Etats-Unis

Banques / US : prise de risque excessive et embellissement comptable

Les grandes banques américaines refont parler d’elles. Selon le « Wall Street Journal » d’hier, qui reprend les données de la Réserve Fédérale de New York, les plus grands établissements de Wall Street auraient masqué leurs niveaux de risque au cours des cinq derniers trimestres afin d’abaisser temporairement leurs dettes juste avant de rendre leurs comptes publics. Un groupe de 18 banques, qui inclut notamment Goldman Sachs , Morgan Stanley  , JP Morgan Chase & Co, Bank of America  ou encore Citigroup  , aurait ainsi sous-évalué volontairement le niveau de dette utilisée pour financer des opérations sur titres à la fin de chacun des cinq derniers trimestres.

PLUS DE MANIPULATIONS COMPTABLES :

Les données de la Réserve Fédérale de New York mettent ainsi en évidence les pratiques utilisées par les établissements financiers en matière de financement à court terme sur le marché. Le journal explique que les banques utilisent leur trésorerie provenant des prêts pour acheter des titres, puis s’en servent comme garanties pour d’autres prêts, ce qui leur permet ainsi d’acheter… davantage de titres ! Les prêts permettent d’améliorer le pouvoir de négociation des entreprises, ou leur « effet de levier », ce qui les autorise à faire de grosses opérations de marché en minimisant leur mise initiale. Ainsi, les encours moyens des emprunts « repo » nets à la fin de chacun des cinq derniers trimestres étaient en moyenne 42% inférieurs à leur pic rencontré au cours de ces mêmes périodes.

Si le marché « repo » représente une part assez négligeable des activités des banques dans leur ensemble, ces informations mettent en évidence une nouvelle fenêtre sur les risques pris par les institutions financières sur les marchés.

En effet, cette pratique de lissage de dette, bien que légale, qui consiste à abaisser le niveau de dette à chaque fin de trimestre, peut donner aux investisseurs une impression faussée de l’importance du risque pris par les entreprises financières. « Présenter un effet de levier qui parait meilleur à la fin du trimestre que sa position réelle au cours du trimestre, laisse à penser que vous prenez moins de risques », affirme ainsi au quotidien américain, William Tanona, un ancien analyste de Goldman.

Concrètement, les banques ont d’abord gonflé intentionnellement les chiffres de leur dette en milieu de trimestre, pour ensuite produire à la fin des chiffres beaucoup plus bas, ce qui donne l’impression que les banques sont parvenues à réduire le poids de cette dette.

Cette pratique, légale, vise à éviter la chute de l’action en Bourse et à maintenir des notes favorables auprès des agences de notation sur leur santé financière. 

Ce subterfuge vise aussi à rassurer les investisseurs sur le niveau des risques pris par les institutions financières, sous le feu des critiques pour leurs montages financiers complexes ayant entraîné la crise des crédits immobiliers à risque (subprime). 

L’autorité américaine de régulation des marchés financiers (SEC) enquête actuellement sur cette pratique. Vingt-quatre institutions financières sont concernées. 

En tout état de cause, la SEC chercherait désormais à se procurer des informations détaillées auprès de ces grandes sociétés financières au sujet de leur pratique sur le marché « repo », signalant bien que le gendarme de la bourse américain est à la recherche de techniques comptables qui pourraient cacher une partie des risques pris par ces banques. L’enquête de la SEC fait suite aux récentes révélations concernant Lehman, qui aurait utilisé ces manipulations pour masquer quelque 50 Mds$ de dette avant son effondrement en 2008. On a en effet récemment appris que Lehman Brothers  utilisait une technique baptisée « Repo 105 », consistant à jouer sur le marché des prêts avec collatéral pour maintenir ses notes de crédit.Lehman y avait eu recours sous la dénomination « Repo 105 » pour embellir ses comptes et minimiser une colossale dette, qui avait conduit par la suite à sa faillite

 La chute de Lehman Brothers fut non pas orchestrée mais mise en musique par ses propres pairs…  (cliquez sur le lien)

Bien que certaines banques privées confirment des opérations de réduction temporaire de leurs emprunts en fin de trimestre, les représentants de Goldman, Morgan Stanley, JP Morgan et Citigroup ont refusé de commenter ces nouvelles données de la Fed York. « Les efforts déployés pour gérer la taille de notre bilan sont appropriés et nos politiques sont compatibles avec toutes les pratiques comptables applicables et les exigences juridiques », précise même au WSJ un porte-parole de Bank of America.

« Nos efforts de gestion des comptes sont conformes aux normes comptables légales », a répondu un porte-parole de Bank of America au WSJ.

source afp avril10

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