Formation a la gestion de portefeuille

La vente à découvert, une technique à forte volatilité

La vente à découvert, partiellement interdite par l’Allemagne jusqu’à fin mars 2011, est une technique boursière qui permet à des opérateurs de marché de vendre des titres qu’ils ne possèdent pas encore, avec l’espoir de les racheter à un moindre prix. Ces transactions permettent de miser sur la baisse d’un titre, en profitant de l’écart attendu entre le prix de vente au moment de l’initiation de la transaction et le prix d’achat au moment de sa conclusion.

PLUS DE VENTES A DECOUVERT EN SUIVANT :

Il existe deux types de vente à découvert.

 La première consiste à emprunter un titre dont on pense qu’il va baisser sur le marché et à le vendre aussitôt. L’idée est d’empocher une forte plus-value lorsqu’on achètera à un cours beaucoup plus bas pour le rendre au prêteur.

La deuxième pratique, dite vente à découvert « à nu » consiste à vendre un titre, avec un règlement différé, sans même l’emprunter. Au moment de le livrer à l’acheteur, l’opérateur se le procure au plus bas sur le marché en gagnant la différence si le prix du titre a effectivement baissé.

Avec ce type de pratique, les montants d’ordre passés à l’avance peuvent être très importants », explique Christophe Chouard, directeur général du HDF, un fonds spéculatif (« hedge fund »). C’est ce type de vente à découvert qui a été interdit jusqu’au 31 mars 2011 par l’Allemagne.

Pour cet expert, « ce genre de pratiques qui relèvent plus de la manipulation devraient être encadrées et interdites ».

M. Chouard estime en revanche qu’interdire ou suspendre la vente à découvert « simple » est inefficace. Selon lui, les mesures de ce type prises en 2008 dans plusieurs pays, dont les Etats-Unis, au plus fort de la crise bancaire et des « subprime » (prêts hypothécaires que des milliers d’Américains ne pouvaient plus rembourser) « n’ont pas empêché l’effondrement des titres bancaires ».

Même argument de Bill Ackman, gérant américain d’un fonds spéculatif: « les ventes à découvert sont un moyen de rendre le marché plus fluide. On ne pouvait pas vendre le +subprime+ à découvert jusqu’à deux ou trois ans avant la crise. Si cela avait été possible plus tôt, on n’aurait probablement pas vu se former une bulle comme celle-là ».

Outre les Etats-Unis au moment de la crise des « subprime », la Grèce avait suspendu fin avril la vente à découvert d’actions à la Bourse d’Athènes pour tenter d’enrayer la spéculation.

Certains pays, comme la Suisse, interdisent purement et simplement cette technique, que ce soit pour les actions ou les obligations. D’autres, comme l’Espagne ou la France, réservent l’interdiction de la vente à découvert aux seules actions.

Plusieurs pays européens encadraient déjà la vente à découvert d’actions mais l’Allemagne est le premier à interdire ces transactions sur les emprunts d’Etat de la zone euro et les CDS liés à ces emprunts.

Il n’est pas certain que Berlin puisse faire appliquer sa décision sur les marchés de la dette et des CDS, ceux-ci n’étant pas limités par les frontières nationales. La plupart des transactions sur les CDS s’effectuent ainsi sur le marché londonien.

De plus, la décision allemande ne s’appliquera pas aux filiales étrangères des institutions financières allemandes, a précisé l’autorité britannique des marchés financiers.

« Les marchés ont donc logiquement conclu que c’était un geste désespéré et que la crise de la dette en Europe pourrait encore empirer », selon une note d’analystes de Commerzbank.

La mesure a une portée plutôt symbolique tant qu’elle reste isolée. « L’essentiel du marché des ventes à découvert et des CDS en Europe se fait à Londres », a rappelé à l’AFP l’analyste Konrad Becker de Merck Finck.

Et l’Autorité britannique des marchés financiers (FSA) s’est empressée de préciser que l’interdiction du Bafin ne concernait pas les activités des succursales hors d’Allemagne, par exemple les filiales britanniques des banques allemandes.

 Elle observe que les interdictions prononcées la veille « concernent les agents de marché allemands ou les activités se déroulant en Allemagne et ne s’étendent pas au succursales des institutions allemandes hors d’Allemagne et/ou le Royaume-Uni ».

Interrogée par l’AFP sur la possibilité que la FSA adopte une mesure similaire, une porte-parole de l’autorité s’est refusée à tout commentaire.

La FSA avait introduit en septembre 2008, au pire de la crise financière, une interdiction des ventes à découvert sur les titres des sociétés financières, qu’elle a ensuite levée, la remplaçant par une obligation de divulgation accrue de ces opérations.

Les positions courtes déjà ouvertes ne sont pas concernées par l’interdiction des ventes à découvert à nu décidée mardi par le gouvernement allemand, a expliqué mercredi une porte-parole du BaFin, l’autorité de régulation des services financiers en Allemagne.

« Les positions courtes existantes ne sont pas affectées [par cette décision], elles peuvent rester ouvertes et être négociées de façon normale », a affirmé la porte-parole du BaFin.

Les contrats à terme sur les obligations allemandes ainsi que d’autres dérivés ne sont pas concernés par l’interdiction, a-t-elle ajouté.

La société Markit, spécialisée dans le suivi du marché des CDS, a dit craindre que l’interdiction allemande soit étendue à l’ensemble de l’Union européenne à l’automne.

 L’autorité portugaise des marchés financiers, la CMVM, a réitéré dailleurs mercredi son interdiction des ventes à découvert à nu sur actions et autres instruments financiers mise en place en 2008.Le régulateur a également dit qu’il renforcerait sa réglementation sur les opérations de marché dans les prochains jours.

« L’obligation de publication au marché et au régulateur seront renforcées (..) et étendues aux instruments de dette négociés sur les marchés portugais régulés », a déclaré la CMVM dans un communiqué.L’autorité portugaise a déclaré que l’interdiction mise en place en septembre 2008 ne permettait pas les ventes à découvert à nu à l’exception de certaines transactions liquidées sur une séance.

Le patron d’Icap, le plus grand courtier interbancaire du monde, a considéré quant à lui mercredi comme « rétrograde » la décision allemande d’interdire certaines opérations de ventes à découvert de produits financiers spéculatifs, quoique celle-ci profite à son propre groupe.

« C’est une mesure rétrograde, essentiellement dictée par la politique, qui sera, selon nous, contre-productive car elle rendra les gens plutôt plus nerveux que plus confiants dans les marchés financiers », a indiqué Michael Spencer lors de la présentation à la presse des résultats annuels d’Icap.

M. Spencer a noté toutefois qu’Icap ne pâtirait pas de cette mesure, au contraire : « Cette décision va probablement accroître la volatilité, ce qui pourrait accroître les volumes » d’échanges sur les marchés. « Donc d’un point de vue égoïste et commercial, nous ne sommes pas contre. Je pense seulement que c’est un très mauvais développement pour l’ensemble des marchés financiers », a déclaré M. Spencer….

source agences mai10

EN LIEN : Le mécanisme des ventes à découvert (cliquez sur le lien)

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE :  L’Allemagne interdit les ventes à découvert à nu (cliquez sur le lien)

1 réponse »

Laisser un commentaire