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Matières Premières : La bulle sur le sucre n’en finit pas d’éclater

Après l’euphorie, la gueule de bois. Remember Mercredi 10 mars, le sucre blanc livrable en mai ne valait plus que 528 dollars la tonne à Londres, contre son record de 767 dollars fin janvier. Quant au sucre brut, il fondait bien en dessous du seuil symbolique des 20 cents la livre à New York, alors qu’il avait atteint 30 cents 40 début février, un niveau inégalé depuis janvier 1981! Moins 5% en une journée, moins 30 à 40% en deux semaines. Le sucre subit la plus forte chute du CRB, l’indice de référence des matières premières.

Au final Les cours mondiaux ont plonger de  plus de 30%. En cause : Les récoltes record attendues au Brésil et en Inde amoindrissent les craintes de pénurie. Les fonds financiers amplifient ces fluctuations…

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Les 13 millions de lapins en chocolat vendus en Suisse durant les fêtes de Pâques n’ont guère sursauté face aux récents bouleversements de la planète sucre. Les chocolatiers absorbent certes les deux cinquièmes de la production helvétique d’édulcorant, dont il faut 430 grammes pour fondre un kilo de chocolat au lait.

Mais les cours locaux, «qui varient en fonction de ceux de l’Union européenne, n’ont pas été touchés par ces fluctuations», rappellent les sucreries Aarberg et Frauenfeld. A environ 350 euros la tonne, les prix communautaires restent déconnectés du reste de la planète, en raison de l’entrelacs de quotas régissant les betteraviers de l’Union.

Les fonds à la manœuvre

Ces deux derniers mois, le prix mondial sucre – dont les trois quarts sont issus des champs de cannes du Sud – s’est pourtant écroulé, perdant un tiers de sa valeur sur le marché londonien. Ce «krach» fait écho à une bulle plus importante encore, qui a gonflé tout au long de 2009. Valant 360 dollars il y a un an, la tonne s’est traitée jusqu’à 752 dollars en janvier dernier, du jamais vu depuis plus de trente ans.

L’apparition d’un déficit planétaire, provoqué par les dégâts du phénomène climatique El Niño sur les récoltes au Brésil et en Inde – les deux principaux producteurs de canne –, avait mis le feu aux poudres. Empreints des périls malthusiens dont ils ont été abreuvés durant une décennie, les fonds d’investissement – en par­ticulier ceux «passifs» accom­pagnant la tendance – ont transfor­mé cette période d’approvisionnements tendus en bulle. Oubliant qu’il y a deux ans encore les prix stagnaient à des niveaux tels que les producteurs du Sud peinaient à couvrir leurs coûts.

Récoltes record au Brésil

Ces scénarios du pire semblent soudain balayés par des marchés bipolaires. Fin janvier, l’Union européenne – la deuxième puissance sucrière, avec 18 millions de tonnes – a obtenu de pouvoir accroître ses quotas d’exportation. Depuis une semaine, les coopératives indiennes s’attendent à une production en hausse de 26% sur l’année se terminant en septembre, à 18 millions de tonnes. Et la région brésilienne du Centro-Sul – qui fournit les neuf dixièmes du sucre du pays – attend 34 millions de tonnes de la campagne qui débute, soit 20% supplémentaires. De leur côté, nombre de pays importateurs ont reporté leurs commandes de cargaisons, tablant sur une poursuite de la baisse. Transformant cette dernière en «krach», les fonds financiers se sont retirés des marchés à terme par anticipation des nouvelles récoltes. L’agence américaine les surveillant – la CFTC – note une décrue de 23% des positions acheteuses des firmes dites «spéculatrices» cette année. Leurs paris de 2009 auraient pu aggraver les conséquences humanitaires de la pénurie si le poids du sucre dans les alimentaires des populations les plus pauvres n’était pas limité à 2%, selon l’agence onusienne FAO.

Le déficit se résorbe à peine

Sur les marchés, l’alerte est pourtant loin d’être levée. Reportée, «la demande n’a en rien disparu et les stocks mondiaux restent dangereusement bas», préviennent les analystes de Barclays Capital à Londres.

L’Inde, qui n’a produit que 14 millions de tonnes en 2008-2009, se voit même contrainte d’importer 6 millions de tonnes de sucre blanc, cette année. Le Pakistan, le Bangladesh, l’Iran, sont également aux achats. Sans compter les autres importateurs traditionnels d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie et la Russie qui vont fatalement se tourner vers le marché mondial. Cette tension entre une offre restreinte et la demande en hausse, qui a fait grimper les cours jusqu’à présent, est toujours d’actualité.

Mais il a suffi d’un chiffre en provenance de l’Inde pour inverser brutalement la tendance des cours : selon les producteurs indiens de sucre, la récolte 2009-2010 serait un peu moins mauvaise que prévu, et la prochaine campagne indienne, qui commencera en octobre, s’annonce très bonne. Cette perspective a érodé la confiance qu’avaient les investisseurs, mais aussi les traders, dans le sucre à long terme. Vendant leurs contrats, ils ont entraîné la chute des prix que l’on constate depuis un peu plus d’une semaine.

 De son côté, David Grimbert, spécialiste des matières premières de la société parisienne Allo Finance, rappelle que «le marché reste tendu: en Afrique de l’Ouest il est ainsi très difficile d’avoir des livraisons avant juin». Le déficit mondial peine à se résorber: pour la campagne s’achevant fin septembre, l’écart entre récoltes et besoins est encore estimé, selon les sources, entre 7,5 et 12 millions de tonnes.

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/6a4e79e2-40f1-11df-9212-43b8b8430160/La_bulle_sur_le_sucre_nen_finit_pas_déclater (cliquez sur le lien)

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