Art de la guerre monétaire et économique

Commentaire : La discrète déchéance de l’Angleterre

Messieurs les Anglais : Mourez les premiers !!!!

À l’heure où les médias se focalisent sur les problèmes budgétaires de certains pays du Sud del’Europe, et en particulier de la Grèce, l’Angleterre, à l’abri des regards, commence elle aussi à inquiéter les investisseurs….

PLUS DE GOUFFRE BUDGETAIRE :

 Même galère

Avec un déficit public attendu supérieur à 12% du PIB cette année et une dette proche de la barre symbolique des 100% du PIB, les comptes de l’État britannique pourraient facilement être confondus avec ceux de la Grèce. La situation de l’Angleterre est même encore plus mauvaise que celle de la Grèce à certains points de vue.

Car les ratios budgétaires ne tiennent pas compte de l’économie souterraine, estimée à plus de 20% de l’activité économique grecque contre 10% à peine pour l’Angleterre.

Et là où la Grèce possède un important potentiel de recettes fiscales supplémentaires si elle parvient à faire sortir certaines activités de l’ombre, les autorités de Londres n’ont elles qu’une très faible marge de manoeuvre pour élargir l’assiette fiscale.

Selon les dernières projections de la Banque des règlements internationaux (BRI), s’il n’est pas réduit, le déficit primaire – hors coût des intérêts – et les dépenses de retraites feront exploser la dette publique à 300% du PIB d’ici à 2035, davantage que tous les pays du G7 hors le Japon. Si les taux d’intérêt reviennent dans la moyenne observée entre 1998 et 2007, le service de la dette absorbera 30% du PIB en 2040, une charge supérieure à celle supportée par les autres pays du G7, menace la BRI.

Outre la dette publique, la situation financière d’une nation ne peut du reste être parfaitement appréhendée qu’à condition de tenir compte également des dettes du secteur privé.

Or l’Angleterre doit composer avec des ménages fortement endettés. A tel point que l’addition de la dette de l’État, des ménages et des entreprises britanniques révèle un des endettements les plusélevés du globe !

L’Etat ne peut donc pas compter sur l’épargne de ses ressortissants pour se financer à bon compte.

Enfin, une dette publique s’analyse aussi à la lumière de la croissance future.

 Et là aussi, les perspectives de l’Angleterre sont loin d’être rassurantes quand on sait que les deux piliers de l’économie britannique étaient jusqu’à ce jour la finance et l’immobilier…

Privilège en sursis

Est-ce dû au fait que la presse financière et les agences de notation sont avant tout anglo-saxonnes ?

Toujours est-il que l’Angleterre semble jouir d’une respectabilité exagérée et bénéficie toujours de son triple A – meilleure évaluation qui existe pour juger de la solidité financière d’un émetteur obligataire – alors que la note de la Grèce a été continuellement dégradée. Le vent semble toutefois progressivement tourner et les avis de tempête se multiplient, les agences de notation émettant des avertissements sur l’état de santé des finances publiques. Pas une semaine ne se passe du reste sans qu’un gestionnaire de fonds ne pointe du doigt la dérive anglaise et certains annoncent même un cataclysme pour la livre et le marché obligataire britannique.

Autant dire que la dégradation de la note de l’Angleterre n’est plus qu’une question de temps.

Malheureusement, l’année 2010 étant électorale, le gouvernement éprouve des difficultés à définir une stratégie de sortie de crise et à prendre les mesures qui s’imposent pour maintenir les finances publiques à flot.

 Au final, ce sont donc surtout les autorités monétaires qui se montrent les plus actives.

Comptant sur un regain d’inflation pour alléger le fardeau de la dette et au détriment des plus pauvres, afin (officiellement)de préserver la liquidité sur les marchés financiers, la Bank of England monétise la dette , en résumé elle fait pour le coup marché la planche à billets à tour de bras…

La Bank of England a ainsi mis en place en 2009 un programme d’achat d’actifs pour 200 milliards de livres. Mais c’est ainsi qu’une grande partie des 225 milliards de nouvelles émissions obligataires étatiques ont en réalité été souscrites par la Banque d’Angleterre ces douze derniers mois.

Selon certaines estimations, cela aurait permis de maintenir les taux d’intérêt anglais près de 1% plus bas qu’ils n’auraient dû l’être, et donc facilité le financement des finances publiques ET SURTOUT DE CONTINUER  A S’ENDETTER A BON PRIX

 Mais aujourd’hui que l’enveloppe est vide, que les besoins financiers du gouvernement sont toujours aussi grands et que les doutes sur la dette se propagent, les taux d’intérêt anglais repartent à la hausse.

Prise au piège

Qu’à cela ne tienne après avoir relevé régulièrement le montant de son programme d’achats en 2009, la Banque d’Angleterre avait annoncé une pause le 4 février en laissant néanmoins la porte ouverte à une nouvelle extension du programme en cas de nécessité. Elle ne pensait pas, cependant, que le problème reviendrait sur la table moins d’un mois après sa déclaration.

En voulant contenir le loyer de l’argent sur le marché obligataire, la Banque d’Angleterre s’est en réalité engagée dans une impasse inflationiste et est contrainte d’étendre son programme d’achats sous peine de voir les taux – déjà identiques aujourd’hui à ceux en vigueur en Italie ou en Espagne – s’envoler et de tuer dans l’œuf une reprise économique déjà fragile. Ce faisant, elle se condamne à injecter toujours plus de liquidités qui ne relancent en rien le crédit et l’économie mais servent uniquement à financer les déficits publics. ,Il ne fait aucun doute que des coupes budgétaires drastiques renverraient le pays en récession. Ce qui viendrait à un peu plus creuser les déficits, forcerait la banque centrale à faire tourner un peu plus vite la planche à billets… et aurait tout lieu d’affaiblir davantage le sterling.

Quoi que les autorités monétaires choisissent de faire, la grande perdante est connue, c’est la livre.

Car en gonflant la masse monétaire et en limitant la hausse des taux, l’achat d’actifs fragilise davantage la devise anglaise qui a déjà perdu 30% par rapport à l’euro depuis son plus haut de janvier 2007. D’un autre côté, laisser s’envoler les taux ne profitera pas davantage à la livre qui serait alors pénalisée par les piètres performances économiques du pays et la problématique de la dette. Par conséquent, même si la devise est sous-évaluée par rapport à l’euro, ce n’est assurément pas le moment d’acheter des obligations en livre sterling, qu’elles soient émises par l’Etat ou tout autre émetteur privé. Seul élément positif mais non des moindre : la dépréciation(dévaluation) de la livre profite aux industries exportatrices, qui permettent à l’activité manufacturière de rester au plus haut depuis quinze ans. Une soupape dont ne bénéficient pas les pays de la zone euro….. Le bémol c’est qu’a l’inflation d’origine purement monétaire viendra bientôt s’ajouter de l’inflation importée …

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11 réponses »

  1. faut-il dissoudre le groupe PIGS au profit d’un nouveau club des roi du GASPI ?

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