Bordier

Commentaire : Tragédie grecque – fin du 1er acte.mais la pièce montée Européenne à la «Madoff » suit son cours

Les marchés ont été rassurés la semaine dernière par l’annonce du gouvernement grec d’un nouveau plan de restriction budgétaire (le 3ème depuis janvier) pour réduire le déficit de 4,8Md€, soit 2 % du PIB. Les mesures incluent une hausse de 2 points de pourcentage de la TVA et des baisses de salaires dans le secteur public. Cela paraît crédible, cette consolidation budgétaire offrant des similitudes rassurantes avec les précédents resserrements fiscaux, sous réserve qu’elle se réalise. Ce qui  connaissant les antécédents de nos amis grecs est loin d’ètre assuré

PLUS DE DETAILS EN SUIVANT :

Bref tout ceci  pourrait expliquer pourquoi la Grèce a pu émettre avec succès 5Md€ d’obligations à 10 ans jeudi en quinze… Le spread entre la dette grecque à 10 ans et les emprunts d’Etat allemands étant  revenu du même coup de 396pb en janvier à un peu plus de 300pb.

Les marchés s’inquiétaient  en effet auparavant de la crédibilité du plan précédent qui se fondait surdes prévisions de croissance économique trop optimistes. Le processus est désormais plus cohérent, notamment en matière de financement, d’ajustement économique et de resserrement fiscal. Nous avons donc  probablement assisté à la fin du 1er acte de cette tragédie grecque, ce qui signifie que les marchés ont encore une marge de progression, la crainte du pire se dissipant. Michel Juvet , notre analyste star, résume d’ailleurs fort bien la situation avec son humour corrosif et décalé habituel :

 « Bonnes nouvelles de Grèce :

 1) le discours musclé de M. Sarkozy et celui conciliant de Mme Merkel rassureront les créanciers de la Grèce: ni faillite ni sauvetage…

2) l’accord international pour bannir les spéculateurs des marchés des CDS sur les dettes souveraines, s’il n’est pas encore signé, empêchera néanmoins certains de prendre de nouvelles positions ; les spreads devraient diminuer. Bonnes nouvelles donc pour les marchés. Certes, mais les marchés sont déjà montés de presque 10% depuis la couverture médiatique de la crise, début février ! Ces nouvelles apporteront donc à court terme justeun support aux marchés »

Le deuxième acte de notre Tragédie  gréco européenne se jouera probablement lorsque les marchés commenceront à s’inquiéter des autres pays périphériques.

Le Roi est nu vive le Roi !!!

 L’Espagne et le Portugal pourraient alors  retenir toute l’attention des investisseurs, même si les gouvernements concernés travaillent pour la forme à l’élaboration de plans budgétaires.

 Le dénouement « après moi le déluge » se produira – probablement dans quelques années – lorsqu’il faudra tenir compte des coûts politiques des efforts économiques entrepris pour sécuriser l’appartenance au projet Européen.

 En clair, la question sera de savoir si les coûts des destructions d’emplois (et les pressions sociales qui en résulteront) justifient un tel engagement.

Une analyse rapide met en lumière la situation de l’Espagne. Selon les estimations de l’OCDE à fin 2009, le coût unitaire du travail (CUT) espagnol a été supérieur de 32 % à celui de l’Allemagne entre 1999 et 2009, et le taux de chômage espagnol a augmenté de 18 % sur la période. Avec un CUT allemand stable sur les 10 prochaines années (comme lors des 10 dernières) et une croissance de 1 % par an du PIB et de l’emploi en Espagne, le maintien du CUT au niveau de 2009 impliquerait un taux de chômage de 28 %, à moins que la croissance des salaires reste inférieure à la moyenne de 2,5 % des 10 dernières années. Ainsi, pour revenir au CUT relatif de 1999,il faudrait que le taux de chômage s’élève à 35 % ou que les baisses de salaires soient drastiques.

Ces estimations ne sont ni des prévisions ni le résultat d’un scénario privilégié -elles servent simplement à montrer l’ampleur de la déflation-dévaluation  qui pourrait survenir pour restaurer la compétitivité de la zone Euro.

Mais elles mettent aussi  en évidence un possible dénouement futur….Bref en un mot en un seul le FMI a encore de beaux jours devant lui…

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