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Energie : Le solaire devient autoporteur

 Energie : Le solaire devient autoporteur

 La forte croissance du marché mondial ne semble pas entravée par la baisse des subventions.

  Les 8 et 9 juillet, le parlement allemand a entériné les nouveaux tarifs de rachat de l’électricité solaire, qui étaient vivement débattus depuis près de six mois. Dès l’an 2000, l’Allemagne a fait office de pionnière en soutenant le développement de l’énergie solaire; la loi sur les énergies renouvelables (Erneuerbare-Energien-Gesetz – EEG) prévoit que l’électricité de source renouvelable doit être rachetée à des tarifs prédéterminés par les distributeurs d’électricité, qui peuvent ensuite reporter ce surcoût sur la facture d’électricité de tous les consommateurs. Pour le solaire, les tarifs de rachat sont garantis pendant 20 ans et ils sont revus chaque année en fonction du coût des panneaux solaires.

PLUS DE SOLAIRE EN SUIVANT :

La baisse de plus de 40% des prix des panneaux solaires en 2009 nécessitait une réduction supplémentaire des tarifs en cours de 2010, afin de limiter l’effet d’aubaine qui devenait trop important pour les investisseurs; en effet, les rendements attendus pouvaient atteindre plus de 20% par an pendant 20 ans, avec un risque quasi nul puisque les sociétés électriques ont l’obligation légale de racheter l’électricité à un tarif connu à l’avance, que les panneaux sont garantis par les constructeurs sur la même durée et que le soleil continuera de se lever chaque jour.

Le Bundestag souhaitait une réduction des tarifs de 16% dès le 1er juillet 2010, mais le Bundesrat a refusé, ce qui a abouti à des baisses plus modérées et en deux étapes: pour le troisième trimestre 2010, -13% pour les installations sur les toits, -12% pour celles installées sur le sol et -8% pour les centrales solaires construites sur d’anciens terrains industriels ou militaires. Dès le 1er octobre, ces tarifs seront réduits de 3% supplémentaires. Ces nouveaux tarifs demeurent toutefois attractifs pour les investisseurs qui peuvent compter sur des rendements proches de 10% sur 20 ans. Pour comprendre la raison des baisses successives de tarifs de rachat, il suffit de savoir que le prix moyen des panneaux solaires en 2007 était d’environ 3€/Watt alors qu’il est aujourd’hui inférieur à 1,50 €/Watt et que ces prix continuent à baisser progressivement. Dans le même temps, le tarif de rachat pour l’électricité solaire produite sur les toits est passé de 49.21 €ct/kWh en 2007 à 39.14 €ct/kWh au premier semestre 2010, puis à 34.052 €ct/kWh au troisième trimestre et finalement à 32.88 €ct/kWh pour le quatrième trimestre de cette année ; cela correspond à une baisse totale du tarif de 33% depuis 2007, alors que le prix des panneaux solaires a baissé de plus de 50%, ce qui en soi justifie et explique déjà les baisses progressives planifiées pour 2011 et 2012.

Les experts et les industriels du solaire sont unanimes à prévoir que le marché allemand du photovoltaïque demeure très attractif et continuera à se développer avec des volumes qui en font aujourd’hui le plus gros marché solaire mondial avec plus de 5 GWp de puissance installée prévue pour 2010 (certains experts s’attendent même à 8 GWp!) pour un marché mondial estimé entre 12 et 14 GWp.

Contrairement à une idée trop souvent véhiculée, ces baisses de tarifs ne sont en rien liées à la volonté de l’Allemagne de faire des économies budgétaires. C’est d’ailleurs impossible d’économiser des deniers publics en réduisant les subventions solaires, puisque celles-ci ne passent pas par le budget de l’Etat, mais sont directement refacturées à l’ensemble des consommateurs par les distributeurs d’électricité. Il en va de même en Italie et en France, qui sont les deux autres marchés photovoltaïques importants en Europe, où les intentions annoncées de réductions progressives des tarifs sont également motivées par la nécessité de réduire l’effet d’aubaine pour les investisseurs, ce qui est justifié. L’Espagne fait exception, car elle subventionne directement les installations solaires, ce qui a eu la fâcheuse conséquence de faire exploser le marché espagnol en 2008 (près de 2.7 GWp installés) grâce au système généreux alors mis en place, puis de faire sombrer ce même marché en 2009 (moins de 0.1 GWp) avec le plafonnement brutal des subventions. Les Etats auront compris qu’il faut suivre le modèle allemand afin de favoriser le développement sain et progressif de cette nouvelle source d’électricité.

Aux Etats-Unis le développement du solaire s’accélère, notamment grâce à une subvention fédérale de 30% et à des tarifs de rachat mis en place dans plusieurs Etats. Par ailleurs l’énergie photovoltaïque devient rapidement concurrentielle aux USA. Rhone Resch, le président de la Solar Energy Industries Association (SEIA) affirme même que le solaire sera la source d’électricité la moins chère aux USA en 2015 déjà et que le pays installera alors au moins 10 GWp de solaire par année. Presque tous les Etats développés et émergents souhaitent augmenter exponentiellement leur production solaire dans les prochaines années. Les autres marchés importants du photovoltaïque sont dans un ordre décroissant selon la puissance installée prévue pour 2010: le Japon, la Chine, le Canada, l’Espagne, l’Inde et la Corée du Sud.

L’ampleur du revirement des politiques énergétiques est telle que l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a récemment revu fortement à la hausse ses projections pour la production mondiale d’électricité avec l’énergie solaire. Alors que l’AIE prévoyait en novembre 2009 dans son rapport annuel World Energy Outlook que le solaire produirait 1.2% de l’électricité mondiale en 2030 ou éventuellement 2.8% dans un scénario qui favorise le développement des énergies renouvelables, elle a publié en mai 2010 ses nouvelles attentes qui s’élèvent désormais à 8.3% en 2030 et 22% en 2050! Ces prévisions sont d’autant plus remarquables qu’elles émanent d’une institution dominée de très longue date par les intérêts pétroliers, gaziers et du charbon. En 2010, l’énergie solaire devrait produire 0.2% de l’électricité mondiale, ce qui donne la mesure des fabuleuses perspectives de croissance du secteur solaire. (PR)

pascal rochat agefi juil10

EN COMPLEMENT : Europe / Eco : l’expansion des énergies renouvelables se poursuit en Europe

Le dernier rapport sur les énergies renouvelables publié par la Centre Commun de Recherche de la Commission européenne révèle que 62% de la capacité de production d’électricité nouvellement installée dans l’UE à 27 en 2009 reposait sur des sources renouvelables, après 57% en 2008. L’énergie éolienne représente 38% du total des nouvelles capacités. En 2009, en valeur absolue, quelque 19,9% (soit 608 TWh) de la quantité totale d’électricité consommée en Europe (3.042 TWh) provenaient de sources d’énergie renouvelables, en majeure partie de l’énergie hydroélectrique (11,6%), rattrapée progressivement par l’éolien (4,2%), la biomasse (3,5%) et l’énergie solaire (0,4%).

