Commentaire de Marché

Commentaire : Nouvelle ère pour l’économie américaine

Avec 162 000 emplois créés en mars, le doute n’est plus permis : l’économie américaine est bel et bien sortie de la récession. Mais son visage a aussi profondément changé.

 

 Récession historique

En recul depuis le premier trimestre 2008, l’économie américaine aura dû patienter jusqu’au troisième trimestre 2009 pour renouer avec la croissance. Soit sa récession la plus longue depuis la Grande crise de 1929, mais aussi, avec un recul du PIB de 2,4% en 2009, la plus sévère depuis 1946 !

Toutefois, malgré une timide reprise au troisième trimestre 2009 et un net rebond au quatrième, avec une croissance de 5,6% en variation trimestrielle annualisée, il subsistait un doute quant à la véritable santé économique des Etats-Unis, le risque que le consommateur ne soit pas capable de prendre le relais des plans de relance du gouvernement étant bien réel. Le tout, qui plus est, dans un contexte où le marché immobilier continue à broyer du noir et où les banques doivent encore digérer les dégâts de la crise financière.

La plupart de ces doutes ont toutefois été levés ces dernières semaines et tout semble aujourd’hui réuni pour enclencher une nouvelle dynamique de croissance !

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Reprise classique

Si, avec l’éclatement de la bulle immobilière et une crise financière, la récession avait quelque chose d’atypique, la reprise a, elle, suivi un schéma globalement habituel.

En effet, les entreprises américaines ont rapidement adapté leur capacité de production en arrêtant les investissements et en réduisant leurs effectifs, préservant de ce fait leur rentabilité. Elles ont aussi procédé à un déstockage massif, ce qui a fortement pesé sur l’activité économique pendant plusieurs trimestres. Mais une fois cet ajustement terminé, il a suffi d’un léger frémissement de la demande pour enclencher la reprise industrielle.

Un frémissement venu du marché domestique, avec une consommation encouragée par des aides gouvernementales, mais aussi de l’étranger avec la reprise du commerce mondial qui a stimulé les exportations. La reconstitution des stocks, tombés à des niveaux historiquement faibles, a alors encore amplifié le phénomène, au point d’être au cœur même de la reprise.

Pour la suite, comme la confiance des ménages s’améliore et que l’économie crée à nouveau des emplois, la consommation pourra prendre le relais et, même si la surcapacité de production reste élevée, le remplacement d’équipements obsolètes alimentera les investissements des entreprises, bouclant ainsi le cercle vertueux : production – emploi – consommation – investissement.

LE RETOUR DU CONSOMMATEUR US

Les ventes au détail ont ainsi progressé de 1,6% en mars aux États-Unis, tandis que les analystes tablaient sur une hausse de 1,2%. Hors automobile, la hausse s’établit à 0,6% contre 0,5% attendu par le marché

EN LIENS :  http://economistsview.typepad.com/economistsview/2010/04/fed-watch-consumers-come-to-life.html (Economistview)(cliquez sur le lien)

http://weinstein-forcastinvest.net/suivez-le-comportement-du-consommateur-et-du-cycle-economique-pour-vos-investissements/ (FORCAST INVEST) (cliquez sur le lien)

Nouvel équilibre à trouver

La consommation des ménages, au cœur des craintes concernant la reprise vu son poids de 71% dans le PIB et son caractère parfois versatile, ne pourra toutefois plus être le seul moteur de l’économie américaine. Le marché immobilier résidentiel étant toujours sinistré, l’effet richesse ne dynamise plus les dépenses des ménages et avec un secteur financier qui doit encore digérer les lourdes pertes sur les portefeuilles de créances, l’accès au crédit reste difficile. En outre, l’heure est plutôt, du côté des ménages, à la reconstitution des finances et à l’accroissement de l’épargne plutôt qu’au gonflement de l’encours de crédit.

Les entreprises souffriront elles aussi de l’accès limité au crédit, tandis que les investissements dans l’immobilier resteront encore longtemps déprimés.

Quant aux autorités politiques, après avoir recouru massivement à l’arme budgétaire, elles devront assainir les finances publiques et réduire les dépenses.

