Chinamerica

La bulle immobilière en Chine plus risquée qu’aux Etats-Unis

La bulle immobilière en Chine plus risquée qu’aux Etats-Unis

Un conseiller de la Banque centrale chinoise prévient dans un entretien au Financial Times que les problèmes de surchauffe du marché immobilier en Chine sont plus graves que ceux connus par les Etats-Unis avant la crise des «subprimes».

PLUS DE BULLE IMMO EN SUIVANT :

L’inquiétude enfle en Chine. Alors que l’inflation a encore augmenté de 2,8% en avril, les prix de l’immobilier ont flambé de 12,8% le mois dernier, leur plus forte hausse en cinq ans. Les mesures lancées ces derniers mois par le gouvernement central pour refroidir l’économie chinoise peinent à rassurer (cliquez sur le lien). A tel point que certaines personnalités chinoises sortent de leur réserve habituelle pour tirer la sonnette d’alarme.

Dans un entretien vidéo publié par le Financial Times, (cliquez sur le lien)Li Daokui, professeur à l’Université de Tsinghua (cliquez sur le lien)(située dans la banlieue nord-ouest de Pékin) et membre du comité de politique monétaire de la People’s Bank of China, estime que «le problème du logement en Chine est en fait beaucoup plus fondamental et plus important que celui du marché immobilier aux Etats-Unis et au Royaume-Uni avant la crise financière». Selon lui, «il ne s’agit pas seulement d’un problème de bulle».

Un «problème social»

La flambée des prix immobiliers peut conduire à «des problèmes sociaux de grande ampleur», analyse Li Daokui. Ce dont se passerait bien la Chine, à l’heure où les revendications salariales et les grèves ont occupé le devant de la scène(cliquez sur le lien) ces derniers jours. «Lorsque les prix partent à la hausse, beaucoup de personnes, surtout les jeunes, deviennent très inquiets.» L’accession à la propriété, qui concerne déjà peu de ménages, est de plus en plus difficile dans le contexte actuel d’euphorie immobilière.

Les autorités ont annoncé une salve de mesures depuis janvier dernier, dans le but de freiner l’embrasement des prix immobiliers. L’Etat a déjà imposé des restrictions aux ventes d’appartement, avec notamment l’instauration de «l’appartement unique» à Pékin.(cliquez sur le lien) Il a également pris des mesures pour resserrer les vannes du crédit. Les nouveaux prêts accordés par les banques en avril ont pourtant atteint 774 milliards de yuans (87,7 milliards d’euros), soit 182,2 milliards de plus qu’en avril 2009. Enfin, le gouvernement a annoncé l’introduction «progressive» d’une taxe sur les biens immobiliers.(cliquez sur le lien)

Réforme au niveau local

Pour le conseiller de la Banque centrale, cette palette de mesures n’est qu’une «première étape», qui permettra de contrôler la spéculation immobilière. Mais il faut engager «une réforme à long terme» du marché immobilier chinois, prévient Li Daokui. «La deuxième étape devra s’attaquer au problème de l’approvisionnement.» Selon le professeur, des mesures devraient être prises au deuxième semestre ou au début de l’année prochaine, afin d’encourager les gouvernements locaux à fournir des logements aux foyers à salaires faibles et modérés. Pour l’instant, les collectivités locales préfèrent vendre leurs terrains pour générer des revenus, déplore Li Daokui.

Pour lui, la taxe sur l’habitation annoncée à l’échelle nationale n’est pas une solution, car elle risque d’écarter les ménages encore davantage du marché immobilier. Un avis partagé par Axa Investment Managers. Dans sa note hebdomadaire, l’économiste Hervé Liévore pointe du doigt le «cercle vicieux» qui s’est installé «entre les investisseurs, les promoteurs et les collectivités locales», au risque d’alimenter un «mécontentement social».Estimant que la politique mise en place par Pékin fait sens, les analystes de Société Générale soulignent également la nécessité de gérer l’approvisionnement en biens immobiliers afin de juguler la hausse des prix et faciliter l’accession des Chinois à la propriété.

Foucaud, Isabelle | JDF | 01.06.2010

3 réponses »

Laisser un commentaire