« Si le rythme actuel de croissance se maintient, le rapport conclut qu’à l’horizon 2020, la production d’électricité issue de sources renouvelables pourrait atteindre 1.400 TWh. Ce résultat, qui pourrait représenter entre 35 et 40% de la consommation totale d’électricité de l’Union européenne, en fonction de l’impact des politiques de l’Union en matière d’efficacité énergétique, contribuerait significativement à la réalisation de l’objectif des 20% fixé pour la production d’énergie issue de sources renouvelables », explique le CCR. Cependant, le rapport avertit « qu’il y a lieu de régler certains problèmes si l’on veut pouvoir atteindre les objectifs ». Cela concerne notamment la nécessité d’assurer un accès équitable aux réseaux de distribution et un soutien public substantiel en faveur de la recherche et du développement, ainsi que d’adapter les systèmes électriques actuels pour leur permettre d’absorber l’électricité de source renouvelable.

L’éolien est le secteur le plus dynamique des énergies renouvelables, avec une capacité totale installée dépassant 74 GW en 2009 (dépassant déjà de 80% l’objectif de 40 GW fixé pour 2010). Le nouvel objectif fixé par l’European Wind Association est d’atteindre à l’horizon 2020 une capacité installée de 230 GW (dont 40 GW en mer), qui permettrait de couvrir environ 20% de la demande européenne d’électricité. La biomasse pourrait doubler sur la période 2008/2010 pour atteindre 200 TWh. « Cette ressource fait cependant l’objet d’une demande concurrente de la part d’autres secteurs énergétiques (chauffage et transport), ce qui pourrait freiner le développement de la bioélectricité. Du fait qu’elle est entreposable en vue d’une utilisation à la demande, la biomasse est une ressource particulièrement intéressante pour la production d’électricité », commente le rapport.

Dans le solaire, l’énergie solaire concentrée affiche des capacités jugées modestes, avec 0,430 GW comptabilisé en mai 2010 (soit environ 0,5% du total). Si l’European Solar Industry Initiative (ESII) se concrétise, le CCR estime que la capacité installée pourrait atteindre 30 GW d’ici à 2020. La plupart des chantiers en cours dans le domaine de l’énergie solaire concentrée se situent en Espagne. Du côté du solaire photovoltaïque, la capacité totale installée à doublé depuis 2003 pour atteindre 16 GW fin 2009, ce qui représente 2% de la capacité totale. La croissance est appelée à continuer avec des projets de construction d’une capacité allant jusqu’à 10 GW. Le solaire photovoltaïque a lui aussi dépassé les prévisions de capacité énoncées dans le livre blanc de l’Union européenne sur les sources d’énergie renouvelables, commente la Commission. Les autres sources d’énergies renouvelables (géothermique, marémotrice ou houlomotrice) en sont encore au stade de la recherche et du développement et ne font pas partie du rapport. Enfin l’énergie hydroélectrique ne devrait pas sensiblement évoluer, car la plupart des ressources sont déjà utilisées. « Les systèmes d’accumulation par pompage des centrales hydroélectriques sont en revanche appelés à jouer un rôle de plus en plus important dans la fourniture d’une capacité de stockage au profit des autres sources d’énergie renouvelable », indique le rapport, disponible sur le site communautaire à l’adresse http://re.jrc.ec.europa.eu/refsys/ (cliquez sur le lien)

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Desertec, une utopie ?.

E.ON, Deutsche Bank, Siemens ou Saint-Gobain… Tous sont réunis dans un projet pharaonique lancé en juillet 2009 par des industriels allemands : Desertec. L’objectif : produire des énergies renouvelables dans les déserts du nord de l’Afrique et en transmettre une partie à l’Europe. Le consortium DII, qui réunit 17 partenaires et 15 partenaires associés, espère fournir 15 % de l’électricité européenne d’ici à 2050. En plus des éoliennes, il s’appuiera sur la construction de centrales solaires thermodynamiques, qui génèrent de la chaleur transformée en électricité. Desertec nécessite plus de 400 milliards d’euros d’investissement sur la période. Ce financement sera difficile à trouver. DII se donne jusqu’à 2012 pour élaborer un modèle économique viable.
De plus, certains observateurs sont sceptiques sur la faisabilité technique et politique de cette initiative. « La probabilité de réussite est faible, mais il est important d’être présents dans ce projet. Cela nous permet de renforcer nos contacts avec des industriels du secteur et des clients », admet une entreprise concernée. Desertec peut ainsi amener des avancées en matière de recherche-développement (R&D).
Un projet du même acabit, lancé par les autorités publiques françaises via le Plan solaire méditerranéen, se développe.

JDF HEBDO | 17.07.2010 |

5 réponses »

  1. Sur le même sujet que ces excellents articles

    Monde : vidéo de présentation « La 4ème révolution, l’autonomie énergétique » de Carl-A. Fechner ou l’approvisionnement en énergie provenant à 100 % de sources renouvelables

    http://www.youtube.com/watch_popup?v=B6DzL7DlPWE&vq=large

    Etats-Unis : 100% d’énergies renouvelables possible à horizon 2050 par Mark Z. Jacobson Ph.D civil economics and environmental engineering, Stanford Univ. et Mark A. Delucchi Ph.D. economic environmental engineering and planning analyses of current and future transportation systems, California Univ.

    Cela vient confirmer les études de plusieurs autres universités américaines.

    Diaporama interactif :

    http://www.scientificamerican.com/article.cfm?id=powering-a-green-planet

    Pdf :

    http://www.stanford.edu/group/efmh/jacobson/sad1109Jaco5p.indd.pdf

    Etats-Unis : 35% de la demande couverte par les énergies renouvelables en 2017 selon un rapport publié par le NREL (Laboratoire national sur les énergies renouvelables),
    sans aucun investissement supplémentaire dans de nouvelles infrastructures.