Face à cette nouvelle donne, les autorités entendent jouer la carte du commerce extérieur, mais les Américains ne sont pas les seuls à vouloir augmenter leurs ventes à l’étranger. Il n’est désormais plus  illusoire de croire que la demande extérieure des Pays Emergents sera suffisante pour pallier le dynamisme moindre de la consommation domestique américaine. Par contre, cette nouvelle stratégie explique les débats souvent houleux autour de la valeur du yuan chinois face au billet vert, ce qui pose aussi la question de la valeur du dollar sur le marché des changes.

LE POTENTIEL DE NOUVEAUX CONSOMMATEURS  DES PAYS EMERGENTS

LA CROISSANCE A BASCULE CLAIREMENT DU COTE DES PAYS EMERGENTS

Pays Emergents : montant des réserves de changes et principaux fonds souverains (cliquez sur le lien)

 Au pays des aveugles…

Il est indéniable que l’arrimage du yuan au dollar soutient aujourd’hui le billet vert sur le marché des changes. Cette stratégie oblige en effet Pékin à accumuler des dollars et permet un financement aisé des déficits publics américains. Voilà pourquoi, alors que leur situation financière est pourtant similaire, les Etats-Unis ne sont pas secoués, comme la zone euro, par les turbulences de la dette.

Commentaire : La Chine et ses réserves/La nouvelle force mondiale (cliquez sur le lien)

Commentaire : Yuan chinois une épine dans le pied des Etats Unis ? (cliquez sur le lien)

Par contre, il arrivera tôt ou tard un jour où la Chine laissera sa devise s’apprécier lentement et où le dollar risquera d’être malmené sur le marché des changes. Toutefois, comme le problème des dettes publiques plombera longtemps encore le ciel européen et que le différentiel de croissance sera nettement favorable aux Etats-Unis, je ne vois plus l’euro en profiter mais, tout au plus, rester stable face au billet vert. 

 Le marché boursier US , offre donc toujours des opportunités sans risque, dorénavant, de pertes de change…A noté que Nyse-Euronext s’apprête à mettre en place un système de négociation très attrayant sur les principales actions américaines, qu’il sera possible d’acheter en dollars avec des frais de courtage proches de ceux retenus sur les actions françaises. Lancement prévu fin juin.

Une reprise américaine qui doit beaucoup aux “usines”

Trois indicateurs publiés jeudi sont venus confirmer avec panache que l’industrie manufacturière continue de tirer la reprise aux États-Unis

Selon la banque centrale (Fed)américaine , la production industrielle américaine a augmenté pour le neuvième mois d’affilée en mars.

La production des industries et des mines du pays a augmenté de 0,1% par rapport au mois précédent, un peu moins qu’en février où sa hausse avait atteint 0,3%.

Le chiffre de la Fed est certes moins bon que prévu par les analystes, qui attendaient une progression de 0,7% selon leur consensus médian. Mais les chiffres de février ont été revus à la hausse et le ralentissement en mars a été provoqué par une chute de 6,4% de la production d’énergie, que la Fed a attribuée à une demande de chauffage en recul grâce à des températures clémentes.

La production manufacturière, elle, a accentué sa hausse, à 0,9%, soit 0,7 point de plus qu’en février. La Fed précise avec pertinence et à propos que cette progression a été rendue possible par une «hausse généralisée» dans les biens durables, semblant refléter la demande aux États-Unis et sur les marchés d’exportation, notamment en Asie.

La bonne tenue de l’industrie manufacturière semble donc se poursuivre,et confirmation fut de nouveau donnés par  deux des principaux indicateurs avancés de la Fed pour le mois d’avril qui se sont révélés meilleurs que prévu jeudi.

Selon ces indices, la hausse de l’activité manufacturière des régions de New York et Philadelphie, deux des principales zones industrielles du pays, s’est accélérée par rapport au mois précédent.Dans le cas de New York, l’accélération a été très forte et bien plus marquée que prévu.

L’indice d’activité économique dans la région de Philadelphie est ressorti , à son niveau le plus haut depuis décembre 2009. Cet indice a été publié à 20,2 points en avril contre 18,9 points en mars et 20 points attendus.

