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Pascal Salin : Seul le capitalisme privilégie l’épargne sur la consommation

Les idées keynésiennes sont fausses et dangereuses parce que les hypothèses sont erronées, ainsi que le démontre Salin de façon très convaincante dans son nouvel ouvrage

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L’heure est au pragmatisme. Ce triste aveu traduit le refus généralisé de comprendre les crises et l’adoption quasi planétaire des recettes de Keynes. Le succès de ces dernières tient «aux idées simples auxquelles elles aboutissent: s’il y a du chômage, augmentez les dépenses publiques, faites de la création monétaire, distribuez du pouvoir d’achat», selon Pascal Salin. Les idées keynésiennes sont fausses et dangereuses car leurs hypothèses sont erronées, ainsi que le démontre Salin de façon très convaincante dans son nouveau livre*. Keynes suppose par exemple que les salariés ne seraient pas conscients des effets d’une augmentation des prix sur leur pouvoir d’achat réel (illusion monétaire); ou encore que dans certaines circonstances, les investisseurs ne seraient pas sensibles au niveau des taux d’intérêt».

Le taux d’intérêt joue pourtant un rôle déterminant dans la crise actuelle et dans la différence entre keynésianisme et libéralisme. Il incite l’individu à choisir entre le présent et le futur, entre la consommation et l’épargne, à renoncer à des ressources actuelles qu’il possède au profit de satisfactions futures. C’est «le prix du temps». Grâce au taux d’intérêt, l’individu se livre à une comparaison des mérites et de la structure de l’épargne (entre fonds propres et fonds prêtables). Comme le taux d’intérêt est un prix, la loi de l’offre et de la demande s’applique. Mais si les autorités utilisent leur pouvoir de contrainte pour éloigner le taux d’intérêt de sa valeur d’équilibre, il en résulte des déséquilibres dramatiques et des crises.

Or Keynes sous-estime autant l’investissement, lequel ne serait pas un facteur d’accroissement de la capacité productive, que l’épargne, qui ne serait qu’une sorte de «fuite hors du circuit». Keynes veut simplement stimuler l’activité par la consommation.

La théorie autrichienne du libéralisme, dont Pascal Salin est le meilleur représentant en France, montre au contraire que stimuler la consommation est une absurdité. Cela «suppose implicitement que les ressources épargnées disparaissent de manière tragique comme s’il existait une trappe à épargne», selon Salin. Un acte de consommation est un acte de destruction alors qu’un acte d’épargne est un acte de conservation des ressources.

A notre époque keynésienne basée sur le crédit, l’économie occidentale souffre d’un manque d’épargne en raison d’une prédominance des régimes de retraite par répartition et d’une fiscalité excessive (cotisations sociales, impôt sur les bénéfices, les dividendes, la fortune, les successions, les mutations, impôt sur le revenu et TVA). «Tout cela punit le choix du futur par rapport au choix du présent», écrit-il. Pire, le G20, «immense festival des mythes à la mode» aux yeux de Salin, lutte contre les paradis fiscaux. Pourtant, l’enfer fiscal n’est pas propice à l’épargne.

Les idées keynésiennes expliquent donc la faiblesse des fonds propres (épargne des entreprises). Quand l’épargne manque, telle une «bonne fée avec sa baguette magique, l’Etat apparaît en sauveur de ce qu’il a détruit et proclame que rien n’est plus facile que de fabriquer de l’épargne». C’est la croissance monétaire effrénée de la masse monétaire. L’Etat fait croire qu’il existe une épargne plus abondante que celle qui correspond aux véritables choix des individus. Ce mensonge est d’autant plus gros que, précisément, la baisse du taux d’intérêt qui accompagne l’expansion monétaire incite les individus à épargner moins», selon Salin.

La Fed a pourtant provoqué une hausse de 70% de l’offre de monnaie entre 2001 et 2008 et permis aux banques de fonctionner avec seulement 2% de réserves. Passer en quelques années d’un taux de 8 à 3%, puis de 3 à 6%, de 6 à 1% et de 1 à 5,25% avant de tomber à 0% est «la plus extraordinaire et irresponsable variabilité de taux imaginable», écrit l’auteur. Jamais cela ne se serait produit si les taux avaient été définis par le marché. Qui peut épargner dans ces conditions? Cette domination idéologique a abouti à l’idée étrange selon laquelle il faut produire n’importe quoi, peu importe son utilité, pour augmenter la demande globale. Or le problème était sectoriel (l’immobilier) et non global, comme l’a expliqué le «libéralisme autrichien».

La prime à la casse est un exemple magistral de politique keynésienne. On recommande de détruire un bien pour forcer son propriétaire à en acheter un autre sous prétexte que cela accroît la demande. Et Salin d’ironiser: «Pourquoi ne pas directement payer des armées de casseurs pour mieux stimuler l’économie?»

L’ouvrage de Salin fera longtemps œuvre de référence mais souffre, à notre avis, de l’extrémisme de sa position sur les banques centrales. La volonté de supprimer les banques centrales est un pas excessif. Un comportement plus raisonnable et la limitation de leurs objectifs à la stabilité des prix seraient déjà un grand progrès.

Par contre, sa critique des rémunérations des managers est de haute volée. Pour Salin, les managers sont des salariés qui maximisent leur revenu à court terme et non de vrais propriétaires orientés sur le long terme.

Quittons donc Keynes. Revenons au capitalisme, un système dans lequel les droits de propriété sont légitimes et respectés. Le capitalisme correspond aux exigences de morale universelle car l’éthique universelle est celle qui peut potentiellement être adoptée par tous les individus. Or il n’existe qu’un type de devoir à caractère universel, le respect des droits individuels. Comme le capitalisme est fondé sur le respect du contrat et l’échange libre, un grand nombre de morales personnelles (de la plus altruiste à la plus égoïste) peut coexister de manière pacifique, mais aucune ne s’impose aux autres. Par contre, une politique socialiste de redistribution est une attaque contre les droits légitimes des contribuables obligés de financer des transferts qui ne correspondent pas nécessairement à leur morale personnelle.

Par Emmanuel Garessus le temps mars 10

* Revenir au capitalisme
pour éviter les crises, Pascal Salin, Odile Jacob, 252 p., 2010.

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Pascal Salin souligne les dangers évidents de l’interventionnisme étatique tout azimut (cliquez sur le lien)

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