Douce France

Jean Pierre Petit : Trappe à Dettes / Au tour de la France


Retournement inéluctable à prévoir sur le marché obligataire.

Jean-Pierre Petit Les finances françaises sont pires que celles de la Grèce.

Quel est le pays qui en 25 ans, et avant la crise, a connu une multiplication de la dette publique par 5 en euros constants, malgré des prélèvements publics records (que seuls les pays nordiques dépassent, ce qui offre peu de marges de manoeuvre), des taux d’intérêt en baisse constante et des privatisations massives? La Grèce? L’Italie? L’Espagne?

Non, la France.

PLUS DE GABEGIE EN SUIVANT :

La crise a bon dos. Elle ne doit pas faire oublier que l’explosion de la dette publique doit aussi pour beaucoup à la gabegie antérieure autant qu’à la faillite de Lehman Brothers.

 Durant ces 25 années, le patrimoine net de l’État a été divisé par 3, tandis que les dépenses de «préparation de l’avenir» (la R&D, l’investissement public) ont baissé.

Quel est le pays qui a le niveau record de dépenses publiques en pourcentage du PIB au sein de la zone euro?

La France (après la Finlande), grâce à la survivance de son fameux «modèle social», machine à euthanasier à bon compte les jeunes générations. Et ce en dépit de départs massifs en retraite des agents publics et de l’innovation technologique, source potentielles de gains de productivité dans le secteur public.

Pas étonnant dans ces conditions de voir les élites politiques françaises faire preuve d’imagination et de créativité fiscale depuis plusieurs mois.

D’autant moins étonnant que la classe politique reflète toujours une forte surreprésentation du secteur public dans un système de décentralisation anarchique où les compétences sont enchevêtrées et les responsabilités diluées.

Depuis le milieu des années 70 et sans discontinuer, l’Etat français dépense plus qu’il ne gagne.

C’est une grande erreur de parler d’un déficit en pourcentage du PIB. L’Etat n’est pas propriétaire du PIB, il est propriétaire des recettes publiques, son chiffre d’affaires à lui. Le déficit budgétaire (le solde d’exploitation) a plus que doublé en% du chiffre d’affaires en 2009. Même le solde primaire (le solde après charges d’intérêts) est le plus souvent négatif depuis 30 ans, alors qu’il est positif depuis 1993… en Italie.

Pourquoi dans ces conditions l’Italie est-elle plus mal traitée que la France sur les marchés obligataires?

Pour l’essentiel pour des raisons de «réputation» et de soutien supposé de l’Allemagne à la France.

Cela a-t-il vocation à perdurer?

 Probablement pas. Alors qu’aucun programme sérieux de consolidation des finances publiques n’apparaît à l’horizon, les élections présidentielles fourniront l’occasion aux marchés de tester la crédibilité française, comme ils le firent en 1995.

En 2012, la dette publique ne sera plus éloignée de la barre des 100% du PIB. On ne sait pas non plus quelle sera l’attitude de l’Allemagne face à l’insouciance française.

En Grèce, les dépenses publiques en % du PIB sont moins élevées qu’en France, les recettes fiscales moins fortes et le PIB réel (en intégrant l’économie souterraine) relativement plus élevé aux recettes et dépenses. Les marges de manoeuvre sont plutôt du côté grec.

En l’absence de clarification crédible, la Grèce est donc l’avenir de la France.

JEAN-PIERRE PETIT Economiste et  Stratégiste de marché avril10

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