L’indice d’activité manufacturière dans l’État de New York a atteint en avril son niveau le plus élevé en six mois,  Ainsi, l’indice Empire State de la Fed de New York est ressorti à 31,86 points contre 22,86 points en mars et un consensus de 24 points. La composante emploi est ressortie au plus haut depuis mars 2006, tandis que la composante des commandes nouvelles s’établit à un pic depuis six mois.

Pour l’économiste indépendant Joel Naroff, «la montée en flèche de la production manufacturière illustre clairement le fait que la reprise est engagée totalement».

Selon la Fed, la production des usines s’est accélérée au premier trimestre pour atteindre 6,6% en rythme annuel. Nigel Gault, économiste de l’institut d’études IHS Global Insight, juge désormais possible une accélération encore plus forte au deuxième trimestre, avec une hausse de 9% «à mesure que la reprise gagnera en puissance».

Lors d’une conférence à Washington le 7 avril, l’économiste américain Michael Mussa, ancien économiste en chef du FMI, maintenant analyste à l’Institut d’économie internationale de Washington a répété son pronostic d’une reprise rapide de l’économie américaine, comme aux sortir des précédentes récessions fortes traversées par le pays.

Pour cet ancien chef économiste du Fonds monétaire international, le PIB américain devrait croître de 4,0% en 2010, alors que le gouvernement ne prévoit qu’une croissance de 2,7%.

Le secteur manufacturier ne représente qu’une faible part du produit intérieur brut des États-Unis (11,5% selon les derniers chiffres officiels portant sur 2008). Selon les graphiques de la Fed, sa reprise suit grosso modo la même pente qu’à la sortie de la grande récession de 1981-1982, marquée par une reprise économique très dynamique.

L’actualité macroéconomique

Les prix à l’importation ont progressé moins que prévu en mars aux États-Unis, selon le Département du Travail. Leur hausse a atteint 0,7% alors que les analystes l’estimaient à 1% après une baisse de 0,2% au mois de février. En glissement annuel, ils sont en augmentation de 11,4%.
Les prix à l’exportation sont montés également de 0,7% en mars, après avoir baissé de 0,4% en février.

Le déficit commercial des États-Unis a atteint $39,70 milliards en février février contre $37,3 milliards en janvier et contre le consensus de $38,50 milliards.

Le budget de l’Etat US en mars au plus mal

Les États-Unis ont enregistré un déficit budgétaire de $65,39 milliards en mars, selon le Trésor américain, tandis que les analystes anticipaient un déficit de $62 milliards. Ce chiffre traduit le 18 mois consécutif de déficit, du jamais vu auparavant.

L’indice des prix à la consommation a progressé de seulement 0,1% par rapport au mois précédent, en ligne avec les attentes. Cet indice mesure l’inflation, qui atteint 2,3% sur un an.

Immobilier

Il est à noter que sur le plan Immobilier les demandes des prêts hypothécaires aux États-Unis ont a ce sujet baissé pour la deuxième semaine consécutive. L’indice de Mortgage Bankers Association a reculé de 9,6% lors de la semaine achevée le 9 avril en atteignant son plus bas depuis la semaine finie le 1 janvier. La moyenne mobile de quatre semaine est en baisse de 6,2%.

L’association nationale des constructeurs des maisons aux Etats-Unis a déclaré que son indice du marché immobilier en avril a progressé, soutenu par les ventes en amélioration. Ainsi, son indice a augmenté de quatre points, à 19 points, son plus haut depuis le mois de septembre. Il faut remarquer que si l’indice se trouve au-dessous de 50 points, cela indique que le sentiment est plutôt pessimiste sur le marché immobilier. La dernière fois que cet indice ait été au-dessus de cette barre a été en avril 2006.

Une autre nouvelle qui concerne le marché immobilier: Les taux sur les prêts hypothécaires ont reculé pour la première fois depuis cinq semaines. Ils ont été de 5,07% en moyenne lors de la semaine finie le 15 avril par rapport à 5,21% lors de la semaine précédente et 4,81% au même moment de l’année dernière.

