La croissance mondiale dépassera les 4% cette année: L’UE restera engluée à 1% comme l’année dernière.
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Comme prévu, la Grèce a été sauvée de la débâcle par un discours emprunt de fermeté, tenu par l’Union Européenne, ainsi que par des garanties opaques faisant croire à l’investisseur que le risque de faillite est fictif.
Certes, il le fallait. Il faut néanmoins se rendre compte que cette fuite en avant conduira inéluctablement à une catastrophe qui est programmée depuis le début de l’affaissement du château de cartes, soit dès l’éclatement de la bulle du crédit.
Le virage à gauche de plusieurs grandes démocraties est symptomatique d’une situation inextricable dont l’électeur espère se sortir sans trop de gênes en maintenant ses acquis sociaux, protégeant ainsi son microcosme tout en défendant ses plates bandes.
Dans une Union fragilisée, l’apparition de leaders charismatiques de gauche au pouvoir, ou en tout cas participant à celui-ci, aura pour effet de défier Bruxelles dont la rigueur chiffrée sera de moins en moins respectée et même respectable d’un point de vue humain. Ainsi le chantage entre les pays de l’UE au bord de la faillite et le noyau dur ne fait que commencer, jusqu’au jour où même les plus solides seront devenus à risque. Il faudra alors payer l’addition…
Les Etats-Unis, qui sont à la base de toutes les crises financières, s’en tireront naturellement beaucoup mieux puisqu’ils n’ont qu’à activer la planche à billets pour rembourser leurs dettes et stimuler leur économie. De plus, une chute du dollar leur permet de rester compétitifs face à l’Asie dont les devises sont chroniquement sous-évaluées. Quant au Vieux Continent, il n’est plus attractif.
Paris est devenu la ville la plus chère du monde, loin devant Londres (16ème) et New York où il faut 2 fois moins d’argent pour vivre!
Les dégringolades de la Livre et du dollar n’y sont bien évidemment pas étrangers.
Quant à l’année prochaine, elle s’annonce encore plus molle et sera aidée en cela par la Banque Centrale Européenne qui ne pense qu’à remonter les taux d’intérêts pour lutter contre l’inflation, ce qui risque bien de nous valoir une 2ème récession dans la foulée sans avoir eu de reprise! Trichet peut viser sans aucun doute le prix Nobel.
Techniquement les indices boursiers touchent actuellement les plus hauts réalisés en janvier et rencontrent de ce fait une certaine résistance. Le S & P 500 a repris 53% du terrain perdu lors de la grande lessivée 2007-2008 alors que le DJ Europe 600 n’en est qu’à 43%. Les prix ne sont pas «bon marché» et toujours calqués sur une croissance bénéficiaire excédent les 8% sur la décade à venir, un pari que seuls peuvent tenter les adeptes du pharmacien émérite Emile Coué, inventeur du placebo.
Bien sûr qu’une fuite en avant est toujours possible, mais elle ne peut se faire qu’avec une chute de la monnaie et une résurgence de l’inflation. De cette manière, plutôt que d’assister à une baisse de la valeur du bien en bourse on assiste à son érosion par une diminution de valeur de la monnaie (qui sert à l’acquérir) et une hausse des autres prix.
C’est un peu de cette manière que les américains espèrent diminuer leurs ratios catastrophiques d’endettements multiples.
Même si beaucoup de sociétés sont florissantes aujourd’hui, elles resteront pénalisées par le risque de faillites des pays qui va aller croissant.
Les Ratios Cours/Bénéfices risquent bien de demeurer assez bas jusqu’à la mise à zéro définitive des compteurs car le thème de la dette va nous coller aux basques jusqu’à la fin.
Le Dollar s’est stabilisé comme escompté en formant depuis février
une base en forme de soucoupe annonciatrice d’un nouvel affaiblissement. Il est probable que la correction haussière du billet vert soit terminée. Sans être Fibonaccien, on peut observer qu’en 3 mois l’euro a rétrocédé environ 61,8% de la hausse amorcée il y a une année. Un mouvement classique.
De manière symétrique l’or s’est tassé depuis décembre. Bien que d’un point de vue technique le métal jaune soit toujours dans un bull market indiscutable, son évolution peut être considérée comme molle quant elle s’exprime dans une monnaie forte, le franc suisse par exemple. L’or a raté son examen de passage lors de la grande crise de l’automne 2008 où le monde était en faillite. Il aurait dû gicler à 2’000 voire 3’000 dollars. Ceci pour avoir à l’esprit qu’il pourrait bien être victime de dégagements si les actions venaient à rebaisser fortement.
Clôturons ce minitour des actifs par les taux d’intérêts. La Réserve Fédérale va remonter les Fed Funds pendant ce semestre, mais ils resteront bas et accompagnés d’une croissance forte (4%) au contraire des européens. Tant la reprise de l’inflation (2011) que le risque futur de défaut de paiement accompagné de la politique monétaire ne plaident pas en faveur de cette classe d’actifs. Il vaut mieux acheter une ferme en Bresse et ne pas manger du poulet aux hormones, comme le chantait l’humble Jean Ferrat.
SERGE LAEDERMANN Associé, GFA Geneva Financial mars 2010
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