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Jean Pierre Petit : Le fort potentiel de rattrapage de l’Inde (2)

Jean Pierre Petit : Le fort potentiel de rattrapage de l’Inde (2)

Jean-Pierre Petit  Le pays pourra compter sur un large réservoir de main-d’oeuvre à l’avenir. Compte tenu de l’importance de sa jeunesse.

PLUS DE PETIT EN SUIVANT :

Il est évident que la Chine constitue aujourd’hui une puissance économique, commerciale et financièrede tout premier plan. Premier exportateur mondial, la Chine est également très présente financièrement.

 Ainsi la Chine est de plus en plus présente sur le marché des Fusions/Acquisitions mondiales, les transactions concernant la Chine passant de 15 à 105 Mds d’USD entre 2004 et 2008. Surtout, le poids des acquéreurs chinois dans ces transactions est passé de 30 à 65%.

 La puissance financière chinoise s’illustre aussi plus généralement par les réserves de change (plus dutiers des réserves mondiales) que par les investissements directs étrangers, dont elle ne détient que 1% du stock mondial.

Cependant le type d’investissement traduit bien les choix chinois: la Chine prend le contrôle des cibles étrangèresdans 72% des opérations, qui se concentrent pour un tiers sur les ressources financières et pour un tiers sur les financières .La Chine est plus en retrait sur le plan technologique et militaire, mais elle est en voie de rattrapage.

Si la part des dépenses militaires dans le PIB chinois reste faible par rapport aux USA, elle augmente légèrement et, surtout, la croissance des dépenses de défense est supérieure à celle des USA depuis le milieu des années 90.

La puissance politique de la Chine est également évidente. Aucun dossier sensible comme celui de la Corée du Nord, et même aujourd’hui de l’Iran, ne peut avoir d’avancées  significatives sans le soutien de la Chine.

Jusqu’à présent, la stratégie chinoise a été une stratégie mercantile, agressive et …efficace, une stratégie qui s’explique pour des raisons politiques et démographiques ; il ne faut pas oublier que la Chine veut à tout prix éviter à partir des années 2020, le syndrome du pays qui est devenu vieux avant d’avoir été riche. Mais c’est une stratégie qui trouve ses limites; le dynamisme du consommateur occidental, les contraintes environnementales, le risque de protectionnisme des partenaires,…

Qu’en est-il de l’Inde ?

 On peut dire que l’atout principal de ce pays est démographique. La population de l’Inde sera égale à celle de la Chine en 2030. Alors que cette dernière devrait atteindre un point culminant en 2035 à 1,46 milliard de personnes, puis commencer à reculer, la population indienne poursuivra au contraire son ascension pour compter 1,8 milliard d’habitants à la fin du 21e siècle. L’Inde compte non seulement une population nombreuse mais également jeune, la tranche d’âge comprise entre 0 et 15 ans représentant 33% contre 16,5% dans les pays développés. Ainsi l’âge moyen de la population en  2020 sera de 29 ans en Inde, contre 37 ans en Chine et 45 ans dans l’Union Européenne. Compte tenu de l’importance de sa jeunesse, l’Inde pourra compter sur un large réservoir de main d’oeuvre à l’avenir.

De plus, le taux de dépendance, soit le nombre d’inactifs (moins de 15 ans et plus de 65 ans) rapporté à la population active, sera toujours favorable à l’Inde en 2025 et même en 2050 (il stagnera) ; en Chine, il commenceà monter dès aujourd’hui et plus nettement à partir de 2025.

Mais face à cet indéniable atout, l’Inde devra surmonter ses handicaps :

 défaillances du réseau d’infrastructures(axes routiers, installations portuaires, centrales électriques,…) ;

le poids de la dette publique (78% du PIB) ;

les lacunes du système financier (effet d’éviction du secteur public, restrictions pour les PME et les agriculteurs) ;

les faiblesses de la gouvernance (mauvais classements au sein de Doing Business de la Banque Mondiale);

les lacunes en termes de capital humain (analphabétisme élevé, faible niveau d’instruction et de formation) ;

la lenteur des décisions publiques ;

le taux d’inflation structurellementélevé ;

 la diversité linguistique: l’Inde reconnaît ainsi 15 langues officielles et plus de 300 dialectes différents. L’Hindi, langue officielle de l’État, n’est la langue maternelle que de près de 30 % de la population.

JEAN-PIERRE PETIT Economiste et  Stratégiste de marché juin10

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