les jours, a bien d’autres mérites. Ce tocsin hélas, ne permet pas d’éviter les krachs comme celui de 1987, car le croisement des moyennes a eu lieu après le 19 octobre 1987! Pour parer à cette faiblesse méthodologique, un premier «état d’alerte» se définit, lorsque les prix baissent en dessous de la moyenne mobile longue de 29 semaines. Le tocsin ne sonne que lorsqu’il y a croisement de la moyenne courte de 11 semaines en dessous de la moyenne longue de 29 semaines.
Point de hasard, arrêtons-nous sur une autre année en zéro. Entre janvier et mai 1990, les prix ont oscillé autour des deux moyennes, qui se sont retrouvées à l’horizontale, pour repartir à la hausse, juste avant de sonner brutalement le tocsin en été 1990! Il faut aussi savoir suivre ou vendre la méthode! Année présente dans tous les esprits, en 2004, les prix ont oscillé autour de la moyenne de 11 semaines de mars à octobre, alors que la moyenne de 28 semaines ne s’est que légèrement aplatie avant de repartir à la hausse dès septembre. Est-ce vraiment le bon modèle pour 2010?
Par contre le tocsin fut à l’heure au début 2008 et permis d’éviter la pire baisse depuis 1929! En janvier 2010, la baisse du S&P 500 est restée au-dessus de la moyenne de 29 semaines, qui s’est aplatie au niveau de 1065 points. Assurément, il y a «Etat d’alerte»: les prix ont baissé en janvier sous la moyenne courte de 11 semaines, qui elle-même décline vers la moyenne longue de 29 semaines.
Mais le tocsin ne sonnera que si l’Ours fait baisser le S&P 500 au-dessous de 1065, entraînant dans sa glissade la moyenne courte à croiser la longue. A contrario, un feu vert ne s’activera à nouveau que si les prix en clôture hebdomadaire passent au-dessus de la moyenne courte. Il serait prudent d’attendre de la voir rebondir bien au-dessus de la moyenne longue de 29 semaines. Ainsi seulement, 2010, année du Tigre selon le calendrier chinois, saura tirer son épingle du jeu du pseudo-déterminisme statistique des marchés financiers. Et éviter l’infamant qualificatif d’année de l’Ours!
Bruno Estier Strategic Technicals. Analyse indépendante.
BILLET PRECEDENT : Analyse technique : Le passé miroir du présent: 2004 en 2010? (cliquez sur le lien)
les fonds mutuels US, mes “flux de fonds”, semblent plus tigres qu’ours en ce début d’année.
Les fonds sont revenus sur les actions avec +16.3 Md$ en janvier :
+6.2 Md$ sur les titres US, plus fort taux depuis mai 09 et surtout arrêt d’un flux out ininterrompu depuis août.
+10.1 Md$ sur les actions oversea, toujours positif depuis avril 09 et plus fort investissement depuis octobre 2007.
Les fonds continuent d’investir sur l’obligataire avec +26.9 Md$ stable par rapport à décembre et niveau historiquement très élevé même s’il est loin des records de l’été 2009 (plus 40 Md$).
Après une pause en décembre, le reflux du forex est à nouveau massif – 102.7 Md$. 700 Md$ (!) sont sortis depuis pile un an. Encore env. 400 Md$ est la part forex des fonds pourra être qualifiée de standard.
Les fonds sortent d’un trend négatif inauguré début novembre et donc clos fin février tenant compte du mois de décalage entre les faits et leur publication.
qui aura raison, l’historique du trend de janvier ou cette race d’éléphants ?