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La BCE prend une mesure exceptionnelle pour soutenir la Grèce

L’institut d’émission européen acceptera les titres de dette grecque en garantie de ses prêts sans exigence sur leur notation financière 

A l’occasion du déclenchement du plan de sauvetage de 110 milliards d’euros de la Grèce, la Banque centrale européenne (BCE) a pris lundi une mesure inédite pour soutenir Athènes et ses banques. L’institut d’émission a en effet annoncé que, dorénavant, il acceptera les titres de dette grecque en garantie de ses prêts quelle que soit leur notation financière.

PLUS DE DETTES POURRIES EN SUIVANT :

«Jusqu’à nouvel ordre», l’institution monétaire a fait part de «la suspension de l’exigence d’une notation de crédit minimum pour les titres destinés à être des collatéraux à des opérations de crédit utilisant des instruments de dettes émis ou garantis par le gouvernement grec». Les collatéraux sont les titres de dette fournis par les banques de la zone euro à la BCE, en échange de leur refinancement. De plus, cette suspension «s’applique à tous les instruments de dette nouveaux ou existants produits ou garantis par le gouvernement grec», souligne la BCE.

L’intervention de la banque centrale est très importante. La semaine dernière S&P a dégradé la notation de la dette grecque, la ramenant en catégorie spéculative, seuil en deçà duquel la BCE n’était plus censée accepter de collatéral. Fitch et Moody’s notent encore la Grèce en investment grade, mais menacent de la dégrader. Les détenteurs d’emprunts grecs risquaient donc de se voir fermer l’accès au guichet BCE. Or les prêteurs grecs ont perdu plus de 10 milliards de dépôts à vue au premier trimestre, ont été eux-mêmes dégradés par Moody’s le 30 avril, et connaîtraient pour certains des difficultés d’accès au marché interbancaire: ils sont devenus ces derniers mois très dépendants des financements auprès de la banque centrale.

Le coup de pouce de la BCE devrait être amplement discuté lors de la conférence de Jean-Claude Trichet jeudi. Pour les économistes de RBS, «cette décision permettra de diminuer les risques de contagion. Si la BCE croit en l’union monétaire, elle devrait généraliser la mesure à tous les pays». Ils estiment même, avant qu’une éventuelle crise ne gagne un autre membre de la zone euro, que Francfort aurait intérêt à étudier deux autres mesures: un rallongement de la maturité des opérations de repo, et des achats d’emprunts d’Etat. De quoi nourrir des débats animés au sein de la zone euro.

Par Mathilde Golla – 04/05/2010 agefi

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