Europe

Jean Pierre Petit : Que peut donc faire David Cameron? (2/3)

Jean Pierre Petit : Que peut donc faire David Cameron? (2/3)

L’ÉTAT DES FINANCES PUBLIQUES.

Jean-Pierre Petit  Aujourd’hui, le déficit réalisé entre avril 2009 et mars 2010 a atteint 163 milliards de livres (11,6% du PIB). Le record d’après-guerre.

PLUS DE PETIT EN SUIVANT :

Il y a eu en fait une dégradation graduelle des finances publiques depuis le début des années 2000, à la suite des mesures prises par le gouvernement travailliste. Les dépenses publiques étaient ainsi passées de plus de 37 % du PIB en 1999 à plus de 43% en 2007 avec un rôle sensible du secteur public dans la création d’emplois. La pression fiscale avait beaucoup monté avec la hausse des charges sociales et de la taxation directe des ménages. Le déficit de l’Etat avait atteint (puis dépassé) le seuil des 3% au sens de Maastricht à partir de 2003 et la dette publique (en % du PIB) a ainsi continuellement progressé.

Cela étant la dette publique (en % du PIB) avant la crise était l’une des plus faibles parmi les pays occidentaux (45% du PIB en 2007).

Mais ceci s’expliquait pour une grande part par la montée vertigineuse de la dette privée, en particulier des ménages.

Depuis 2007, la détérioration des finances publiques est l’une des plus spectaculaires du monde occidental.

Selon le FMI, la hausse du ratio dette publique/PIB entre 2007 et 2014 devrait atteindre presque 55 points (pour atteindre quasiment 100%, 73% aujourd’hui).

Du point de vue des agences de rating, la situation des finances publiques britanniques est très vulnérable.

Tout d’abord, la charge de la dette pourrait dépasser 10 % des recettes fiscales avant 2012, seuil qui met en danger la notation AAA selon la méthodologie des agences de notation, lesquelles ont déjà placé le pays sous surveillance négative (S&P).

 Ensuite, la capacité à attirer l’épargne étrangère est jugée moins forte qu’aux Etats- Unis, en France ou en Allemagne, la livre ne bénéficiant pas du même statut que le dollar ou l’euro

Enfin, la capacité du gouvernement à réellement réduire le déficit selon les objectifs affichés (réduction de la moitié du déficit d’ici 2014) reste incertaine, alors que ni le programme électoral des Conservateurs, ni celui des Libéraux-Démocrates, les deux partis aujourd’hui au pouvoir, ne présentaient de mesures suffisantes pour y parvenir et que les libéraux- démocrates souhaitaient même initialement attendre au moins 2011avant de procéder à des ajustements restrictifs.

Aujourd’hui, le déficit réalisé sur avril 2009-mars 2010 a atteint 163 milliards de livres (11,6% du PIB),le record d’après-guerre. Et selon les dernières prévisions du FMI, le ratio sera le plus élevé du G7 tant en 2010 qu’en 2011.

D’ores et déjà, 6 milliards de livres (0,4% du PIB) de coupes dans les dépenses ont été annoncées, sachant que le nouveau budget d’urgence sera présenté le 22 juin. Un point important à noter ; il sera précédé d’un rapport du nouvel organisme indépendant (Office for Budget Responsibility), inspiré de Suède (Swedish Fiscal Policy Coucil) en charge de prévisions économiques et budgétaires et d’évaluation des performances gouvernementales eu égard aux objectifs.

Nul doute en tous cas que l’orientation budgétaire sera sensiblement durcie par rapport à celle du précédent gouvernement de G Brown. Celui prévoyait une réduction graduelle du déficit public/ PIB à 4% en 2014-15. Maisce plan était critiqué pour au moins trois (légitimes) raisons.

D’une part, le rythme de réduction du déficit était trop lent, compte tenu de la pression des agences de notation.

 D’autre part, les hypothèses de croissance étaient parfaitement irréalistes (3% de croissance réelle annuelle à partir de 2011).

Enfin, le manque de transparence sur les coupes budgétaires.

C’est sur ces trois plans qu’il faut s’attendre à une sensible accentuation du resserrement à la fin juin._

JEAN-PIERRE PETIT économiste et  Stratégiste de marché juin10

BILLET PRECEDENT : Jean Pierre Petit : Que peut donc faire David Cameron? (1/3) (cliquez sur le lien)

EN COMPLEMENTS INDISPENSABLES :

Commentaire : La discrète déchéance de l’Angleterre (cliquez sur le lien)

Martin Wolf : La Grande Bretagne sur un fil… (cliquez sur le lien)

Allemagne/Royaume Uni : Des perspectives très différentes pour deux pays particulièrement touchés par la crise (cliquez sur le lien)

Commentaire : Royaume Uni / La montée du risque politique (cliquez sur le lien)

Commentaire : Royaume uni / Le patient est en vie mais le pronostic demeure défavorable (cliquez sur le lien)

Bruno Bertez : Le Royaume-Uni pire que les Piigs (cliquez sur le lien)

 
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Catégories :Europe, Trappe à Dettes

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4 réponses »

  1. Que peut donc faire Zapatero ?

    Mardi 13 avril 2010 : l’Espagne a lancé un emprunt à 3 ans. Elle a dû verser un taux d’intérêt de 2,04 %

    Deux mois plus tard, jeudi 10 juin 2010 : l’Espagne lance de nouveau un emprunt à 3 ans. Elle doit verser un taux d’intérêt de … 3,39 % !

    Vous avez bien lu : en deux mois, le taux d’intérêt pour un emprunt à 3 ans est passé de 2,04 à 3,39 % !

    A titre de comparaison, l’Allemagne emprunte à 3 ans en versant un taux d’intérêt de 0,607 %.

    Plus les jours passent, plus l’Espagne emprunte à des taux d’intérêt de plus en plus élevés.

    Plus les jours passent, plus l’Espagne se surendette.

    Plus les jours passent, plus l’Espagne se rapproche du défaut de paiement.

    http://www.bloomberg.com/apps/cbuilder?ticker1=GSPG3YR%3AIND

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