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Rapport BCE / Zone euro: 20 ans d’efforts budgétaires à faire

Il faudra peut-être 20 ans pour ramener les finances publiques de la zone euro sur une trajectoire soutenable, a annoncé jeudi la Banque centrale européenne, qui a appelé les Etats membres à assainir leurs budgets.

PLUS DE DETTES EN SUIVANT :

 La BCE a estimé dans un article de recherche publié dans son dernier bulletin mensuel que « même dans le cas d’un effort d’assainissement [budgétaire] de 0,5% du PIB en moyenne par an, il [faudrait] probablement deux décennies à la zone euro pour retrouver le ratio de dette publique d’avant la crise ». 

L’étude de la BCE présente trois scénarios possibles de réforme budgétaire, reposant sur différentes trajectoires plus ou moins ambitieuses d’assainissement, le troisième scénario supposant l’absence de tout effort. 

Elle appréhende la zone euro dans son ensemble, en faisant abstraction de l’hétérogénéité des situations des 16 pays membres. 

Cette étude montre que seul le scénario le plus ambitieux permettrait au bout de 20 ans de retrouver un ratio de dette publique par rapport au PIB conforme aux exigences du Pacte de stabilité et de croissance, soit de 60%. Ce scénario prévoit une amélioration de 1 point de pourcentage de PIB par an du solde primaire, c’est-à-dire du solde budgétaire global hors paiements d’intérêts. 

Selon la BCE, l’assainissement des finances publiques devrait débuter au plus tard en 2011 et devra aller bien au-delà de l’exigence minimale de 0,5 % du PIB par an fixée dans le Pacte de stabilité et de croissance. 

« Toute insuffisance de l’assainissement structurel en 2010-2011 devra être compensée par des efforts budgétaires plus vigoureux dans les années ultérieures », affirme la BCE, qui critique le manque de mesures clairement définies par les gouvernements pour leurs politiques de réduction de l’endettement au-delà de 2010. 

La situation budgétaire des pays de la zone euro s’est fortement détériorée. 

Le déficit public de la zone euro exprimé en pourcentage du PIB a été multiplié par plus de trois en 2009, à 6,2% contre 2% en 2008. Il dépasse ainsi de très loin la limite de 3% fixée par le Pacte de stabilité et de croissance. 

Parallèlement, la dette publique de la zone euro s’est creusée à 78,7% du PIB en 2009, contre 69,4% en 2008 — au-dessus de la limite de 60% fixée par le Pacte de stabilité. 

La BCE prévoit que ce ratio d’endettement va encore augmenter pour atteindre 83,9% en 2010, 86,5% en 2011 et 87,3% en 2012, « ces ratios atteignant des niveaux jamais observés depuis des décennies dans plusieurs pays de la zone ». 

« Il est primordial que chaque pays de la zone euro définisse clairement dans son programme de stabilité une stratégie de sortie de crise et d’assainissement budgétaire pour la période à venir », affirme la BCE dans l’éditorial de son bulletin. 

La BCE souligne que le creusement de la dette publique pourrait attiser les anticipations d’inflation des agents économiques, et que les besoins de financement importants des gouvernements risquent d’entraîner une hausse des taux d’intérêt à moyen et long termes. L’augmentation des charges d’intérêts des gouvernements pourrait nécessiter des hausses d’impôts pour la compenser, met-elle en garde. 

Quinze des 16 pays membres de la zone euro font actuellement l’objet de procédures de déficit excessif lancées par le Conseil Ecofin, qui pourraient déboucher sur des sanctions

 EN COMPLEMENT INDISPENSABLE :

DE LA DETTE ? ENCORE DE LA DETTE ? TOUJOURS DE LA DETTE……

 
Quelques lectures complémentaires:
The Economist sur la dette souveraine (voir graphique ci-dessus) et l’approche de K Rogoff et C Reinhart (« This time is different! »):
 
Un point de vue de Mohamed El Erian, le CEO de PIMCO,un des meilleurs analystes des marchés financiers, dans le FT : « how to handle the sovereign debt explosion »:
 
Un article du WSJ sur le renouveau des marchés de crédits:
 

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