Intérêt croissant du marché pour les obligations liées à l’inflation…
Cette classe d’actifs représente un marché de 1430 milliards de dollars. Sur 10 ans, son rendement a dépassé les actions, les matières premières et les obligations traditionnelles
Les obligations liées à l’inflation sont peu connues des investisseurs suisses. La Confédération n’émet d’ailleurs pas de tels emprunts. Mais au plan mondial, la taille de ce marché s’élève à 1430 milliards de dollars et il a été multiplié par cinq depuis 2001, a déclaré Marion Le Morhedec, gérante du fonds Axa WF Global Inflation Bonds, lors d’une récente présentation à Zurich.
PLUS DINFLATION EN SUIVANT :
Miroir d’un intérêt croissant, ce fonds est passé de moins de 100 millions d’euros au début 2009 à 585 millions d’euros actuellement. Axa IM gère 12 milliards d’euros d’actifs liés à l’inflation et le rendement du fonds Global Inflation Bonds est le 2e de sa catégorie sur 3 ans. Malgré une faible inflation en 2009, le rendement du fonds en euros s’est élevé à 8,6%.
Après une accalmie de l’indice des obligations liées à l’inflation en janvier et février, il est nettement reparti à la hausse en mars, essentiellement pour des raisons saisonnières, selon l’experte d’Axa IM. Les ajustements de prix administrés interviennent souvent en mars.
La hausse des actions et du pétrole a également soutenu les cours et l’intérêt des investisseurs. Parmi ces derniers, l’an dernier la Fed était très active, mais elle ne l’est plus cette année, selon Marion Le Morhedec. «C’est le bas niveau des taux qui assure le meilleur soutien», selon l’experte. Celle-ci surpondère le court terme au Royaume-Uni en raison du fort niveau d’inflation et «aime bien les titres à 10 ans en Europe».
En Europe, l’offre de ce type d’obligations sera maigre en 2010: le total des émissions devrait atteindre 60 milliards d’euros en 2010, surtout grâce à la France et l’Italie.
Les trois facteurs de performance
La performance des obligations liées à l’inflation ne dépend pas uniquement de l’évolution de l’indice des prix. L’inflation mesurée joue certes un rôle, mais les taux d’intérêt réels et les anticipations de l’inflation sont les deux autres principaux facteurs de performance.
Les obligations liées à l’inflation offrent une meilleure protection que les obligations traditionnelles ou les actions. Entre 1997 et 2008, la corrélation avec l’inflation a été de 27% pour les obligations liées à l’inflation selon l’indice mondial (sur base trimestrielle), négative de 23% avec les actions (S & P 500) et négative de 25% avec les obligations traditionnelles en dollars.
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Quel est le lien entre l’inflation et le rendement des actions ? (cliquez sur le lien)
Encore peu connu, c’est pourtant un instrument attractif: sur les dix dernières années, c’est la classe d’actifs qui offre le meilleur rendement (7,8% par an) si on la compare aux actions américaines (–0,9%), aux matières premières (2,6%) et aux obligations du Trésor américain (6,1%).
L’inflation, qui représente une perte du pouvoir d’achat de la monnaie, est une menace de plus en plus prise au sérieux. Elle provoque une érosion du rendement des actifs. Et même si elle est basse aujourd’hui, un risque réel existe à moyen terme.
Quatre raisons à cela: la forte croissance de la Masse monétaire, les limites physiques à l’offre de matières premières, le déclin de la productivité et les excès de l’endettement public.
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La très faible proportion d’obligations liées à l’inflation (3% en Europe) par rapport à l’ensemble du marché obligataire est potentiellement un autre indicateur de risque d’inflation.
Pour un gérant, les opportunités de gains émergent aussi bien des fluctuations de la courbe des taux d’intérêt que des possibilités d’arbitrage entre les pays, des inefficiences de marché et des prévisions d’inflation.
En raison de la duration élevée de l’indice, Axa IM est sur le point de créer de nouvelles parts pour nos OPCVM de taux réduisant le risque de duration pour les investisseurs, parts dites «redex». Cela s’appliquera sur les fonds inflation par exemple, ce qui permettra de bénéficier de la stratégie sans pâtir d’une hausse de taux
Par Emmanuel Garessus LE TEMPS AVRIL10
EN COMPLEMENT :
Swiss Life A.M. conçoit un fonds qui profiterait de l’accélération de l’inflation, même anticipée. Encore faudra-t-il que celle-ci fasse son grand retour.
La menace a été évoquée dès la grande mobilisation des Etats contre la crise financière, en 2008. L’hydre inflationniste, grande dévoreuse d’épargne, ressortira bientôt de sa caverne. Attirée vers la lumière par des autorités qui n’ont pu faire autrement que d’injecter dans les circuits économiques des montants quasi illimités, en faisant tourner à plein régime la planche à billets. Afin d’empêcher la paralysie de toute l’activité, alors que les banques étaient devenues hors service.
En dépit des exhortations des Cassandre de chercher refuge dans les obligations d’Etat indexées – ou dans l’or – le péril tarde à se matérialiser. La hausse des prix reste cantonnée à 0,9% en zone euro, à 2,1% aux Etats-Unis.
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Aux yeux des concepteurs de fonds d’investissement de Swiss Life A.M., qui s’exprimaient la semaine dernière à Genève, le retour de l’inflation n’est qu’une question de temps. Ceux-ci mettent en avant un produit lancé en novembre, le «SLF (Lux) Bond Inflation Protection», censé protéger contre l’élévation des prix, via l’achat de titres d’Etat indexés. Tout en limitant – grâce à des paris baissiers sur les marchés à terme – les pertes collatérales que provoquerait sur un tel placement l’élévation des taux accompagnant celle des prix.
Un véritable actif financier
L’idée, à en croire Eric Bourguignon, directeur de la gestion obligataire de Swiss Life A.M., était de concevoir un produit qui «gagne de l’argent dès que l’inflation anticipée augmente». En clair, plus qu’une protection, un moyen de spéculer sur les pays où la hausse à venir des prix serait sous-estimée. «L’inflation devient un véritable actif qu’il est possible de vendre ou d’acheter», vante le financier.
Ne manque plus qu’une chose à cet arsenal, qui n’a rien fait gagner à ses souscripteurs depuis sa création: le réveil de l’hydre. Eric Bourguignon en est évidemment convaincu. «Pour les gouvernements, la tentation sera forte d’alléger le fardeau de leur dette en laissant filer l’inflation: à +4% par an, niveau défendu il y a peu par le chef économiste du FMI Olivier Blanchart, elle réduirait leur passif de 40% en dix ans.» Le succès de son produit dépendra de la popularisation d’un tel scénario.
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source le temps avril10
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