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Le pire mois de mai boursier depuis 1962

 

  Le pire mois de mai boursier depuis 1962

  Athènes est le marché boursier le moins performant de la planète depuis le début de l’année (quasi -30%) juste derrière le Vénézuéla. L’or fait office de refuge.

  Les investisseurs qui ont suivi l’adage boursier selon lequel il convient de se retirer des marchés en mai (« sell in may and go away ») ont eu le nez creux. Ils auront ainsi évité le plus important plongeon (près de 8%) de la Bourse US depuis quatre décennies. Il faut remonter à mai 1962 pour retrouver un indice Dow Jones en plus mauvaise posture, et ce malgré les achats à bon compte opérés la semaine dernière!  et qui s’apparentent surtout à des rachats de couverture…  

Un constat qui montre combien la crise des dettes publiques européennes exacerbe les craintes de ralentissement de la croissance globale. Du coup, les retraits de capitaux ne se sont pas cantonnés aux Bourses européennes, mais ont affecté la majorité des actifs à risque et, en particulier, ceux sensibles à l’évolution du cycle économique et aux créances douteuses.

PLUS DE MUGUET EN SUIVANT :

Contagion des banques…

En devises locales, les pertes mensuelles sont particulièrement sensibles à Madrid (-10,8% pour l’indice Ibex), où les caisses d’épargne n’ont plus d’autres solutions, pour éviter la faillite, que de fusionner ou se placer sous la protection de la Banque centrale espagnole.

Trappes à Dettes : L’immobilier espagnol aussi coupable que la dette d’Etat (cliquez sur le lien)

Et que dire de la Bourse d’Athènes (-17,1%), qui est ni plus ni moins le marché boursier le moins performant de la planète depuis le début de l’année (quasi -30%) juste derrière le Vénézuéla (-35% en euros). Ses banques et l’Etat restent profondément souscapitalisés, au point qu’un rééchelonnement de la dette publique grecque n’est pas à exclure. Aux mêmes causes, les mêmes effets, le Portugal (-4,5 % en mai et -16,4 % sur l’année) et l’Italie (-9,4 % et -15,9 %) sont également fortement sanctionnés.

 Compte tenu de la forte exposition des banques françaises et allemandes aux dettes des pays précités, on ne sera pas surpris de constater que les Bourses de Paris  (-8,11 % et -10,9 %), Francfort (-2,8 % et +0,12 %), ou Bruxelles (-4,2 % et -2,3 %) sont également dans la tourmente. Selon Jacques Cailloux, économiste auprès de la Royal Bank of Scotland, l’exposition des banques européennes aux dettes grecques, espagnoles et portugaises se chiffrerait à près de 1.000 milliards d’euros (à fin 2009), dont 230 mil¬liards d’euros rien que pour les banques allemandes et françaises.

Les bilans bancaires face à la crise de la Dette publique (cliquez sur le lien)

Mais l’explosion des créances douteuses n’est pas le seul fait des banques européennes, la problématique prend également corps en Chine où la bulle immobilière commence à se dégonfler.  Confrontée à une politique monétaire de moins en moins accommodante, la Bourse de Shanghai broie du noir (-9,7 % et -20,9 %, en dollars).

La bulle immobilière en Chine plus risquée qu’aux Etats-Unis (cliquez sur le lien)

… aux cycliques

Les déboires bancaires (en Europe, le secteur affiche des pertes de 9,8% sur le mois et de 10,3% depuis janvier) s’accompagnant de la fermeture progressive du marché interbancaire et des papiers commerciaux (dettes à court terme) aux banques les plus à risque, les craintes d’un nouveau « credit crunch » (assèchement des liquidités) ont refait leur apparition.

Mieux que le BDI(Baltic Dry Index): Suivre le Harpex et le Commercial Paper !!!! (cliquez sur le lien)

Or qui dit moindre octroi de crédit, dit aussi moindre consommation. Ce qui rejaillit sur les secteurs cycliques comme la construction (-11,4% en Europe), mais aussi sur les marchés émergents comme le Brésil (-12%) que la contraction des prix des matières premières (11,5% en moyenne depuis le début de l’année) met en difficulté.

