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Marc Touati/France : un déficit de crise.

Marc Touati/France : un déficit de crise.

Marc Touati// Encore une mauvaise nouvelle dont la France se serait bien passée : en mai, le déficit s’est creusé de près de 1,3 milliard d’euros pour atteindre 5,5 milliards. Il s’agit là d’un plus haut depuis le record historique de 6,17 milliards atteint en octobre 2008. Pis, le déficit de mai 2010 constitue le troisième plus mauvais résultat du commerce extérieur français, le deuxième ayant été atteint en mai 2008 à 5,573 milliards. En d’autres termes, après l’accalmie enregistrée de mai à octobre 2009, le déficit extérieur de la France a très vite repris le chemin de la dégradation pour désormais retrouver des sommets historiques.

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Ce creusement est d’autant plus décevant qu’il est réalisé dans un contexte de rebond du commerce mondial. En clair, la France reste l’un des pays de la planète qui profite le moins du redémarrage économique international. Ainsi, après six mois de hausse corrective, les exportations françaises ont chuté de 5,2 % en mai. Avec un niveau de 29,9 milliards d’euros, elles retrouvent leur niveau de décembre 2009. A l’exclusion des biens agricoles, tous les types de produits exportés enregistrent une nette baisse en mai, à commencer par les biens manufacturés et en particulier les matériels de transports, dont la valeur des exportations baisse d’environ 2 milliards sur un seul mois. D’un point de vue géographique, ce sont principalement les exportations à destination de l’Union européenne qui reculent le plus. Et pour cause : l’Europe reste la lanterne rouge de la croissance mondiale.

Nous retrouvons malheureusement là les deux carences structurelles des exportations françaises.

D’une part, une mauvaise spécialisation sectorielle (c’est-à-dire trop peu tournée vers les biens d’équipement, qui représentent par exemple plus de 50 % des exportations allemandes, mais seulement 20 % de celles de la France).

D’autre part, les exportations françaises souffrent aussi d’une mauvaise spécialisation géographique en étant trop tournées vers l’Europe, terre de croissance structurellement molle, et insuffisamment vers les pays à fort dynamisme, notamment dans le monde émergent.

Mais ce n’est pas tout, car au-delà des difficultés sur le font des exportations, le déficit de mai aurait pu être encore plus dramatique. En effet, son creusement a été limité par la baisse de 1,1 % des importations au cours de ce même mois. Et c’est bien là que le bât blesse. Car, si régulièrement, il est d’usage d’expliquer le creusement du déficit extérieur français par la bonne tenue des importations elle-même liée à la résistance de la demande intérieure et notamment de la consommation, tel n’est désormais plus le cas. Autrement dit, la France enregistre un vrai déficit de crise, c’est-à-dire qui est dû à une baisse des exportations encore plus forte que celle des importations.

Enfin, en termes de conséquences sur la croissance du PIB français, il est clair que les contre-performances du commerce extérieur en avril et mai vont agir négativement. Ainsi, après avoir reculé de 12,1 % au premier trimestre 2010, apportant 0,4 point à la croissance du PIB au cours de cette même période, le déficit commercial enregistre une augmentation de 27 % en avril-mai par rapport à la moyenne du trimestre précédent. Même si les chiffres de la balance commerciale sont en valeur alors que le PIB est exprimé en volume (donc à prix constants) et même si une amélioration s’observe en juin, il est d’ores et déjà clair que le commerce extérieur contribuera négativement à la croissance du deuxième trimestre. Après un petit 0,1 % au premier trimestre, cette dernière risque donc de réaliser une « performance » voisine au deuxième trimestre. 

Marc Touati ACDEFI – 07 juillet 2010

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