Commentaire de Marché

Fin de l’ère des diktats des grévistes fonctionnarisés

Fin de l’ère des diktats des grévistes fonctionnarisés

Les gouvernements devraient trouver aujourd’hui le courage d’appliquer l’austérité. Car il n’y a pas d’alternative.

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La mode est au masochisme. Quel pays européen ne se dote pas de son programme d’austérité, même inutile ou absurde comme dans le cas allemand? Le gouvernement de coalition britannique a dévoilé son «budget d’enfer», pour reprendre l’expression dont l’a affublé une partie de la presse.

Au Royaume Uni comme ailleurs, c’est le secteur public qui est le plus touché. Qu’il ait fallu cette crise pour susciter la volonté politique de corriger le déséquilibre entre les privilèges du secteur public (notamment la retraite précoce et confortable des fonctionnaires) et la dure réalité du secteur privé, relève de la tragédie.

L’opposition sera virulente dans de nombreux pays, mais pour la première fois sans doute en plusieurs décennies, les gouvernements, d’ordinaire habitués à plier devant les grévistes fonctionnarisés, devraient trouver cette fois, le courage de mener à bien ces réformes.

Il semble de toute façon, qu’il n’y ait pas d’autre alternative.

Il aurait pu s’en trouver il y a plusieurs années, lorsque l’excès des dépenses était gommé par l’inflation des actifs.

On relèvera cependant que de vivre au-dessus de ses moyens n’a jamais été une pratique durable et qu’à la lumière du contexte actuel, l’austérité devient inévitable. Les marchés obligataires ont été les premiers à ressentir les tensions créées par les inévitables changements et cette situation devrait perdurer quelque temps encore.

Les plans d’austérité préconisés par la plupart des économies occidentales sont censés remettre de l’ordre, redonner confiance aux investisseurs et aux entreprises, puis permettre à l’économie de repartir sur des bases plus saines. Nous voulons nous en convaincre, mais peut-être prenons-nous nos désirspour des réalités. Nombre d’analystes estiment qu’avant de voir le secteur privé prendre la relève, l’assouplissement quantitatif a encore de beaux jours devant lui. Ils admettent à contrecoeur la nécessité d’un rééquilibrage budgétaire, mais (comme St-Augustin voulait la sagesse) … pas tout de suite.

Pour l’heure, l’avantage politique est à ceux qui sont pressés; par contre nombreux sont ceux qui préféreraient observer d’abord le modèle britannique.

Les Etats-Unis (et la Suisse dans une moindre mesure) sont les grands absents de cette vague d’ascétisme qui submerge les politiciens

Nous entendons que ces derniers l’ont élaboré et imposé, dans le but d’inféoder la finance à des principes républicains. Ce travers n’a pas cours Outre-Atlantique où cette subordination relève de l’absurde.

Washington peut encore se permettre une gestion fiscale plus laxiste, grâce surtout à sa position si enviée mais ô combien délétère de monnaie de réserve. Tel n’est cependant pas le cas de ses Etats et municipalités, où les services publics font l’objet de restrictions draconiennes (voir les articles à cet effet dans le «Time Magazine» et «The Economist»).

Qu’ils résultent d’un cadre formel ou des forces du marché, l’austérité et ce rigorisme débouchent inéluctablement sur une baisse du niveau de vie. Il y a bien des années, nous affirmions que le rééquilibrage mondial basculerait de l’ouest vers l’est. Il est vrai qu’alors, ce retournement nous semblait concerner principalement les Etats-Unis; il est désormais évident que l’Occident dans son entier ne pourra y échapper. Un accord avec l’évolution constante de nos opinions, il devient chaque jour plus évident que le risque de déflation s’est aujourd’hui substitué à celui de l’inflation. Le fait que Bernanke appréhende la réévaluation du RMB (autrement dit, la dévaluation du dollar) comme moyen d’injecter une dose d’inflation aux Etats-Unis, en dit long!

ROY DAMARY Bridport Investor Services JUIN10

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