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Fonds à formule/produits structurés : trop de faiblesses !

Nous nous montrons souvent réservés quant à l’opportunité de souscrire aux fonds à formule des divers établissements financiers. Il faut dire que dans le contexte actuel, concilier garantie du capital et rendements intéressants est devenu mission quasi-impossible.

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Qu’ils s’appellent Evoleo à la Banque postale, LCL Perspective ou Zénith Sécurité chez Rothschild, les fonds à formule présentés récemment ont souvent débouché sur le même conseil brutal : ne souscrivez pas. Cette position peut surprendre, tant la promesse de ces placements, le plus souvent à capital garanti, semble attractive. Dans les faits, les chances que ces promesses ne se réalisent pas sont élevées, d’où les objections.

La faute aux faibles taux d’intérêt actuels

Malgré les trésors d’inventivité déployés par les promoteurs pour dissimuler cet état de fait, les espoirs de rendement qu’offrent les fonds à formule sont insuffisants, principalement à cause de la faiblesse actuelle des taux d’intérêt.

Pour être en mesure de vous restituer le capital en fin de parcours, l’émetteur doit en effet souvent en investir une partie conséquente dans des produits à taux fixe, typiquement des obligations. S’il doit par exemple vous verser 100 euros à l’échéance (dans 5 ans) et si l’intérêt n’atteint que 3%, il lui faut bloquer 86 euros. Avec un intérêt de 5%, il lui suffirait de bloquer 78 euros pour arriver au même résultat. Ce qui lui permettrait de consacrer un montant plus important – 32 euros au lieu de 14 dans notre exemple – à créer du rendement par toutes sortes de produits compliqués (les fameux produits dérivés), axés sur divers actifs (panier d’actions…).

L’émetteur peut aussi procéder autrement : pour sécuriser le capital, il le place sur un compte à terme, sans percevoir d’intérêt. En contrepartie, il bénéficie d’une rémunération basée sur l’évolution d’un indice ou d’un panier d’actions, calculée au moyen de formules complexes (swaps sur produits dérivés).

Moins de 20% de chances de sortie par le haut

L’émetteur ne pouvant consacrer que de faibles montants à l’investissement dans des produits dérivés plus lucratifs, la probabilité d’obtenir le rendement élevé évoqué dans les prospectus promotionnels est bien maigre. Ces derniers mois, pour de nombreux produits passés en revue, il faut constater souvent que les chances d’obtenir un rendement intéressant ne s’élevaient qu’à 1 ou 2 sur 10. Trop peu pour justifier de bloquer de l’argent pour une période généralement longue (en moyenne 5 à 7 ans).

De plus, dans certains cas, des clauses prévoient que le produit peut se voir remboursé immédiatement, avec paiement d’un rendement déterminé d’avance. L’émetteur utilise cette clause s’il constate que l’essor des valeurs-sous jacentes est tel qu’il devra payer beaucoup à l’échéance. Ce système protège les intérêts de l’émetteur mais pas les vôtres. Il vous empêche de profiter pleinement des évolutions favorables, ce qui limite encore les chances de beau rendement.

Trop de complexité dans les formules, pas assez de transparence dans les frais

La plupart des produits sont par ailleurs très compliqués. Plutôt ardu pour le commun des mortels de comprendre leur construction et les enjeux qui en découlent ! D’autant plus que l’émetteur tente d’entourer les faiblesses de son offre d’un rideau de fumée.  

En matière de frais aussi, la transparence fait défaut. La complexité rend aisée la dissimulation des frais élevés associés à un produit. Car ce n’est pas parce qu’un fonds à formule ne comporte pas de frais d’entrée visibles, ou rembourse 100% du résultat de la formule, qu’il n’y a aucuns frais. A vrai dire, mieux vaut préférer un produit dont les frais, bien que peut-être élevés, sont clairement identifiés et bien visibles, à un produit qui cache ses frais dans des structures complexes, finalement très peu avantageuses pour l’investisseur. En plus de la faiblesse des taux, la ponction de frais laisse encore moins de moyens pour dégager des profits.

Quant au concept de protection du capital, il vaut mieux dans certains cas ne pas le prendre pour argent comptant. Le risque réel associé aux produits découle directement de la solvabilité des établissements financiers – mentionnés dans le prospectus – qui s’en portent garants. Le plus souvent néanmoins, il s’agit, du moins pour les produits analysés, de grandes structures solides, dont la faillite est peu probable. Restent les fonds proposés par les conseillers en investissements financiers (CIF), parfois garantis par des établissements plus exotiques. Certains investisseurs ayant fait confiance il y a peu à Orelis Finance en savent quelque chose : une partie des produits structurés commercialisés par cette société étaient garantis par Lehman Brothers, qui a fait faillite.

Bref, la crise que nous venons de vivre a prouvé qu’on ne pouvait exclure absolument le risque de voir un établissement financier garant incapable d’assumer ses engagements. Raison de plus pour réfléchir avant d’investir dans ces produits, surtout lucratifs pour leur promoteur.

Il serait bien sûr injuste de mettre tout le monde dans le même sac. De temps à autre, un produit intéressant peut surgir. Mais pour l’instant, c’est hélas davantage l’exception que la règle.

source tpv mai10

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