    Résumé en français :

    http://www.enerzine.com/14/9774+usa—35-pct-de-la-demande-couverte-par-les-enr-en-2017+.html

    Version complète du rapport en anglais :

    http://www.nrel.gov/wind/systemsintegration/pdfs/2010/wwsis_final_report.pdf

    L’Union européenne pourrait produire 100% de son énergie que ce soit l’électricité, la chaleur ou pour le transport à partir de sources renouvelables à l’horizon 2050.

    Dans un rapport prospectif baptisé RE-thinking 2050, le Conseil européen pour les énergies renouvelables (EREC) explique comment le mix énergétique européen pourrait se
    baser uniquement sur les énergies renouvelables d’ici 40 ans et les bénéfices économiques, environnementaux et sociaux qui pourraient accompagner une telle transition.

    http://www.actu-environnement.com/ae/news/rapport-erec-rethinking-2050-energie-renouvelable-europe_10077.php4

    Résumé du rapport en anglais :

    http://www.rethinking2050.eu/fileadmin/documents/Rethinking2050ExecutiveSummary_final.pdf

    « L’Allemagne pourrait s’approvisionner en 2050 à partir de 100% d’électricité de source renouvelable ». C’est ce que le président du Comité scientifique pour les questions
    environnementales (SRU), Prof. Dr. Martin Faulstich, a annoncé le 5 mai 2010, au cours de la Commission environnementale du Bundestag. « Le Gouvernement fédéral doit à présent poser des jalons pour la restructuration du système énergétique ». Le SRU a présenté les divers scénarii qu’il a élaborés pour démontrer qu’un approvisionnement électrique exclusivement renouvelable d’ici 2050 à des coûts compétitifs est envisageable en Allemagne, avec une sûreté d’approvisionnement garantie à toute heure de l’année et une politique d’incitation des innovations durables. Les scénarii s’appuient sur les estimations modèles du Centre allemand de recherche aérospatiale (DLR). Le modèle REMix compte parmi les meilleurs et plus exacts en Europe et travaille avec une résolution temporelle extrêmement élevée.

    http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/063/63396.htm

    Bilan environnemental et sanitaire comparé des différentes filières énergétiques (cas de l’approvisionnement des véhicules) : l’éolien et le solaire les mieux classés,
    le nucléaire, le charbon avec malgré tout stockage de CO2, les agrocarburants, les plus mal classés.

    Le nucléaire (construction d’une centrale + exploitation uranimum inclus, démantèlement non inclus), émet en moyenne 25 fois plus de C02 que l’éolien.

    L’Université de Stanford qui a réalisé ce bilan a pris en compte une dizaine de critères (dont consommation en eau douce, en surface, pollution de l’air, pollution de l’eau,
    déchets, impact sur la biodiversité…). Elle a comparé les différentes filières énergétiques critère après critère, puis a réalisé une synthèse publiée notamment dans
    la revue Energy & environnemental Science en 2009, titre de l’article : « Review of solutions to global warming, air pollution, and energy security ».

    http://www.stanford.edu/group/efmh/jacobson/PDF%20files/ReviewSolGW09.pdf

    Tableau de synthèse avec résultats du classement :

    http://a21.idata.over-blog.com/1/23/41/67/A/aaa/111.jpg

    • Très bon article ! J’ai notamment appris que le budget du tarif d’achat avantageux du solaire photovoltaique est pris en charge par les consommateurs et non par l’Etat. Merci à Olivia pour les liens.

  2. Part croissante des énergies renouvelables dans le monde

    Malgré un relatif coup de froid en 2009, les énergies renouvelables continuent de gagner du terrain. La présentation, jeudi 15 juillet, par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), des « Tendances mondiales d’investissement dans les énergies durables » montre que les investissements s’inscrivent en hausse sur le moyen terme.

    « Les énergies renouvelables représentent un secteur d’investissement qui va rester important dans les années à venir », affirment les experts du PNUE.

    Au premier semestre 2010, 65 milliards de dollars ont été dépensés en faveur des énergies vertes, en croissance de 22 % sur la même période de 2009. Ce bon début d’année
    se produit malgré la crise qui agite certains pays européens dynamiques sur le secteur et la volatilité des marchés financiers.

    En terme de production en 2009 elles ont fourni 25% % de l’électricité consommée et 18% de l’énergie totale dans le monde.

    Au plan des nouvelles capacités énergétiques, elles ont représentée une part de 60% en Europe, de plus de 50% aux Etats-Unis et pourraient correspondre à 50% et plus
    des nouvelles capacités énergétiques installées en 2010 ou 2011 dans le monde.

    Différents chiffres, tableaux, graphiques et parts d’opérateurs du secteur :

    http://www.ren21.net/globalstatusreport/REN21_GSR_2010_Figures.pdf

    Rapport complet en anglais :

    http://ren21.net/globalstatusreport/REN21_GSR_2010_full.pdf

    Le nombre de pays au monde ayant des politiques encourageant le développement des énergies renouvelables a pratiquement doublé, passant de 55 en 2005 à plus de 100 à l’heure actuelle – dont la moitié sont des pays en développement. Ceux-ci jouent un rôle déterminant dans la croissance rapide des énergies vertes.

    Le secteur a résisté à la récession économique mieux que beaucoup ne l’envisageaient et ce malgré des prix de l’électricité et du gaz restés faibles. Les difficultés de financement rencontrées par les investisseurs dans ce secteur innovant, souvent demandeur de capitaux initiaux assez élevés, étant la principale explication de la mauvaise performance de 2009.

    L’année 2009 a été marquée par l’entrée en vigueur des plans de relance adoptés pour faire face à la crise économique. Une partie – 188 milliards de dollars – est consacrée aux énergies vertes et aux économies d’énergie et seuls 9 % des budgets prévus ont été dépensés en 2009. Le reste doit être débloqué en 2010 et 2011.

    La part des investissements alloués en 2009 à la R&D dans les énergies propres par les entreprises et les gouvernements s’est élevée à 24,6 milliards de dollars, contre 24,2 en 2008, en recul de 16 % pour les premières (à 14,9 milliards de dollars) et en croissance de 49 % pour les seconds (à 9,7 milliards de dollars). Les gouvernements
    ont fait preuve de volontarisme politique pour soutenir l’émergence de ces nouvelles filières énergétiques tout en créant de nombreux emplois verts.

