Art de la guerre monétaire et économique

Crise grecque: l’Allemagne et le «complot français»

Crise grecque: l’Allemagne et le «complot français»

La Banque centrale allemande reproche à la Banque centrale européenne, sous influence française, d’avoir racheté un trop grand nombre de dettes grecques.

PLUS/MOINS DE GOUVERNANCE EN SUIVANT :

 Les relations entre la France et l’Allemagne n’ont pas fini d’être tendues. Et ce en dépit des déclarations de Nicolas Sarkozy, qui avaient martelé il y a une semaine qu’il n’y avait pas de désaccord avec l’Allemagne sur la réforme de l’euro. Il y a deux semaines, la Banque centrale européenne annonçait le rachat d’obligations souveraines et privées, et notamment des dettes grecques, et ce, pour accompagner le plan d’aide de 750 milliards d’euros, crée par les Etats membres de la zone euro. Une mesure que n’a pas du tout apprécié la Bundesbank, la banque centrale allemande d’émission qui n’hésite pas à parler de «complot français» qui porte atteinte aux intérêts de l’Allemagne. 

Les banques françaises les plus exposées à la crise grecque 

Le journal allemand Der Spiegel rapporte dans son édition de lundi 31/5(cliquez  sur le lien) que la BCE a déjà racheté 40.000 millions d’obligations dont 25.000 millions de dettes grecques, causant «une irritation importante» de la Bundesbank. L’Allemagne, par la voix de sa chancelière Angela Merkel ou du patron de la Deutsche Bank, n’a jamais caché ses doutes quant à la capacité de la Grèce de rembourser ses dettes. En février dernier, plusieurs grandes banques allemandes avaient décidé de ne plus souscrire de nouvelles obligations de l’Etat grec, inquiètes de la situation financière du pays.

Les banques françaises ont pour 51 milliards d’obligations grecques et les banques allemandes en ont pour 31 milliards d’euros. La France va payer 5,5 milliards et l’Allemagne va payer 8,4 milliards d’euros de prêts garantis par l’Etat. On se souvient qu’après cette mesure l’indépendance de la BCE avait sérieusement été remise en cause… par l’Allemagne, puisqu’elle avait toujours clamé qu’en dépit de la situation financière plus que compliquée de la Grèce, elle ne rachèterait pas d’obligations grecques. Autrement dit, des produits qu’aucun investisseur ne voulait. La BCE avait martelé son indépendance

Rencontre Sarkozy-Merkel le 7 juin 

Nul doute que les marchés financiers ne tarderont pas à spéculer sur cette nouvelle tension franco-allemande, dont Nicolas Sarkozy et Angela Merkel pourront discuter le 7 juin à l’occasion d’une rencontre pour discuter d’une coordination des positions de la France et de l’Allemagne, en vue du prochain Conseil européen et des sommets du G8 et du G20 prévus fin juin au Canada. Pour l’heure, on est encore loin de la mise en place d’une gouvernance économique au sein de l’Union européenne

Errard, Guillaume | JDF | 29.05.2010 |

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Geert Noels : Les banques systémiques ont extorqué un grand sauvetage (cliquez sur le lien)

DERNIERE MINUTE : La BCE veut absorber 35 mds EUR en contrepartie des achats d’obligations

FRANCFORT (Allemagne), 31 mai 2010 (AFP)

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé lundi vouloir absorber pour 35 milliards d’euros de liquidités en contrepartie de ses achats d’obligations publiques. 

La BCE lancera mardi une opération d’une maturité de 7 jours, à taux variable d’un maximum de 1%, a-t-elle indiqué dans un communiqué aux marchés. 

Le montant de 35 milliards correspond aux achats d’obligations d’Etat effectués par l’institution de Francfort (ouest de l’Allemagne) jusqu’à vendredi 28 mai. 

La semaine dernière, la somme s’élevait à 26,5 milliards d’euros. 

L’institution a pris début mai une mesure inédite dans son histoire en achetant des titres de dette de pays en grosse difficulté budgétaire, comme la Grèce mais aussi l’Espagne et le Portugal, afin de faire barrage à la spéculation et leur permettre d’emprunter sur le marché à des conditions supportables. 

L’objectif de l’intervention consiste à rectifier un dysfonctionnement des marchés obligataires, a-t-elle précisé. 

Le président de la Bundesbank Axel Weber a de nouveau critiqué la mesure lundi, jugeant qu’elle risque de mettre en péril la crédibilité de l’institution. 

« La politique monétaire a pris de nouveaux chemins pour combattre la crise que je continue à considérer de façon critique étant donné les risques » qui y sont liés, a dit M. Weber, candidat officieux à la présidence de la BCE l’an prochain. 

Il craint essentiellement pour l’indépendance de la BCE vis à vis des pouvoirs politiques

Le chef de la « Buba » fait référence à la décision inédite prise début mai par le conseil des gouverneurs, dont il fait partie, d’acheter des obligations d’Etats en grande difficulté budgétaire, Grèce mais aussi Espagne ou Portugal, afin de lutter contre la spéculation sur les titres de dette de ces pays et leur permettre de se refinancer sur les marchés à des conditions supportables. 

« Il convient à présent de réduire les risques (…) L’opération doit être mise en oeuvre de façon très ciblée et limitée (…) », a indiqué M. Weber, qui avait voté contre cette mesure, selon le texte d’un discours prononcé à Mayence (ouest). 

A cet égard, le magazine Der Spiegel affirme dans sa dernière édition que la BCE achète des obligations grecques alors qu’elle n’aurait plus besoin de le faire car le plan de soutien de l’Europe et du Fonds monétaire international est entré en vigueur. 

Citant des sources au sein de la Bundesbank, l’hebdomadaire prétend que la BCE soutient artificiellement les cours et permet aux banques françaises, les plus exposées, de se défaire de leurs titres, évoquant même les craintes d’un « complot français ». Jean-Claude Trichet, le président français de la BCE aurait « cédé à la pression massive » exercée par le président Nicolas Sarkozy. 

Les banques allemandes se sont de leur côté engagées auprès du gouvernement de conserver leurs obligations grecques jusqu’à 2013, poursuit l’hebdomadaire 

Le président de la BCE a de son côté redit lundi que la BCE restait fidèle à sa mission, à savoir garantir la stabilité des prix. « Nous n’imprimons pas d’argent », a-t-il dit. L’institution retire régulièrement un montant de liquidités équivalent au montant des obligations acquises. Elle neutralise ses effets inflationnistes et la politique monétaire reste inchangée. « Cela confirme et souligne notre engagement à (garantir) la stabilité des prix », a redit M. Trichet lors d’une conférence organisée par la Banque centrale autrichienne. 

Interrogé dans un entretien au Monde de lundi sur les critiques d’Axel Weber, il a répliqué qu’il ne commentait jamais les commentaires de ses collègues. Il a rappelé que la décision avait été « prise par le conseil des gouverneurs à une majorité écrasante ».

2 réponses »

  1. Dans un an, la France présidera le sommet du G20, mais déjà, l’Elysée veut prouver sa capacité à gérer des dossiers économiques régionaux 🙂

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