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WSJ : L’Europe a besoin d’une union plus étroite

Le gouvernement allemand n’a sans doute pas apprécié que la ministre française de l’Economie Christine Lagarde appelle l’Allemagne à réduire son excédent commercial dans l’intérêt de l’ensemble de la zone euro. Après tout, si Berlin a mené dix ans de restructurations depuis la création de la monnaie unique, ce n’est pas pour qu’un gouvernement qui abandonne son propre calendrier de réformes au moindre signe de difficultés électorales lui fasse aujourd’hui la leçon.

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Cependant, tout comme la Chine, qui est elle-même confrontée à des demandes similaires de la part de pays dont la balance commerciale est déficitaire, l’Allemagne aurait intérêt à réduire ses déséquilibres. La question est de savoir comment

L’Allemagne n’est pas restée passive face à la crise : son déficit budgétaire devrait atteindre 5% du produit intérieur brut en 2010, après la mise en place d’un plan de relance équivalent à environ 1,75% du PIB en 2009 et 2010. La consommation des ménages allemands a augmenté de 0,4% en 2009, grâce en grande partie à l’instauration d’une prime à la casse. L’excédent de la balance courante a reculé à 4% du PIB en 2009, contre 7,9% en 2007.

 L’ensemble de la zone euro profite de la solvabilité incontestée de l’Allemagne, car le faible taux d’intérêt sur la dette allemande permet un coût d’emprunt plus bas dans l’ensemble de la région. 

Mais l’Allemagne a assorti ses mesures de relance budgétaire d’une limite dans le temps; elle a adopté une loi qui interdit au déficit budgétaire structurel de dépasser 0,35% du PIB à partir de 2016. Quoi qu’il advienne, un resserrement budgétaire devra donc être entrepris à partir de 2011. A moins d’une hausse des dépenses des ménages allemands, qui réduirait leur taux d’épargne traditionnellement élevé, cette restriction des dépenses publiques va sans doute amener l’Allemagne à présenter de nouveau une balance courante fortement excédentaire, qui mettra sous pression les pays qui comptent sur la croissance pour résorber leurs propres déficits persistants. S’il en résultait un affaiblissement de la croissance mondiale, l’Allemagne en pâtirait également. 

Mais si le gouvernement allemand ne veut pas s’endetter, que peut-il faire d’autre pour réduire les déséquilibres ?

Il ne peut laisser sa devise s’apprécier, et s’il lui est possible de mettre en place des mesures soutenant la consommation, il ne peut forcer les ménages à accroître leurs dépenses. La réduction des déséquilibres devra donc venir d’une perte de compétitivité, et passera notamment par une hausse des salaires. Il faudra cependant une coordination pour éviter que ne s’enclenche une spirale prix-salaires, exactement comme le craignait la Banque centrale européenne avant la crise : les responsables politiques espagnols et grecs devront de leur côté se montrer fermes face aux revendications salariales dans leur propre pays, faute de quoi ils risqueraient d’alimenter une spirale inflationniste qui ne serait bonne pour personne. 

A l’instar du débat au sujet du sauvetage de la Grèce, les critiques que suscitent les excédents allemands ne font que refléter une fois de plus les failles structurelles au coeur de la zone euro. Si les responsables européens veulent vraiment résoudre les déséquilibres, ils ne peuvent continuer à éluder le débat sur la coopération économique, même si cela sous-entend une union plus étroite, sur le plan politique tout autant que monétaire.

Richard Barley et Simon Nixon Wall Street Journal mars 2010

EN COMPLEMENT :  WSJ : L’Allemagne face à un dilemme (cliquez sur le lien)

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