    Un marché de l’éolien offshore à la mesure de la taille de ses éoliennes

    L’éolien a attiré la plus grosse part de ces investissements en 2009, représentant en Europe et aux Etats-Unis 39 % de la puissance nouvellement installée, tandis que la Chine a doublé sa capacité avec l’addition de 18,8 GW en 2009. Sur la période 2005-2009, le rapport de REN21 montre que la puissance installée en éolien a progressé en moyenne de 27 % par an. Il était seulement présent dans une poignée de pays dans les années 1990, il l’est actuellement dans plus de 82. Directeur de l’Association européenne de l’énergie éolienne (EWEA), Christian Kraert rappelle que cette énergie a enregistré un rythme de croissance annuel moyen de 23 % depuis quinze ans et que l’on peut tabler à présent pour les quinze ans à venir sur un rythme égal ou supérieur pour l’offshore.

    En Europe, l’éolien en haute mer se développe rapidement. 35 parcs existent déjà, concentrés au large du Danemark, de l’Allemagne, des Pays-Bas et du Royaume Uni. 52 ont reçu une autorisation de développement. La Grande-Bretagne a annoncé qu’elle comptait investir 100 milliards de livres dans l’éolien offshore afin de couvrir un quart de ses besoins en électricité à l’horizon 2020. C’est elle
    qui, confrontée à l’épuisement de ses gisements pétroliers, affiche les ambitions les plus fortes. Elle a cartographié ses zones les plus ventées et lancé de gigantesques appels d’offres évoquant la construction de quelque 32 GW de puissance, soit environ la moitié de la puissance nucléaire installée en France ! où le Grenelle de l’environnement a fixé un objectif plus modeste de 6 GW à l’éolien en mer d’ici 2020 (contre une dizaine de GW prévus en Allemagne dont la façade maritime est pourtant bien inférieure en taille). Près de la moitié de cet objectif devrait être réalisé au large des côtes de la Manche et de l’Atlantique.

    A l’automne, un premier appel d’offres sera lancé par l’État, il devrait porter sur la réalisation d’une dizaine de parcs permettant la production globale de 3.000MW. Ils seront donc probablement d’une puissance minimale de 200 à 300MW. L’État devrait communiquer la liste des sites et des opérateurs retenus à l’été 2011. De quoi permettre la création des premières fermes éoliennes françaises à l’horizon 2015-2016.

    Le marché de l’énergie offshore devrait croître à des centaines de milliards de dollars. L’année dernière, l’European Wind Energy Association prédisait que l’Europe allait faire passer sa capacité d’éoliennes en mer de moins de 2GW aujourd’hui à plus de 150 GW d’ici à 2030. A cette fin, de nombreux ingénieurs en Grande-Bretagne, Etats-Unis, Norvège etc sont entrés en compétition pour concevoir et construire des éoliennes géantes offshore de 10 MW et plus, soit deux fois la taille et la puissance de la précédente génération.

    Pour l’instant, les constructeurs allemands et danois Siemens et Vestas raflent 80 % du marché des turbines offshore, mais cette technique est encore loin de la maturité et les constructeurs français Areva, actionnaire de Multibrid, ou Alstom, à la tête d’Acciona, rêvent de prendre des parts du marché. Un groupe de travail de dix pays étudie à Bruxelles la connexion via un réseau électrique sous-marin de toutes les éoliennes offshore de mer du Nord, le « North Sea Grid », afin de délivrer au meilleur coût une énergie propre et bon marché à l’ensemble de l’Europe du Nord. Un projet soutenu par des groupes comme Vattenfall, Siemens, General Electric, E.ON, Iberdrola… mais encore toutefois largement ignoré par les sociétés françaises.

    Cependant, si en ce qui concerne l’éolien terrestre l’industrie française est largement passée outre, les fabricants étant étrangers, de nombreuses entreprises se regroupent (Net-Wind, Neopolia etc) afin de s’imposer dès aujourd’hui sur le marché de la maintenance des parcs terrestres et demain si possible des fermes marines. En éolien terrestre 70 à 75% des coûts sont liés à l’achat de «nacelles» (qui produisent l’électricité) systématiquement fabriquées à l’étranger. En éolien offshore la nacelle et le mât ne comptent plus que pour 50% des coûts. Tout le reste est lié à des prestations correspondant aux fondations, à l’installation, à la pose de câblage, à la maintenance : sur tous ces métiers, les entreprises du tissu hexagonal peuvent prendre des positions. A elles seules les fondations pourraient constituer un énorme marché. L’éolien offshore pourrait également constituer une autre opportunité : la construction de navires spéciaux destinés à la pose et à la maintenance comme le fait Daewo en Corée.

    Efficacité énergétique

    Les technologies énergétiques telles que le stockage d’énergie et l’efficacité énergétique ont connu une hausse de 34% des investissements, à 4 milliards de dollars. Ainsi, pour la première fois, les technologies d’efficacité énergétique ont attiré plus de capital-risque et de capital-investissement que n’importe quel autre secteur des énergies propres. Une part de ces investissements concerne en particulier les batteries avec l’arrivée des véhicules électriques et les importantes évolutions technologiques
    à venir dans le secteur du stockage d’énergie. De même que dans les réseaux en général et smart grids.

    Doublement des installations solaires en 2010

    L’année 2010 montre un démarrage en trombe des ventes de panneaux au 2ème trimestre, préfigurant un doublement des installations solaires cette année. Pour la cinquième année consécutive les ventes mondiales de panneaux photovoltaïques, au 2ème trimestre, ont augmenté tant en volume qu’en valeur : elles ont atteint 3,7 GW et
    généré un chiffre d’affaires de 7,1 milliards de dollars, selon IMS Research, qui prévoit une nouvelle hausse au 3ème trimestre, à 4,3 GW et une hausse globale de 60% en 2010.
    Le consultant prévoit aussi pour l’ensemble de 2010 un quasi-doublement des installations mondiales de panneaux, à 14,6 GW, soit une augmentation de 95%. Une prévision qui rejoint celle de la société d’études iSuppli.

    La demande sera largement dominée par l’Allemagne, qui devrait représenter 47% des installations mondiales. Elle aurait pu même être plus importante mais sera freinée par une pénurie d’onduleurs, qui entraînera des annulations de commandes de panneaux au 2ème semestre 2010, prédit IMS. Elles ont été tirées en particulier par tous ceux qui en
    Allemagne se sont précipités pour réaliser leurs installations solaires avant l’entrée en vigueur de la baisse annoncée des tarifs de rachat de l’électricité solaire. La hausse du 2ème trimestre se compare à un 2ème trimestre 2009 où la baisse des prix des panneaux et la crise économique avait freiné brutalement le marché du solaire. Conséquences: les fabricants de cellules et de panneaux voient leur marges augmenter considérablement et leurs résultats se sont accrus de manière notable. Leur marge brute va atteindre plus de 30% ce trimestre.

