Art de la guerre monétaire et économique

Jeannette Williner :Et si l’Europe se mettait à raisonner à l’américaine?

Jeannette Williner :Et si l’Europe se mettait à raisonner à l’américaine?

La leçon grecque n’a pas suffi. L’UE continue d’aborder ses problèmes dans une logique par trop politique

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Il faut beaucoup d’imagination car cela présupposerait que l’on produise, biens et services, pourorganiser, dans les intérêts européens, une politique européenne sans le respect actuel des meneurs de jeu qui se rapporte au passé.

Si l’on veut parvenir à ancrer la devise européenne dans une autredimension qu’une illusion c’est à cela qu’il faut parvenir. Est-il possible de seulement supposer que les Etats-Unis prennent des mesures anti-inflationnistes impliquant un chômage plus élevé et une croissance ralentie uniquement en considération de l’équilibre de la balance des paiements?

Ils n’élaborent et n’appliquent d’autres règles du jeu que celles qui tournent à leur avantage propre.

Mais bien sûr dans un climat de résistance suffisamment étayé par un argumentaire de circonstances, cette grande démocratie ouvrira les débats. Encore faut-il que les interlocuteurs aient une idée du but qu’ils poursuivent et l’expriment clairement et d’une seule voix.

Jamais les Européens n’ont eu cette attitude qui pourtant est logique: on agit d’abord dans l’intérêt de sa sphère! Par contre, dans les négociations le verbe reste haut de façon stérile. Et de plus ellessont très loin d’être concises et rapides.

Bien sûr c’est le problème des pays impliqués mais aujourd’hui leurs nationaux souhaiteraient que la politique économique et financière soit menée avec un peu plus de dynamisme et que certains écueils cessent d’être occultées par des politiques qui pensent certainement de plus en plus que le peuple est trop ignorant pour comprendre.

L’histoire de la monnaie européenne ne peut-être que tourmentée.

Cela fait plus de trente ans que l’on constate que les structures économiques sont inégales, que les salaires continuent de ne pas être harmonisés (pire, qu’aucune action convaincante n’est entreprise dans ce domaine). Il en va bien sûr de même des fiscalités et des charges sociales, conditions pour parvenir à une politique budgétaire tendant vers l’unification.

Le semblant de cohésion qui a semblé se dégager de l’Europe élargie n’est pas du à l’appartenanceà une entité nommée Union européenne mais au simple développement de la mondialisation.

Centres industriels et financiers ont commencé à coopérer de par le monde, dépassant les limites artificielles des Etats. Industries, centres techniques… continuaient d’exporter des marchandises et des servicesmais ce sont les échanges d’hommes et d’actifs culturels qui ont construit cette sorte d’harmonisation mondiale qui ne relève pas de progrès à attribuer à un bilan européen positif. Si le contraire était vrai l’accident grec, avec l’intervention des spécialistes américains des crédits, n’aurait tout simplement pas pu se produire.

Autre signe, les relations entre les banques européennes sont loin de refléter une parfaite union. Que les groupes financiers perdent du prestige dans l’esprit des investisseurs et que de ce fait ils s’effondrent en bourse c’est une chose.

Ce qui est plus grave est qu’ils se montrent extrêmement timorés lorsqu’il s’agit de se prêter des fonds pour passer des échéances.

Tous les experts s’accordent pour marteler que la nature des problèmes est connu: il s’agit de dettes publiques. Certes, on ne demande qu’à les croire mais les dettes publiques peuvent être tout aussi toxiques que d’autres actifs. Il suffit de constater les investissements faits par les établissements bancaires dans emprunts grecs ou autres.

Sans autre intervention publique, ces établissements étaient proches de là situation Lehhman.

Aujourd’hui, ils risquent encore d’essuyer des pertes correspondant à une part non négligeablede leur capital propre.

On relève que la leçon grecque n’a pas suffit. Quotidiennement l’explication est pourtant donnée.L’Allemagne et la France prêtent à la Grèce des capitaux qu’elles empruntent sur le marché. Les investisseurs se ruent sur les obligations allemandes et françaises (avec plus de retenue et à un taux souvent 50 points de base plus coûteux pour les secondes). A tel point que les taux d’intérêt de ces débiteurs ont baissé. Le taux d’intérêt du Bund allemand (emprunt de référence à dix ans) était à fin mai dans ses plus bas niveaux (2.6%). Le Portugal emprunte à 4.6%. Quant à la Grèce, la hausse des taux n’avait plus de limite.

L’investisseur a un coupon moindre et une garantie extrêmement restreinte en cas de crise financière grave. Cette garantie supplémentaire ne le protège nullement d’un moratoire durant lequel son taux de rémunération pourrait rester à ces très bas niveaux voire être supprimé.

Lorsque le président du gouvernement espagnol Zapatero évoque sa vision de l’Europe, il constate que l’Union monétaire existe, que le marché monétaire unique est incontestable mais que l’union économique semble très éloignée. C’est un contresens.

Une union monétaire ne peut qu’exploser si l’union économique en est absente. Le vieux « serpent « monétaire n’avait aucune chance de pérennité du simple fait que les actions de la politique économique étaient très inégales d’un pays à l’autre. De ce fait, les politiques économiques menées ailleurs, et qui n’ont aucune raison d’être favorables à l’Europe, ont des conséquences dévastatrices.

Les voeux de M. Zapatero sont justes mais leur mise en oeuvre à travers un modèle de croissance européen semble malheureusement fort éloignée des préoccupations du moment. Sous sa présidence, on se satisfera vraisemblablementde l’adhésion de l’UE à la Convention européenne des droits de l’homme et de la mise en oeuvre du Plan pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes de l’UE dans un paysage économique dévasté et une Union monétaire dont l’avenir dépendra du bon vouloir des Asiatiques et des Américains.

L’Europe n’est vraiment pas prête à raisonner comme les Américains.

JEANNETTE WILLINER Analyste financier indépendant  JUIN10

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1 réponse »

  1. Les présidents des grands pays européens parlent, parlent, parlent. On n’entant peu le président de l’U.E. et son administration. A croire que les gens de Bruxelles n’existent plus… Que les milliards investis dans le système n’a servi qu’a payer des salaires et qu’il n’y a rien de construit en l’état !

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