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Les banques européennes toujours frileuses à prêter

Les banques européennes toujours frileuses à prêter

Selon des données fournies par la BCE, « les banques ne sont toujours pas disposées à prêter ». Les mesures de soutien exceptionnelles de la BCE sont toujours nécessaires.

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Les prêts au secteur privé en zone euro ont poursuivi leur redressement en mai, selon des chiffres de la Banque centrale européenne (BCE) publiés lundi, mais l’alerte est loin d’être levée sur le front du crédit. Ces prêts ont progressé de 0,2% en mai sur un an après une hausse de 0,1%, le mois précédent, selon des chiffres provisoires annoncés lundi par la BCE.

Une reprise modérée des crédits, qui avaient régulièrement baissé jusqu’en avril, semble ainsi se confirmer, mais reste insuffisante pour écarter le risque d’une pénurie du crédit préjudiciable à la reprise économique en cours, selon les économistes.

« Bien que le taux de croissance annuel (de ces crédits) soit sur une pente positive, il reste loin en dessous du taux annuel moyen de 7,5% enregistré depuis début 1999 », note Ben May de Capital Economics. Ces chiffres « suggèrent que les banques ne sont toujours pas disposées à prêter », et soulignent la nécessité pour la BCE de maintenir ses mesures de soutien exceptionnelles, ajoute-t-il.

L’économiste évoque également le risque de nouvelles perturbations sur le marché monétaire lors de l’expiration jeudi de la première opération exceptionnelle de refinancement sur un an de la BCE.

Les banques de la zone vont alors devoir rembourser 442 milliards d’euros de crédits, ce qui réduira massivement la masse monétaire, et elles pourraient en prévision emprunter massivement lors d’une opération sur trois mois de la banque centrale mercredi.

De son côté, la masse monétaire M3, indicateur avancé d’inflation en zone euro, s’est contractée de 0,2%, comme le mois précédent, a également indiqué la BCE. Les économistes s’attendaient à une hausse de 0,4%, selon le consensus publié par l’agence Dow Jones Newswires.

« La quasi-stagnation de la masse monétaire M3 montre clairement que le thème de l’inflation ne devrait pas revenir sur la table en zone euro dans un futur proche », note Heinrich Bayer, de Postbank.Cela témoigne aussi du peu de croissance économique à attendre de la zone euro.

EN COMPLEMENT  : La Banque centrale européenne (BCE) devrait allouer 210 milliards d’euros aux banques lors de son adjudication à trois mois mercredi, à la veille de l’échéance historique de 442 milliards de refinancements à un an, montre une enquête de Reuters.

Les estimations des 27 professionnels du marché monétaire interrogés s’échelonnent de 12 à 400 milliards d’euros.

L’an dernier, la BCE avait alloué 442 milliards d’euros à un an au taux fixe de 1,0%, que les établissements financiers doivent rembourser jeudi, 1er juillet.

Interrogé sur leur estimation du montant de liquidités excédentaires qui restera disponible sur les marchés en euro après l’expiration des fonds à un an, les professionnels ont donné des réponses dont la médiane ressort à 150 milliards d’euros.

Le taux Euribor trois mois , considéré comme le principal baromètre du marché interbancaire en euro, se situait à 0,754% au fixing de lundi. Il devrait atteindre 0,80% d’ici un mois selon l’enquête de Reuters, et 0,90 dans trois mois.

Le taux au jour le jour Eonia devrait parallèlement monter à 0,43% dans un mois, puis 0,50% dans trois mois, contre 0,321% vendredi.

Ceci témoigne du peu de confiance qu’ont les banques européennes à se préter entre elles actuellement….

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Les banques face à une montagne de dettes à refinancer

Un rapport de la Banque d’Angleterre avertit que les banques mondiales, et particulièrement européennes, doivent refinancer 5000 milliards de dollars d’ici à trois ans

La Banque d’Angleterre tire la sonnette d’alarme sur les énormes besoins de refinancement des banques européennes dans les trois années à venir. Son étude semestrielle sur le secteur financier indique que les grandes banques mondiales ont 5000 milliards de dollars de dette qui doivent être remboursés ou refinancés dans les trois années à venir. Si les banques britanniques sont celles pour qui le problème est le plus aigu, celles de France, d’Italie et d’Allemagne sont aussi mises en avant par le rapport.

Celui-ci est particulièrement détaillé pour les banques britanniques, qui devront repayer entre 750 et 800 milliards de livres (910-970 milliards d’euros) d’ici à fin 2012. «Cela nécessiterait de lever 25 milliards de livres par mois pendant les deux prochaines années et demie. C’est nettement plus que les 12 milliards par mois en moyenne depuis le début de l’année», souligne le rapport.

Si les banques britanniques doivent donc doubler leur refinancement, les banques allemandes doivent les augmenter de 50% en 2011, selon le rapport. Quant aux banques françaises, elles doivent émettre sur les marchés les mêmes montants qu’entre 2005 et 2007, avant la crise.