    Les cinq plus grands fabricants de panneaux (Suntech, Trina, Yingli, Canadian Solar et Solarfun), qui tous produisent majoritairement des panneaux en silicium classiques, continuent d’accroître leur part de marché, qui atteignait déjà 28% au 1er trimestre.

    Les trois principaux pays installateurs en 2010 seront, grâce à leur généreux tarifs de rachat de l’électricité solaire, l’Allemagne, l’Italie et la République tchèque, qui à eux trois installeront 9,8 GW. Mais puisque ces 3 pays vont réduire leurs tarifs de rachat de l’électricité produite, leurs installations devraient également chuter considérablement en 2011 et il faudra de nouveaux marchés pour prendre la relève.

    Le ralentissement des ventes attendu par le cabinet IMS fin 2010 puis en 2011, devrait cependant être plus graduel que la dégringolade de fin 2008 qui avait suivi le brusque
    arrêt des subventions de l’Espagne, pays qui représentait en 2008 la moitié du marché mondial. Alors que le prix des panneaux avait chuté en 2008, il ne devrait en 2011
    enregistrer qu’une diminution modérée. Les installations en Europe, Afrique et au Moyen-Orient devraient voir leur part de marché baisser légèrement cette année, à 78%, en raison
    d’un décollage des installations en Asie et en Amérique du Nord.

    First Solar, le fabricant américain de panneaux solaires en couches minces, qui réalise l’une des meilleures marges au monde, est resté le plus gros fournisseur de panneaux au
    1er trimestre 2010 :

    http://cjoint.com/data/hBpiC3LvTn.htm

    mais sa part de marché a diminué, car les fabricants de panneaux en silicium classiques le rattrapent et l’écart devrait continuer à se combler durant l’année. Ainsi les ventes de panneaux en couches minces au tellurure de cadmium (CdTe), comme ceux de First Solar, devraient voir leurs ventes augmenter de seulement 20% en 2010 alors
    que l’ensemble des ventes de panneaux photovoltaïques devrait augmenter de 60% cette année. La part de marché des panneaux CdTe devrait donc chuter de 11% actuellement à
    seulement 8% en 2010. Une prévision pessimiste à court terme pour les couches minces, qui rejoint celle de Suntech.

    Pourtant a moyen terme le solaire en couche mince a des perspectives très importantes et les rendements sont régulièrement en hausse (MiaSolé par exemple a obtenu une efficacité de 13,8%). En France EDF EN a misé sur les couches minces car l’entreprise considère la bataille du silicium cristallin comme d’ores et déjà perdue. Il vient de s’engager à acheter sur 10 ans les couches minces fabriquées par l’américain First Solar dans la future usine de Bordeaux.

    http://download.reedexpo.fr/salons/interclima/conferences/les-cellules-solaires-PereRoca.pdf

    Aperçu régional

    L’Europe maintient de justesse sa position de région du monde où les investissements dans les énergies propres sont encore les plus importants. Leur total s’est établi à 43,7 milliards de dollars, en baisse de 48,4 milliards de dollars en 2008. L’Asie et d’Océanie ont vu une forte augmentation des investissements financiers dans ce domaine en 2009, avec 40,8 milliards de dollars contre 31,3 milliards de dollars un an avant. L’Inde est cinquième au monde, la capacité totale d’énergie éolienne est en pleine expansion et de nombreuses formes d’énergies renouvelables en milieu rural comme le biogaz et l’énergie solaire photovoltaïque se répandent. L’Amérique du Nord a subi une baisse de l’investissement, à 20,7 milliards de dollars contre 33,3 milliards de dollars. Le Moyen-Orient et l’Afrique ont connu une hausse modeste avec 2,5 milliards de dollars en 2009, contre 2,1 milliards de dollars. L’Amérique du Sud a vu glisser l’investissement à 11,6 milliards de dollars contre 14,6 milliards de dollars.
    Le Brésil produit la quasi-totalité de l’éthanol dérivé de canne dans le monde et a accru ses capacités dans le domaine de la biomasse et de l’éolien.

    Sur les marchés financiers

    Le cours des actions du secteur énergies renouvelables a augmenté de près de 40% en 2009, rattrapant d’environ un tiers les pertes subies en 2008 et ces dernières disposent
    d’une valorisation actuellement attractive; cette année pourrait sans doute avoir enregistré un point bas pour certains indices concernés estime Schroders.

    La Financière de Champlain va dans le même sens, soulignant que la forte décote accumulée sur certaines valeurs renforcent les opportunités de croissance externe pour les
    leaders du secteur. Les gérants de la Financière restent fortement positionnés sur le thème des énergies renouvelables qui, malgré sa forte volatilité, recèle du plus fort potentiel de rebond. Les 3 premières valeurs du fonds Performance Environnement sont par exemple en juillet 2010 : Iberdrola Renovables, Vestas et Acea.

    La dynamique du secteur est toujours là et les annonces de nouveaux accords se multiplient estime Edram. Ainsi, Abengoa a remporté un important contrat à Abu Dhabi pour
    la construction d’une centrale solaire thermique de 100 MW en partenariat avec Total (20%) et Masdar (60%). Cette victoire ouvre un marché à fort potentiel pour le solaire
    thermique au Moyen Orient, dont la demande d’électricité y est actuellement en forte croissance (autour de 9% par an).

    La hausse de ce thème sur les marchés financiers dépendra toutefois, entre autres, d’une tendance plus durablement soutenue des prix du pétroliers puisqu’il y a une assez nette corrélation et en distinguant plus particulièrement actuellement les différentes technologies, pays et entreprises.

    Concernant le solaire photovoltaïque, IMS Research s’attend à une baisse du marché d’environ 10% probablement à prévoir d’une année sur l’autre en 2011, baisse qui sera traditionnellement plus marquée en début d’année prochaine et le groupe s’attend à un repli de 8% en moyenne du prix des modules classiques.

    Le secteur photovoltaïque a pâti de la réduction des aides, au 21 juillet 2010 le chinois Suntech avait ainsi perdu en bourse -37%, Yingli -25%, Trina -13% (le MSCI World
    seulement -6,9%). Mais dans le même temps en Occident Evergreen perdait -56%, Q-Cells -50%, Solarworld -29%.

    Min Li (analyste énergie chez Yuanta Securities, Hong Kong) trouve les valeurs solaires chinoises désormais attractives, en particulier Yingli et Suntech et, globalement, les analystes sont plus favorables aux valeurs solaires chinoises qu’occidentales.

