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Nouvelles pistes contre la forte hausse du chômage des jeunes

Le drame du chômage concerne avant tout les jeunes. Le fait d’être jeune a davantage augmenté le risque de chômage que la présence dans un pays fortement touché, selon les chercheurs….

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La reprise continue de surprendre par sa vigueur, mais le marché du travail n’envoie pas encore de signaux positifs.

Les économistes ont observé de profondes différences de comportement durant la crise, en fonction des pays, des tranches d’âge et des niveaux de formation, selon une recherche du CESifo.

Ainsi, du premier trimestre 2008 au troisième trimestre 2009, l’emploi est resté stable en Suisse (malgré une baisse de 1,7% du PIB), alors qu’il a baissé de 0,9% en France (PIB –2,9%), 1,9% en Allemagne (PIB –5,6%), 5,5% aux Etats-Unis (PIB –1,6%), 8,1% en Espagne (–4,5%), selon Davis Bell et David Blanchflower, chercheurs à l’Université de Stirling.

La crise a finalement rapproché les marchés européen et américain. Outre-Atlantique, malgré une flexibilité supérieure du marché et une moindre générosité des prestations, plus de 40% des sans-emploi sont des chômeurs de longue durée. La période allant du plus bas de 2002 au plus bas de 2009 est la première depuis la Deuxième Guerre à présenter d’aussi modestes créations d’emplois (+ 0,4% par an), selon la Réserve fédérale d’Atlanta dans une analyse des cycles économiques.

La crise de l’emploi a été très sectorielle. La construction et la production industrielle ont été bien plus affectées que le reste. L’emploi dans la construction a baissé de plus de 20% aux Etats-Unis, en Espagne, en Irlande, en Estonie.

La principale caractéristique de l’actuelle vague de chômage a été de frapper massivement les jeunes. L’emploi des 15 à 24 ans a baissé de 5,1% en Europe et de 15,4% aux Etats-Unis. A l’inverse, l’emploi des plus de 50 ans s’est accru de 4% en Europe et celui des plus de 55 ans de 2,5% aux Etats-Unis, selon Davis Bell et David Blanchflower.

Face aux difficultés du marché du travail, les jeunes ont prolongé leurs études. Au Royaume-Uni, les demandes d’inscription aux cours universitaires se sont accrues de 45% pour les 21 à 24 ans et de 63% pour les plus de 25 ans.

Le fait d’être jeune a davantage augmenté le risque de chômage que la présence dans un pays fortement touché par la crise, selon les chercheurs. Le taux de chômage des jeunes a dépassé les 20% aux Etats-Unis et en Europe, avec des pointes à 39,6% en Espagne et 32,4% en Irlande.

Les politiques de l’emploi actives (ALMP) n’ont pas été capables de combattre cette tendance, à l’exception des mesures allemandes de subventions du travail partiel, selon Bell et Blanch­flower.

Malheureusement, l’histoire économique d’une tranche d’âge pèse sur une «cohorte» durant des décennies, selon Torben Andersen, de l’université de Aarhus. Les jeunes qui entrent sur le marché du travail lorsque le chômage est élevé souffriront toujours d’une moindre probabilité d’avoir un emploi. Et inversement, ceux qui entrent sur le marché lorsque la conjoncture est au sommet courent un moindre risque de chômage ultérieurement.

L’impact de la crise sur le chômage a fortement été influencé par le niveau de formation. En Europe, l’emploi s’est réduit de 6,3% pour les moins qualifiés alors qu’il a augmenté de 4,7% pour les titulaires d’une formation tertiaire.

La détérioration de la situation incite les autorités politiques à agir. La persistance du chômage ne peut laisser personne indifférent. Mais les économistes sont nombreux à avertir contre les risques liés aux interventions, selon Torben Andersen, économiste à l’Université d’Aarhus.

Les théories de l’emploi se répartissent en deux écoles.

Celle du prix Nobel 2004 Edward Prescott attribue le niveau élevé du chômage en Europe uniquement à une fiscalité plus lourde qu’aux Etats-Unis.

Celle de Lars Ljungqvist (Stockholm School of Economics) attribue la hausse du chômage à une incertitude au niveau microéconomique qui devrait persister.

Si l’on suit Prescott, le taux de chômage devrait redescendre au niveau précédent si la reprise se confirme. Le seul remède structurel possible consiste à réduire la fiscalité.

A l’inverse, Ljungqvist propose une réforme du système d’incitations au travail. Il part de l’observation que les chômeurs de longue durée représentent la moitié du total. Il est donc urgent de diminuer ce qu’il nomme le rendement du chômage. Ljungqvist veut réduire le temps de loisirs du chômeur. «Nous proposons un système qui demande aux chômeurs de longue durée d’accomplir un travail social», écrit-il. Cela suppose notamment une augmentation graduelle des exigences de travail social en fonction de la durée de chômage. Un travail social constituerait une opportunité pour le bénéficiaire d’apporter une contribution à la société en échange d’une allocation.

Dans la discussion, comme le dit Andersen, on oublie trop vite la dynamique propre du marché du travail. Au Danemark, 40% des personnes qui sont entrées au chômage au début 2009 ont trouvé un emploi dans les 13 semaines suivantes.

Par Emmanuel Garessus le temps avril10

La plus mauvaise décennie pour l’emploi (cliquez sur le lien)

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