Commentaire de Marché

Commentaire du Wolf : les Banques face aux Dettes Souveraines

Commentaire du Wolf : les Banques face aux Dettes Publics    

  Le problème des dettes souveraines est un nouvel écueil pour les banques. Celui de la Grèce est particulièrement inquiétant pour les françaises etles belges. L’impact potentiel est le plus important pour Dexia et Crédit Agricole

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  Investisseurs méfiants 

Les banques font à nouveau l’objet de méfiance.

Le taux auquel elles se prêtent de l’argent (à 3mois) reste élevé (0.537 au 8/6/10)  

LIBOR 3 MOIS EN DOLLARS : http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=US0003M:IND (cliquez sur le lien)

Les prêteurs hésitent à accorder des crédits aux banques exposées aux dettes souveraines qui posent problème. L’heure n’est cependant pas encore à la panique, mais à la crainte que les problèmes persistent, surtout à cause de la Grèce. La Grèce est en effet le pays de l’Europe du Sud qui accuse le risque le plus élevé de voir à moyen terme l’Etat partiellement incapable d’honorer les paiements relatifs à sa dette.

Parmi les banques  les françaises et les belges sont celles dont les fonds propres risquent le plus de souffrir du poids des dettes grecques (souveraines et privées). En Allemagne, Commerzbank est exposée à hauteur de 15% des fonds propres. Deutsche Bank est exposée aux dettes souveraines grecques, italiennes, espagnoles et irlandaises pour 10%. La situation est donc sérieuse. De très lourdes pertes sur ces dettes réduiraient sensiblement le niveau des fonds propres des banques concernées et donc leur solidité financière ; la confiance serait mise à mal, les banques auraient de grosses difficultés à se financer.

Dettes privées aussi/créances douteuses  

Le Crédit Agricole détient pour 25 milliards de dettes privées grecques. Au premier trimestre 2010, 20% des crédits octroyés par Crédit Agricole et Société Générale par l’entremise de leur réseau en Grèce n’ont pas été remboursés ou sont proches de ne pas l’être. Une nouvelle hausse est à craindre ces prochains trimestres. Si ce taux devait atteindre 30%, les fonds propres de Société Générale et BNP Paribas ne seraient amputés que de 1%. Pour le Crédit Agricole, il s’agirait de 7%.  

Dettes souveraines   

Si la Grèce est temporairement tirée d’affaire grâce aux aides européennes, il est probable qu’après 2012, sa dette publique soit restructurée.

Dans le cadre du développement de la situation en Grèce, plusieurs analystes se sont penchés sur les diverses possibilités d’évolution de sa dette et les différentes conséquences cas de restructuration. La probabilité d’une restructuration de cette dette à court terme est toutefois proche de zéro en raison du package d’aide perçu pour le refinancement dont la Grèce a besoin jusqu’en 2012.

 A partir de 2013, les données changent, et les effets d’une réussite ou non dans les différentes mesures prises pour améliorer la situation se feront sentir.

Si la Grèce ne parvenait pas à remplir entièrement en 2013  les critères requis par le package d’aide cité plus haut. Les conséquences seraient principalement à nouveau des transferts entre la zone Euro et la Grèce, ainsi que l’annulation de prêts bilatéraux et en dernier lieu, une restructuration volontaire de leurs emprunts Gouvernementaux.

Dans ce cas, l’histoire montre que lors des dernières restructurations volontaires, les taux de recouvrement étaient compris entre 60% (Ukraine) et 95% du notionnel (Rep. Dominicaine).

Une autre possibilité serait que la Grèce ne parvienne pas à remplir du tout les conditions fixées par l’Europe concernant l’aide actuelle, et que le gouvernement, dès lors, ne recevrait plus l’apport de liquidité dont il a besoin. Il en résulterait une brutale restructuration dès 2013, sans soutien en termes de liquidités transmises par les autrespays membres de la zone Euro. Le pays, plongé dans une récession profonde puisque le systèmebancaire serait sous stress, que le manque d’accès au crédit impacterait la fiscalité, et que l’accès à d’autres facilités de crédits’assècheront, mettra sous pression le reste de la zone Euro en terme de croissance

 Quel serait alors l’impact sur les banques exposées ?   

Imaginons à nouveau deux scénarios : pour le premier, une dépréciation de 30% (une dette valant 100 n’en vaudrait plus que 70) ; pour le second, de 50%. Aujourd’hui, les échéances de 5 à 7 ans se négocient avec une dépréciation de plus ou moins 20%.   

• Dans le premier scénario, les fonds propres de BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole subiraient une baisse de respectivement 2%, 1,5% et 0,5% (soutenable). Mais pour Dexia, ce serait 10%.   

• Dans le second scénario, l’effet oscillerait entre 1% (Crédit Agricole) et 3,5% (BNP Paribas).   

Des niveaux acceptables mais qui pourraient affecter la rémunération des actionnaires.   