    22 des 27 analystes suivis par Bloomberg recommandent d’acheter Trina, 14 Yingli (contre 1 la vente) et 11 Suntech (contre 8 la vente). En revanche 22 sont à vendre sur Q-cells contre seulement 3 à l’achat. 7 à vendre sur Evergreen contre 3 à l’achat. 14 à l’achat sur Solarworld contre 12 à vendre.

    Augmentation du nombre des fusions-acquisitions

    Pour les investisseurs, on peut identifier trois grand terrains sur lesquels le sort du solaire va se jouer : les startups de la technologie solaire, le développement d’offres commerciales spécialisées et le rachat d’entreprises par l’endettement, qui aide l’industrie à se consolider.

    Avec 4,9 milliards d’euros de levées de fonds et fusions-acquisitions et près de 120 deals majeurs, le 2eme trimestre 2010 marque un bond de 54% par rapport au premier trimestre en valeur et presque un doublement du nombre d’opérations.

    En France les fusions-acquisitions sont particulièrement importantes avec pas moins de 19 opérations. Cette montée en puissance illustre le réveil des grands industriels qui font des emplettes pour se positionner rapidement sur les marchés en forte croissance du green business :

    http://www.greenunivers.com/2010/07/exclusif-pres-de-5-milliards-d%E2%80%99euros-de-deals-dans-les-cleantech-au-2e-trimestre-2010-39775/

    Des modèles de distribution se développent dans le monde : une société fabricant/distributeur installe des panneaux solaires sur le toit d’immeubles à usage commercial
    ou autre gratuitement, en échange d’un accord d’achat d’électricité à long terme qui lui permet de revendre l’énergie produite. Le modèle est attractif pour l’entreprise ou particulier client parce qu’il lui permet d’avoir accès à l’énergie solaire sans engager son capital, puisque les panneaux appartiennent au fournisseur et sont exploités par lui (exemple une des plus importantes société de ce type basée aux Etats-Unis : SunEdison, filiale de MEMC Inc). On assiste cependant quelquefois à des dérives comme l’exploitation abusive des aides en fonction des pays, une multiplication de centrales au sol qui ne sont bien souvent pas la meilleure utilisation du solaire etc.

    La Chine à égalité avec les Etats-Unis comme pays actuellement les plus attractifs en matière d’investissements dans les énergies renouvelables

    C’est ce que souligne le dernier rapport d’Ernst & Young « Renewable Energy Country Attractiveness Indices »

    http://www.ey.com/Publication/vwLUAssets/Baro_Renew_mai_2010/$FILE/Baro_Renew_mai_2010.pdf

    Les dix pays arrivés en tête du classement à mai 2010 :

    1° Etats-Unis – 69 pts
    2° Chine – 69 pts
    3° Allemagne – 64 pts
    4° Inde – 63 pts
    5° Italie – 61 pts
    6° Royaume-Uni – 61pts
    7° France – 58 pts
    8° Espagne – 57 pts
    9° Canada – 53 pts
    10°Portugal et Irlande – 51 pts

    La République populaire gagne en effet 2 points dans les indices avec 34,6 milliards d’USD d’investissements dans des projets d’énergies propres l’an dernier en hausse de 53% – soit près du double des États-Unis (17 milliards), le triple du Royaume-Uni (11,7 milliards) et de l’Espagne (10,7 milliards) – et s’est imposée comme le leader mondial en capacité éolienne installée également en 2009. Dans le même temps les États-Unis ont perdu un point suite au retard dans l’adoption de la législation climat.

    Les démocrates du Sénat américain ont reconnu qu’ils ne disposaient pas de suffisamment de voix pour adopter le vaste projet de loi sur l’énergie et les changements climatiques visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, grande priorité du président Barack Obama :

    « Malheureusement, à ce stade nous n’avons pas un seul républicain qui veut nous rejoindre » pour l’adoption d’une loi, a déploré jeudi 22 juillet 2010 devant la presse le chef de la majorité démocrate du Sénat Harry Reid. L’opposition républicaine dispose d’une minorité de blocage de 41 voix sur 100 au Sénat. Par ailleurs certains démocrates sont réticents à l’idée d’approuver un plan qui contiendrait un système de droits d’émission de CO2 dit « cap and trade » sur le modèle européen. Même une version du « cap and trade » limitée aux seules usines électriques qui avait été évoquée par certains élus de la majorité n’a pu obtenir les 60 voix sur 100 requises.

    Concernant l’avenir du plan de réduction des gaz à effet de serre, John Kerry a indiqué qu’il continuera à travailler avec le sénateur indépendant Joe Lieberman pour « trouver les 60 voix nécessaires à l’adoption d’une législation qui cible de façon convenable le carbone ». Les discussions sur ce projet de loi pourraient reprendre à l’automne, avant les élections de mi-mandat.

    La Chambre des représentants avait adopté en juin 2009 un projet de loi contenant un système de « cap and trade » qui nécessite un vote au Sénat effectif avant fin 2011.

    L’annonce de la mise à l’écart de la loi sur les émissions de CO2 « laisse un grand trou dans la politique américaine sur l’énergie et le climat et le coût long terme sera
    énorme », a assuré dans un communiqué Rafe Pomerance, qui préside Clean Air-Cool Planet. Kevin Knobloch de Union of Concerned Scientists (UCS) a estimé que « le Sénat a une responsabilité absolue d’agir sur les changements climatiques cette année ».

    Chine et Etats-Unis plus gros émetteurs de CO2

    Les Etats-Unis se placent en effet juste après la Chine en matière d’émission de CO2 et sont tous deux en tête de ce sombre palmarès avec près de 50% des émissions mondiales.

    L’an dernier, les dirigeants chinois ont promis une croissance moins polluante en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre de 40% à 45% par point de PIB d’ici à 2020. La Chine est pour le moment à la traîne, avec une amélioration de son rendement énergétique de 1,7% par an ces dix dernières années, contre 2,5% pour les États-Unis, selon l’AIE.