Trouver des refuges

Seule bonne nouvelle pour le Vieux continent, la baisse de l’euro face au dollar (-16,5% depuis début janvier) permet aux exportations de gaggner en compétitivité et d’atténuer l’impact de la crise souveraine dont la manifestation la plus évidente est le maintien des taux longs grecs (7,7%) ou espagnols (4,3%) à des niveaux historiquement élevés. Seuls les emprunts d’Etats considérés comme les plus sûrs parviennent encore à trouver grâce aux yeux des investisseurs.

Ainsi les emprunts d’Etat allemands et américains ont-ils vu leurs rendements à 10 ans se détendre de 36 points de base pour rejoindre des niveaux historiquement faibles (ils ont été jusqu’à 2,55% en Allemagne et 3,06% aux USA). Les craintes de ralentissement économique s’accompagnant d’une évaporation de la menace inflationniste au profit de la déflation, les dettes étatiques à zéro coupon (les coupons et le paiement du principal sont scindés) ont également le vent en poupe. Aux USA, leur return a progressé, pour les papiers à 30 ans, de 16,7% en 2010, soit plus de trois fois les gains des emprunts d’État US indexés (3,5%) ou non (4,4%) sur l’inflation. Le changement est pour le moins radical: l’année passée, ces obligations à zéro coupon avaient enregistré des pertes de près de 47%.

Autre actif servant de refuge aux capitaux, l’or continue sa course aux sommets dans quasi toutes les devises. L’once d’or a dépassé en mai la barre symbolique des 1.000 euros. Il faut dire que l’aversion au risque fut ce mois-ci comparable à celle observée lors de la débâcle du fonds LTCM dans le sillage de la crise russo-asiatique de 1998-1999, ou des attentats du World Trade Center de 2001, ou encore de la faillite frauduleuse de World¬com en 2002.

Ce stress boursier, appréhendé par les indices VIX ou Vs¬toxx, a été mul¬tiplié par 4 aux USA et 2,6 en Europe.

Commentaire du Wolf : Tous les indicateurs virent au rouge… (cliquez sur le lien)

Du coté des Hedge Funds

Les hedge funds n’ont pas été épargnés par l’agitation des marchés

Avec la chute de 8% du CAC 40, les investisseurs ont souffert en mai. Les fonds spéculatifs, pourtant habitués à protéger leur capital, n’ont pas été épargnés : ils ont perdu 2,7% en moyenne le mois dernier, d’après des données de Bloomberg.

Même les meilleurs d’entre eux ont trébuché. Le fonds « Advantage » de John Paulson, connu pour avoir gagné des milliards grâce à la crise financière, a reculé de 6,9% sur les trois premières semaines de mai, selon les derniers chiffres compilés par Bloomberg.

« La meilleure stratégie dans ces moments là, c’est de conserver un maximum de liquidités », explique un gérant à l’agence de presse. Ou de parier sur la volatilité : le VIX, surnommé « l’indice de la peur » puisqu’il mesure la nervosité des marchés américains, a ainsi bondi de 45% le mois dernier.

source Luc Charlier echo mai10

EN COMPLEMENT : Performances en euros des marchés mondiaux d’actions mai10

Variation des indices MSCI en Euros

Europe Amérique du Nord Asie developpée Amérique Latine Asie emergente Europe Emergente & Moyen-Orient

Pays   Performance du 31/05/2010 Performance depuis le 30/04/2010 Performance depuis le 31/12/2009

Amérique Latine  1.83% -1.82% 6.49%

Argentine  -0.54% -3.98% 8.02%

Brésil  2.40% -3.92% 1.76%

Chili  0.43% 5.41% 16.95%

Colombie  -0.85% 5.97% 26.16%

Mexique  1.15% 0.69% 16.90%

Pérou  -0.54% 10.46% 19.58%

Venezuela  0.00% 0.00% 0.00%

  

Amérique du Nord  0.59% -0.47% 14.41%

Etats-Unis  0.50% -0.60% 14.22%

Canada  1.54% 0.77% 16.19%

  

Asie developpée  0.08% -2.82% 10.26%

Australie  -1.27% -10.12% -0.73%

Japon  0.44% -0.41% 15.10%

Nouvelle-Zelande  1.10% -6.48% -1.19%

Singapour  1.18% -1.89% 9.68%

Hong Kong  0.42% 0.66% 7.72%

  