La Banque d’Angleterre ajoute que se financer sur les marchés sera d’autant plus difficile que toutes les banques vont le faire en même temps. De plus, la tâche est compliquée par la crise de la zone euro. Celle-ci, provoquant une panique sur la dette souveraine, a pratiquement arrêté l’activité du marché des obligations d’entreprise. «Les conditions de financement se sont détériorées significativement», estime le rapport.

La Banque d’Angleterre continue d’enfoncer le clou en estimant que les banques britanniques ne peuvent pas non plus compter sur une augmentation des dépôts de leurs clients pour se financer. Du moins, elles ne peuvent pas toutes le faire en même temps, même si les Britanniques se mettent à épargner plus (donc à conserver plus d’argent dans les banques). «Il y a un risque que les banques britanniques comptent collectivement sur une croissance forte des dépôts.»

Le rapport n’en conclut pas que le refinancement ne sera pas faisable, mais qu’il risque d’être très coûteux, réduisant d’autant les marges des banques, déjà mises à mal par la crise. C’est particulièrement vrai si la crise de l’euro continue: «Par le passé, le coût de la dette des banques augmentait de 80 points de base pour une hausse de 100 points de base du rendement des obligations d’Etat.»

La conclusion? Pour Vicky Redwood, économiste à Capital Economics, cela signifie que les banques britanniques ne vont pas augmenter leurs prêts aux entreprises et aux consommateurs, limitant d’autant la reprise économique outre-Manche. «Le plan de rigueur est la principale menace qui pèse sur l’économie britannique, mais les problèmes non résolus du secteur bancaire sont juste derrière.»

 Par Eric Albert, Londres le temps juin10

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WSJ : il est encore trop tôt pour parier sur les banques US

Les actionnaires des banques américaines savent au moins ce que la loi sur la réforme de la régulation financière pourrait leur réserver de pire.

Cela ne constitue pas en soi une raison suffisante pour investir dans le secteur. Mais il est toujours rassurant de savoir que les risques encourus sont limités, surtout dans un contexte où les actions des grandes banques se négocient autour de leur valeur comptable, voire en deçà.

Tant que que les contours du projet de loi demeuraient flous, une mesure imprévue risquait de venir perturber le modèle économique des banques ou leurs activités les plus lucratives. Ce risque a maintenant quasiment disparu.

En outre, la dernière mouture du projet de loi sur laquelle les parlementaires américains se sont entendus vendredi correspond globalement aux attentes du marché. Les restrictions imposées aux banques en matière de trading pour compte propre sont sévères, comme anticipé. Mais le projet tant redouté de les contraindre à se défaire de leurs activités de dérivés a été édulcoré.

Cette levée des incertitudes devrait permettre aux valeurs bancaires de regagner du terrain.

Cette progression ne sera cependant pas sans embûches. Pour commencer, le nouveau texte n’empêchera pas la réforme d’avoir un impact sur les résultats financiers. Avant l’adption de la version définitive vendredi, Keith Horowitz, analyste de Citigroup, estimait que la loi risquait de réduire le bénéfice normatif de Goldman Sachs de 23% et celui de J.P. Morgan Chase de 18%.

L’ampleur de cet impact dépendra de la deuxième phase de la réforme : la mise en application par les régulateurs bancaires du cadre législatif adopté par le Congrès. Or, ce processus pourrait prendre deux ans.

Les régulateurs doivent notamment définir ce que recouvre la notion de trading pour compte propre, et comment son interdiction affectera les activités de teneur de marché des établissements. Il faudra également clarifier la modification apportée aux « règles Volcker » pour permettre aux banques d’investir jusqu’à 3% de leurs fonds propres Tier 1 dans des fonds spéculatifs et des fonds de capital-investissement.

Son impact pourrait être important : Goldman Sachs avait environ 15,5 milliards de dollars investis dans des fonds à la fin du premier trimestre, alors que 3% de ses fonds propres Tier 1 représentaient seulement 2,05 milliards de dollars. Morgan avait environ 4,6 milliards de dollars dans des fonds, alors que 3% de ses capitaux Tier 1 équivalaient à 1,5 milliard de dollars.

Les nouvelles règles sur les dérivés doivent être mieux définies. Et la question des fonds propres des banques est encore plus cruciale. Le nouveau texte stipule que les banques doivent en détenir davantage mais laisse le soin aux régulateurs de déterminer combien et sous quelle forme.

Tant qu’elles n’en sauront pas plus sur les exigences de fonds propres, les banques s’abstiendront sans doute de distribuer de la trésorerie aux actionnaires et elles limiteront leur octroi de nouveaux crédits.

Mais le principal danger pour les banques n’est ni politique, ni réglementaire et pourrait venir d’une reprise plus faible que prévu ou d’une rechute du marché immobilier. Tant que la reprise ne paraîtra pas plus robuste, le soulagement apporté par l’adoption de la réforme ne pourra être que relatif.

-David Reilly, The Wall Street Journal JUIN10

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