Les mises en chantier de logements aux États-Unis ont augmenté plus que prévu en mars pour atteindre leur plus haut niveau depuis novembre 2008. Selon le département du Commerce, ces mises en chantier ont bondi de 1,6% à 626 000 en glissement annuel et en données corrigées des variations saisonnières. Les économistes et analystes interrogés par Reuters anticipaient un chiffre de 610 000. Sur un an, ils restent en hausse de 20,2%.

Les nouveaux permis de construire ont augmenté de 7,5% en mars à 685 000, soit leur plus haut niveau depuis octobre 2008, après avoir atteint le mois précédent 637 000 unités. Le marché en anticipait 630 000. Sur un an ils progressent de 34,1%.

L’actualité des entreprises

Alcoa  a finalement publié ses résultats après la clôture et non pas avant l’ouverture du marché comme initialement prévu. Ainsi, le bénéfice par action est ressorti à $0,10 en ligne avec les attentes. Le chiffre d’affaires a atteint $4,89 milliards tandis que les analystes tablaient sur $5,24 milliards. Il faut remarquer que $0,29 par action ont été imputés des bénéfices à cause des charges exceptionnelles ($0,13 à cause de la fermeture de deux fonderies, $0,11 à cause des changements de la législation de santé et $0,05 à cause des produits dérivés).

Alcoa a été le moins performant au sein du Dow avec une baisse de 9% en glissement annuel. Les bénéfices du groupe sont très étroitement liés au prix d’aluminium et aux coûts énergétique, car la production d’aluminium en est très consommatrice, et également au cours du dollar. La bonne nouvelle est que le prix d’aluminium est en hausse de 8% en glissement annuel, à $2 400 par tonne métrique. Mais ce prix a été de $3 800 en été 2008, et a ensuite reculé à $1 300 en printemps 2009.

Intel a dévoilé ses résultats après la clôture. Le bénéfice par action est ainsi ressorti à $0,43 contre $0,38 anticipés et $0,11 l’année dernière. Le chiffre d’affaires s’est élevé à $10,3 milliards, tandis que les analystes s’attendaient à $9,83 milliards. Ces résultats dépassent les attentes du groupe. La marge brute a atteint 64%, tandis qu’elle était de 65% au quatrième trimestre et Intel anticipait sa baisse au premier trimestre

JPMorgan Chase a fait état de ses résultats trimestriels avant l’ouverture de la bourse. Ainsi, le bénéfice par action a été de $0,74 contre $0,64 attendu par les analystes. Le chiffre d’affaires a été publié à $28,20 milliards, tandis que le marché l’estimait à $26,47 milliards. La banque envisage par ailleurs d’embaucher 9 000 employés aux États-Unis.

Google a publié ses résultats après la clôture. Ainsi, le bénéfice par action est ressorti à $6,76 contre $6,60 prévus par les analystes. Le chiffre d’affaires a été de $5,06 milliards, tandis que le marché s’attendait à $4,95 milliards.

AMD , le fabricant des semi-conducteurs, a dévoilé ses résultats également après la clôture. Ainsi, le bénéfice par action a été de $0,09 contre une perte par action de $0,07 attendu. Le chiffre d’affaires a atteint $1,57 milliard, tandis que les analystes tablaient sur $1,54 milliard. La marge a été de 47%.

Bank of America  la banque a publié de très bons résultats. En effet, le bénéfice par action a été de $0,28 contre $0,09 du consensus. Le chiffre d’affaires a atteint $31,97 milliards tandis que les analystes tablaient sur $27,90 milliards.

General Electric  a dévoilé ses résultats trimestriels en faisant ressortir le bénéfice par action de $0,21 contre $0,16 attendu. Le chiffre d’affaires s’est élevé à $36,31 milliards, au-dessous du consensus de $37,10 milliards. Les commandes ont été en baisse de 8% par rapport à la même période de l’année dernière.Le SEC examine également les déclarations de General Electric concernant son programme de dette qui auraient pu être trompeuses aux investisseurs.

Le fabricant des jouets, Mattel  a fait état de son bénéfice par action de $0,07 tandis que les analystes l’estimaient à $0,03. Le chiffre d’affaires a été publié à $880,1 millions, soit en hausse de 12% par rapport au premier trimestre 2009 contre le consensus de $860 millions.

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