Asie emergente  1.32% -1.36% 9.92%

Thaïlande  3.97% 5.26% 22.87%

Indonésie  4.81% 0.06% 25.89%

Taïwan  1.61% -2.28% 3.98%

Sri Lanka  1.53% 8.35% 23.32%

Philippines  0.84% 3.07% 20.62%

Pakistan  -1.79% -5.70% 10.69%

Malaisie  3.08% 0.68% 22.50%

Chine  0.84% 1.33% 6.98%

Corée  0.84% -6.11% 9.98%

Inde  0.84% -0.48% 14.55%

  

Europe  0.42% -5.67% -3.67%

Grèce  -0.86% -19.62% -33.31%

Allemagne  0.38% -4.64% -2.66%

Autriche  -0.60% -10.37% -4.50%

Belgique  0.04% -0.85% 1.06%

Espagne  -0.81% -10.91% -22.91%

Finlande  0.12% -7.20% 0.44%

France  -0.11% -7.49% -9.04%

Irlande  0.09% -13.14% -0.54%

Italie  0.22% -9.48% -15.75%

Pays-Bas  0.06% -4.95% -0.54%

Portugal  0.08% -4.18% -15.95%

  

Europe ex Euroland  0.80% -4.29% 1.81%

Suisse  0.54% -3.62% 1.14%

Suède  0.84% -6.93% 11.38%

Royaume-Uni  0.99% -3.92% 0.64%

Norvège  -1.55% -11.55% -9.94%

Danemark  0.36% -3.97% 19.44%

Euroland  -0.01% -7.16% -9.13%

  

Europe Emergente & Moyen-Orient  -0.24% -4.50% 8.56%

Russie  0.26% -5.46% 8.03%

Republique Tchèque  1.17% -5.24% 2.33%

Pologne  -0.68% -8.34% 2.46%

Jordanie  -2.33% 0.25% 3.24%

Israël  -3.43% -4.27% 4.80%

Hongrie  -0.26% -16.45% 1.00%

Egypte  3.00% -6.40% 21.11%

Afrique du Sud  -1.35% -0.11% 12.82%

Turquie  -2.21% -5.61% 12.57%

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Sell in may and go away: 10 ans de succès!

Selon une étude de Standard and Poors, les Bourses eu¬ropéennes réalisent, depuis 10 ans, de meilleures performances au début de l’année, avant de reculer dès le mois de mai jusque fin août. Ensuite, les actions se reprennent au cours des quatre derniers mois du calendrier. Le vieil adage londonien « sell in may and go away » se vérifie donc, et il est visiblement bien parti pour encore se confirmer cette année.

 Depuis le début du mois de mai, les actions européennes ont perdu en moyenne plus de 11%, selon l’indice de référence DJ Stoxx 600. Les valeurs liées aux matières premières et les bancaires ont dégringolé de près de 15%. Les secteurs les plus défensifs ont mieux résisté, ce qui n’a pas empêché les actions des groupes d’alimentation et le compartiment des soins de santé de plonger de 6% environ. Les investisseurs ont donc vendu massivement, tous secteurs confondus.

 La crise grecque, mais aussi aujourd’hui les prémices de sa contagion à l’Espagne, n’augurent pas de jours meilleurs pour les mois à venir, certains économistes entrevoyant même une baisse de 20% pour les actions dans les semaines qui viennent.

Alors le vieil adage très répandu dans les milieux boursier traditionnels « sell in may and go away » est-il en train de se véri fier? Selon une étude de Standard and Poors, rien ne serait plus sûr. 

Les auteurs ont constaté que sur les dix dernières années, une grande partie des Bourses européennes ont enregistré un return négatif au cours de la période estivale. Pas une place européenne n’a réalisé une meilleure performance en été par rapport au début de l’année.  »Nous voulions vérifier si le facteur saisonnier était réellement significatif en Europe, et il est désormais assez clair que c’est le cas », explique Alka Banerjee, vice-présidente Global Equities chez S&P. 

Bon nombre de raisons peuvent expliquer ce phénomène.  »Les afflux de capitaux sont réduits en été, les vacances influencent les activités de trading et les investisseurs pardonnent moins facilement les entreprises qui déçoivent au premier semestre », note Alka Banjeree. 