Pour Dexia (qui a mis beaucoup de temps à dévoiler son exposition à la Grèce et reste muet sur son exposition aux autres pays su Sud), l’impact atteindrait 17% (catastrophique !).  

Exposition a la dette grecque   

                            DP       DS      (1)   

BNP Paribas 5            3        13   

Soc. Générale 3         4        16   

Crédit Agricole 1      25      60   

Dexia                  5          0      45   

DS = exposition à la dette souveraine en milliards d’euros ; 

DP=exposition à la dette privée en milliards d’euros ;

(1) poids de ces dettes en % des fonds propres.  

En conclusion l’impact des dettes à problèmes montre à quel point les banques peuvent avoir du mal à rassurer les investisseurs sur leur solidité. Le problème des dettes vient s’ajouter à celui des actifs toxiques qui, s’ils ne pèsent plus que très peu sur le résultat, restent présents au bilan. De quoi alimenter un peu plus la méfiance.

 A quelques exceptions près, les actions bancaires ne sont pas chères et certaines sont même bon marché. Mais au vu des circonstances, mieux vaut ne pas les acheter et pour tous ceux qui en posséderaient il est préconisé d’en vendre certaines. Le Crédit Agricole particulièrement, le risque de mauvaises nouvelles étant élevé…    

 EN COMPLEMENT : WSJ : Les valeurs bancaires US devraient rester sous pression 

Les banques américaines ont vu leurs résultats se redresser depuis le plus dur de la crise, mais leur valorisation boursière n’a pas suivi.   

Parmi les cinq plus grandes banques du pays, J.P. Morgan Chase (JPM), Bank of America, Citigroup, Goldman Sachs et Morgan Stanley, seul Goldman Sachs s’échange à un niveau supérieur à la valeur de ses actifs

De faibles multiples de valorisation tendent à attirer les investisseurs en quête de bonnes affaires. Mais ces derniers devront se montrer patients avant de pouvoir compter sur une revalorisation du secteur. En effet, les banques doivent encore affronter des obstacles de taille : les retombées de la crise du crédit en Europe, la réforme du secteur, les querelles internationales autour des obligations en matière de fonds propres et l’incertitude qui entoure la reprise économique – sans parler des emprunts risqués qui se trouvent dans leurs comptes.

Les valorisations boursières actuelles reflètent ces difficultés. Selon UBS, il faut les comparer à des valorisations historiques de l’ordre de deux fois la valeur des actifs.

Selon un rapport de Credit Suisse publié vendredi, le rendement sur fonds propres de 10% attendu en moyenne par les grandes banques cette année justifierait des valorisations supérieures de 40% à 50% aux niveaux actuels.

La rentabilité des fonds propres des 20 premières banques américaines, de 12% en moyenne actuellement, impliquerait même une valorisation de 1,5 fois à 2 fois la valeur comptable, estime Jason Goldberg, analyste chez Barclays Capital.

Cependant, ces niveaux de rendements sont appelés à fléchir sous l’effet des nouvelles exigences réglementaires en matière de fonds propres et de possibles pertes sur créances douteuses, ajoute l’analyste de Barclays.

Les banques devraient par ailleurs connaître des difficultés dans leur activité de prêts, en raison du caractère irrégulier et incertain de la reprise, comme l’a démontré le rapport sur l’emploi décevant de vendredi aux Etats-Unis.

Cela ne signifie pas que les valorisations des titres bancaires ne rebondiront pas à terme. Mais ce processus a peu de chance de se produire dans un avenir proche.

David Reilly, Wall Street Journal juin10   

ON LIRA AVEC ATTENTION : DEPOSIT FACILITY : AU COEUR DE LA CRISE FINANCIERE (BLOG QUI PERD GAGNE) (cliquez sur le lien) 

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6 réponses »

  1. Mercredi 9 juin 2010 :

    Les banques européennes ont parqué un nouveau record de liquidités auprès de la BCE.

    Les banques implantées en zone euro ont parqué un nouveau montant record de liquidités auprès de la Banque centrale européenne (BCE), selon des chiffres annoncés mercredi qui reflètent une nervosité persistante sur le marché monétaire.

    Les établissements ont eu recours en masse à la facilité de dépôt au jour le jour, déposant 364,58 milliards d’euros mardi, soit quelque 3 milliards de plus que la veille. La BCE rémunère ces placements au taux de 0,25 % seulement.

    Comme après la faillite de la banque d’affaires américaine Lehman Brothers en septembre 2008, les banques – échaudées par la crise de la dette en zone euro – ne se prêtent pratiquement plus entre elles.

    http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=7e64090d9495cd5a678ac2b79840ecc9

    Les banques européennes ne se prêtent plus d’argent entre elles ?
    Ah bon ?
    Pourquoi ?
    Les banques européennes ne se font plus confiance entre elles ?
    Ah bon ?
    Pourquoi ?

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