    Domination et subventions chinoises

    Ben Warren, directeur de la division Environnement et Energie d’Ernst & Young rappelle la volonté soutenue de la Chine depuis plusieurs années d’avoir une position dominante sur le marché des énergies renouvelables. Sa demande d’électricité est en forte hausse devant la Turquie (+ 8% par an) et, compte tenu de leurs populations, la Chine et l’Inde devraient représenter près de 80 % de la consommation d’électricité des pays émergents en 2030. La croissance moyenne de la demande d’électricité des pays émergents est estimée à 3,9 % par an d’ici à 2030, contre à peine 1 % pour les pays de l’OCDE :

    http://www.lesechos.fr/info/energie/020674071480-un-projet-base-sur-la-hausse-de-la-demande-d-electricite-dans-les-pays-emergents.htm

    Toujours inquiète de sa dépendance croissante vis-à-vis des importations de matières premières, de pétrole notamment, en 2009 la Chine a installé une capacité de 37 gigawatts
    supplémentaires, générés par les énergies renouvelables, soit l’effort le plus important consenti en la matière dans le monde.

    Les autorités chinoises dépensent 12 millions de dollars par heure pour s’assurer la domination du marché mondial des énergies renouvelables. La motivation de départ est plus économique qu’écologique mais le résultat est finalement positif. Dès 2011 la Chine devrait ainsi générer 1,8 GW d’énergie solaire, soit l’objectif qu’elle s’était fixé pour 2020.

    En 2009 les entreprises chinoises ont déjà produit près de la moitié des cellules solaires du monde (et 77% des capteurs thermiques pour la production d’eau chaude, de même que 25% des éoliennes, contre 10% en 2007).

    Ce chiffre devrait passer à 70% au cours des années à venir grâce à des coûts de production très compétitifs. Ainsi l’Allemagne, qui est pourtant dans le peloton de tête du
    photovoltaïque et compte parmi les entreprises les plus performantes du secteur, a fait appel pour certaines de ses installations à des acteurs chinois qui lui reviennent moins cher, un exemple de la compétitivité chinoise dont les entreprises sont parties à l’assaut du monde.

    On pourrait également citer le chinois Yingli qui a réduit le coût de ses modules de 50% en 2 ans et qui a ainsi pu avoir pour clients les magasins américains Wal Mart.

    Parité des prix de l’électricité solaire avec l’électricité conventionnelle bien plus rapide que prévu

    La baisse des prix devrait permettre la parité de l’électrité solaire avec l’électricité conventionnelle sur plusieurs marchés, dès cette année dans plusieurs régions du Sud de l’Italie, d’ici 2012 dans plusieurs régions d’Espagne et en 2015 en Allemagne selon l’European Photovoltaic Industry Association, ce que confirme le groupe Pike (Boulder, Co) qui indique plus généralement 2013 pour de nombreux pays.

    Bloomberg New Energy Finance rappelle que, partie de rien, la Chine a pris 43% du marché photovoltaïque ces 6 dernières années grâce une offre en moyenne 20% moins chère que les prix européens, avec toutefois des qualités parfois inégales. Elle a exporté pour 3300 MW de panneaux l’an passé et 6,6 milliards de dollars (de quoi équiper 2,6 millions de foyers américains).

    La domination chinoise dans le solaire photovoltaïque a commencé dans les villes qui subventionnent les énergies renouvelables, comme Baoding à 140 km de Pékin, qui a
    ainsi attiré plus de 200 sociétés cleantech, dont Yingli qui équipe par exemple 80% des lampadaires de sa ville d’accueil.

    De la même façon le Golden Sun Program subventionne 294 projets jusqu’à 70%. Pékin installe pour 1 milliard de dollars de panneaux solaires pour la fourniture d’eau chaude et d’électricité, etc.

    La China Development Bank (sous contrôle d’Etat) a prêté 24 milliards de dollars entre autres à Yingli, Trina, Suntech, Solarfun… ce qui dépasse les aides fiscales accordées
    à mai 2010 au secteur Cleantech aux Etats-Unis et qui fait douter Kenneth Dewoskin (Deloitte, Chine) du coût réel de production solaire en Chine…

    En terme d’énergie globale 1000 gigawatts seront nécessaires en Chine dans les quinze prochaines années. Pour Fatih Birol, chef économiste de l’AIE, si le pays veut
    éviter des pannes générales, il devra investir 4000 milliards de dollars dans le secteur énergétique sur vingt ans. Le pays dépend actuellement à 80% du charbon et devrait
    multiplier par 4 ses importations de pétrole d’ici 2030 par rapport à 2006.

    La capacité solaire a été multipliée par 4 en 1 an avec 160 MW installés l’an passé et devrait quasiment doubler cette année (311 MW nouvellement installés).

    Une enquête ayant pour objet les connaissances du public en matière d’environnement, menée conjointement par l’Académie chinoise des sciences sociales (Chinese Academy of Social Sciences) et le Programme de sensibilisation environnementale de Chine (China Environment Awareness Program) réalisée auprès de 3000 résidents âgés de 15 à 69 ans de 20 provinces et municipalités différentes, montre par ailleurs que l’environnement est la 4ème plus grande préoccupation des chinois après les soins médicaux, l’emploi et les écarts de revenu. Il faut préciser que 16 des 20 villes les plus polluées au monde se trouvent en Chine et que la pollution y tue plus de 300.000 personnes par an (ce chiffre « officiel » est sans doute sous évalué puisqu’à titre indicatif l’OMS rappelait le 28 juillet que pour la France et pour les seules pollutions au dioxyde d’azote, aux particules fines et à l’ozone liées aux véhicules, il y aurait 42 000 morts prématurées chaque année du fait de problèmes de qualité de l’air. Un jeune français sur 10 souffre d’asthme et 30 à 40% des français souffrent d’allergies). Concernant l’eau en Chine 1/4 de l’eau de surface (24,3%) est si polluée qu’elle ne peut même pas servir dans l’industrie, un autre quart (26,4%) ne peut être utilisée que pour l’industrie et l’agriculture et donc seulement moins de la moitié est potable, selon les données publiées par le ministère chinois de la Protection de l’environnement. En dépit d’un renforcement de la législation ces dix dernières années, le ministère peine à empêcher les milliers d’usines de ciment et d’usines chimiques de déverser leurs déchets dans les cours d’eau du pays. L’utilisation excessive d’engrais a également conduit au développement d’algues dans les lacs et les rivières.

    Certaines sociétés chinoises oeuvrent efficacement à mettre en place un système de commercialisation pour profiter de l’absence de marques établies sur le marché. Cette situation est synonyme d’arbitrages complexes pour les décideurs occidentaux. Dans les pays qui ont soutenu une industrie depuis des décennies, en particulier
    l’Allemagne, les contribuables peuvent s’indigner de cette évolution, en estimant que les sociétés chinoises, balayant tout sur leur passage, anéantissent les sources de
    profit que leurs subventions ont permis de mettre en place.