Partir, et revenir a temps

L’impact saisonnier sur le rendement des actions est plus prononcé au sein des premières économies européennes. Sur les dix dernières années, les actions allemandes ont enregistré un return de 3,33% de janvier à mai. A partir de là, et jusque fin août, elles ont reculé en moyenne de 1,42%, avant de se reprendre pour terminer l’année sur un return total (dividende compris) de 8,86%. L’Italie et la France ont évolué dans les mêmes proportions. 

La Finlande a cependant enregistré la pire performance estivale, avec une chute moyenne de 7,17% entre les mois de juin et août des dix dernières années, suivie du Portugal (-3,02%).

  Bien que l’adage soit originaire de la City, il s’est révélé moins vrai à la Bourse de Londres. Elle n’a reculé que de 0,11% en été après un gain de 2,46% sur les premiers mois de l’année.

L’étude de S&P a également montré que les quatre derniers mois du calendrier contribuaient le plus aux returns totaux de l’année. De fait, si les investisseurs doivent « s’en aller » en mai, il faut bien qu’ils reviennent un jour pour profiter du rallye de fin d’année. C’est pourquoi le dicton se termine par « stay away till St Leger’s Day », qui se réfère à une course hippique qui a lieu, depuis 200 ans, au tout début du mois de septembre.

Isabelle Dykmans echo mai 10

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  COMMENTAIRE DU WOLF : SELL IN MAY AND GO AWAY ?

Vendez en mai et partez. Ce vieil adage boursier est bien connu des investisseurs.

Mais en réalité, ce dicton est incomplet (comme souligné ci dessus)car il convient encore d’y ajouter and remember, come back in september (« et n’oubliez pas de revenir en septembre »). En d’autres termes, prenez de longues vacances mais n’oubliez pas, ensuite, de revenir sur les marchés !

Etudes contradictoires

• Diverses études ont démontré de fait que pendant les mois d’été, les Bourses avaient tendance à se montrer moins performantes que pendant le reste de l’année. Ainsi, une étude statistique sur la période de 1950 à 2009 pour l’indice américain S&P500 montre en effet, si nous prenons les rendements mensuels moyens sur cette période, que les rendements de mai à septembre sont plus faibles que pendant le reste de l’année.

D’un autre côté, d’autres études prétendent aussi qu’il est plus rentable de conserver ses actions toute l’année plutôt que de s’en séparer pendant les mois d’été. C’est le cas d’une étude de Fidelity en 2007, certes avant la crise, pour le marché d’actions français (Cac 40) ces vingt dernières années.

• Il est donc encore très difficile aujourd’hui de pouvoir tirer quelque chose de cet adage, les études, contradictoires, se limitant à un indice boursier bien précis ou étudiant des périodes de temps différentes. Et quand bien même l’adage se vérifierait pour tout le monde, cela n’impliquerait pas automatiquement que les marchés sous-performent  systématiquement de mai à septembre. Les marchés ont ainsi affiché une hausse phénoménale entre mars 2009 et mars 2010 et ceux qui ont vendu en mai 2009 sont donc passés à côté d’une part importante de la hausse.

La situation cette année est par contre totalement différente et la sagesse boursière s’impose résolument depuis que les marchés ont entamé, début mai, un sérieux plongeon. En réalité, les conclusions de telles enquêtes, pour autant que l’on y adhère, ne se vérifient qu’à très long terme.

Vendre chaque année en mai et repasser à l’achat en septembre est irréalisable. Les frais de transactions rogneraient en effet une part bien trop importante des bénéfices. De plus, les exceptions à la règle peuvent être très nombreuses en très peu de temps, comme l’ont montré l’année 2009 et ce début d’année 2010. Il est donc impossible, à court terme, d’en tirer profit.

A noté l’interessante  étude de Décembre 2009 “Riding Bubbles” de Nadja Guenster, Erik Kole and Ben Jacobsen  qui s’attache à analyser le phénomène des bulles des deux dernières décennies et à simuler l’effet des différentes stratégies d’investissement possible. Leur conclusion pour les investisseurs est catégorique : il vaut mieux participer à la bulle – ce qui va d’ailleurs contribuer à l’alimenter – que se tenir à l’écart, même en tenant compte de la « casse finale ».

EN LIEN : http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=1606083
…et  le commentaire qu’en fait le blog  cxoadvisory:
http://www.cxoadvisory.com/fundamental-valuation/bubbles-ride-watch-or-play-the-pop/#more-1565 (cliquez sur le lien)

  

 
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