Andreas Hofert : Actions le discrédit d’une classe d’actifs ?
ACTIONS/ Leur performance a été étroitement corrélée à celle d’autres placements à risque d’où un intérêt peu évident en termes de diversification
LA MORT DES ACTIONS N’EST PAS UNE THÈSE NOUVELLE. ELLE FAISAIT DÉJÀ LACOUVERTURE DU MAGAZINE «BUSINESSWEEK» EN AOÛT 1979. LES ARGUMENTS DE CET ARTICLE NE SONT PAS ÉLOIGNÉS DE CEUX D’AUJOURD’HUI
Le Dow Jones oscille autour des 10.000 points et le S&P 500 plafonne à 1000, des chiffres déjà observés il y a dix ans. Pire, corrigé de l’inflation, le marché actions américain se négocie aux niveaux de 1996. Les actions sont elles en train de mourir de causes naturelles ou sortiront-elles de leur coma?
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C’en est fini du vieil adage: «Des actions pour le long terme», semble-t-il. Finies aussi les prévisions de ceux qui, pendant la bulle technologique du début de ce siècle, voyaient le Dow Jones culminer à 35.000,40.000, voire 100.000 points dans la décennie suivante.
Il convient de noter qu’un des auteurs de l’ouvrage Dow 40.000, d’il y a dix ans, Harry Dentvient de publier un nouveau livre intitulé The coming depression (La dépression à venir). Sises prévisions s’avèrent aussi exactes maintenant qu’il y a dix ans, alors il y a de l’espoir pour l’économie mondiale.
Le néo-pessimiste Harry Dent n’est cependant pas seul. De plus en plus d’analystes et d’experts sonnent le glas des actions en tant que placement et les enterrent pour plusieurs raisons.
D’abord et surtout la performance des actions dans les pays développés a été très mauvaise ces dix dernières années. Certes, la performance passée n’augure rien pour l’avenir, mais l’histoire nous sert souvent à comprendre le futur. C’est pourquoi le suivi et l’extrapolation de tendances restent parmi les techniques de prévision les plus fréquemment utilisées.
Or, une telle extrapolation donne aujourd’hui des perspectives peu réjouissantes pour les actions.
En outre, certains stratèges estiment que les actions ne sont plus une classe d’actifs autonome.
Ces huit dernières années en gros, elles ont évolué en phase avec le «carry trade», cette stratégie de placement en devises qui consiste à emprunter sur les marchés à faibles taux et investir dans ceux à haut rendement.
Mais la performance des actions a aussi été étroitement corrélée à celle d’autres placements à risque, d’où un intérêt oins évident en termes de diversification.
Par ailleurs, les investisseurs institutionnels sont soupçonnés d’être les vrais teneurs des marchés actions. Selon les statistiques de la Fed, les ménages américains détiennent moins de 40% du marché américain des actions, contre plus de 50% pour les investisseurs institutionnels.
Dans les années 1950, plus de 90% de ce marché étaient aux mains des particuliers.
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Enfin, la forte volatilité du marché actions depuis 2007 a réduit l’attrait de cette classe d’actifaux yeux des investisseurs privés à la recherche de rendements stables.
Il est intéressant de noter que la mort des actions n’est pas une thèse nouvelle. En août 1979, elle faisait déjà la couverture du magazine américain Business Week. Les arguments de cet article ne sont pas éloignés de ceux d’aujourd’hui.
«Les actions sont plus que jamais le territoire des investisseurs institutionnels géants», accusait-on.
L’article dénonçait aussi le fait que «pendant plus de dix ans,les meilleurs rendements ont été obtenus par les investisseurs les plus prudents».
Enfin, il constatait qu’ «effectivement, en renouvelantsans cesse des placements en titres à court terme, les investisseurs ont obtenu des rendements bien meilleurs qu’avec les actions et lesobligations». Un air de déjà vu?
Il existe pourtant une grosse différence aujourd’hui:l’inflation.
C’était la principale préoccupation en 1979, avec une envolée des prix à la consommation de 13% aux Etats-Unis cette année-là. Actuellement l’inflation ne pose pas de problème, du moins jusqu’ici.
Le chant funèbre entonné en 1979 pour la «mort des actions» avait un bon côté. Loin de sonner le glas, il y a trente ans, il avait précédé le plus long et le plus fort rally du marché des actions de l’histoire. «L’histoire ne se répète pas mais elle rime», comme le disait Mark Twain. Reste à espérer que cette remarque est valable aujourd’hui.
Car l’on ne vit jamais si bien que lorsque l’on est donné pour mort.
ANDREAS HÖFERT Chef économiste UBS
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