    Tendances européennes

    La part d’énergie provenant de sources renouvelables doit atteindre 20 % du total de la consommation énergétique européenne d’ici à 2020. Des objectifs individuels tenant
    compte des situations de départ différentes selon les Etats membres ainsi que du potentiel d’énergies renouvelables et des performances économiques de chaque Etat membre, ont
    été fixés. La France, qui a atteint 11 % en 2008 selon Eurostat a un objectif de 23 % en 2020.

    Parmi les champions européens des énergies renouvelables, la Suède (44,4 % de la consommation totale en provenance d’énergies renouvelables), la Finlande (30,5 %), la Lettonie (29,9 %), l’Autriche (28,5 %) et le Portugal (23,2%). Les mauvais élèves sont Malte (0,2 %), le Luxembourg (2,1 %), le Royaume-Uni (2,2 %), les Pays-Bas (3,2 %) et la Belgique (3,3%). La République Tchèque, l’Allemagne, la Grèce et la Slovénie ont vu la part d’énergies renouvelables dans leur consommation d’énergie légèrement régresser. Au contraire, l’Autriche (28,5%), l’Estonie (19,1%), la Roumanie (20,4%), le Portugal (23,2%) et la Slovaquie (8,4%) ont connu les plus fortes progressions.

    Selon le rapport «Renewable Energy Snapshots», publié le 5 juillet dernier par le Centre commun de recherche de la Commission européenne, c’est l’énergie éolienne qui
    s’est le mieux développée en 2009 (pour la deuxième année consécutive). Le vent se taille la part du lion de la capacité nouvellement installée : 10,2 GW sur 27,5 GW, soit
    37,1 % du total. Il est suivi par le photovoltaïque : 21 %. Puis par la biomasse (2,1 %), l’hydroélectricité (1,4 %) et le solaire thermique (0,4 %).

    Parmi les énergies plus polluantes les centrales au gaz représentent encore 24 %. Sans oublier le charbon (8,7 %), le fioul (2,1 %), l’incinération des déchets (1,6 %)
    et le nucléaire (1,6 %).

    En valeur absolue, 19,9 % de la consommation européenne d’électricité était d’origine renouvelable l’an dernier (11,6 % pour l’hydroélectrique, 4,2 % pour l’éolien, 3,5 % pour le bois-énergie, et 0,4 % pour le solaire).

    Résumé des conclusions du rapport RES Europe 2010

    Énergie éolienne: avec une capacité totale installée supérieure à 74 GW en 2009, l’éolien a déjà dépassé de plus de 80 % l’objectif des 40 GW fixé pour 2010 par le livre blanc. Le nouvel objectif fixé par la European Wind Association est d’atteindre à l’horizon 2020 une capacité installée de 230 GW (dont 40 GW en mer), qui permettrait de couvrir environ 20 % de la demande européenne d’électricité.

    Biomasse: au rythme de croissance actuel, la production d’électricité à partir de la biomasse pourrait doubler entre 2008 et 2010 (passant de TWh à 200 TWh). Cette ressource fait cependant l’objet d’une demande concurrente de la part d’autres secteurs énergétiques (chauffage et transport), ce qui pourrait freiner le développement de la
    bioélectricité. Du fait qu’elle est entreposable en vue d’une utilisation à la demande, la biomasse est une ressource particulièrement intéressante pour la production
    d’électricité.

    Énergie solaire concentrée (ESC) : la capacité installée reste modeste en Europe, avec 0,430 GW comptabilisé en mai 2010 (soit environ 0,5 % du total), mais elle est en
    progression constante. Si la «European Solar Industry Initiative» (ESII) se concrétise, on estime que la capacité installée pourrait atteindre 30 GW d’ici à 2020. La plupart
    des chantiers en cours dans le domaine de l’énergie solaire concentrée se situent en Espagne.

    Solaire photovoltaïque : on enregistre chaque année depuis 2003 un doublement de la capacité totale installée. En 2009, elle a atteint 16 GW, ce qui représente 2 % de la
    capacité totale. La croissance va se poursuivre, étant donné qu’on prévoit pour 2010 la construction d’installations d’une capacité allant jusqu’à 10 GW. Le solaire photovoltaïque a lui aussi dépassé les prévisions de capacité énoncées dans le livre blanc de l’Union européenne sur les sources d’énergie renouvelables.

    Autres sources d’énergie : les technologies utilisant notamment l’énergie géothermique, marémotrice ou houlomotrice en sont encore au stade de la recherche ou du développement; c’est pourquoi elles n’ont pas encore été incluses dans les rapports Renewable Energy Snapshots. Il est toutefois probable qu’elles entreront plus largement sur le marché dans le courant de la prochaine décennie.

    S’agissant de l’énergie hydroélectrique, aucune augmentation sensible n’est à espérer du fait que la plupart des ressources sont déjà utilisées. Les systèmes d’accumulation par pompage des centrales hydroélectriques sont en revanche appelés à jouer un rôle de plus en plus important dans la fourniture d’une capacité de stockage au profit des autres sources d’énergies renouvelables.

    Si le rythme actuel de croissance se maintient, le rapport conclut qu’à l’horizon 2020 la production d’électricité issue de sources renouvelables pourrait atteindre 1 400 TWh. Ce résultat, qui pourrait représenter entre 35 et 40 % de la consommation totale d’électricité de l’Union européenne, en fonction de l’impact des politiques de l’Union en matière d’efficacité énergétique, contribuerait significativement à la réalisation de l’objectif des 20 % fixé pour la production d’énergie issue de sources renouvelables.

    Résumé en français :

    http://www.enerzine.com/605/10016+enr-ue—62-pct-de-la-nouvelle-capacite-de-production-2009+.html

    Rapport complet, tableaux et graphiques, en anglais :

    http://re.jrc.ec.europa.eu/refsys/pdf/FINAL_SNAPSHOTS_EUR_2010.pdf

    La situation en France

    En dehors de l’hydraulique, qui recule suite à une faible pluviosité à l’automne, la progression des énergies renouvelables s’établit à 23 % en deux ans. La production des renouvelables atteint désormais 20 Mtep, soit une augmentation de près de 3 millions de tonnes équivalent pétrole entre 2007 et 2009.

    L’essor le plus important concerne les parcs éolien et photovoltaïque. La capacité installée du premier a ainsi augmenté de 84,5 % en deux ans, franchissant fin 2009 la barre des 4.500 MW, tandis que le deuxième a été multiplié par sept sur la même période pour atteindre 310 MW installés. L’Hexagone compte désormais 45.000 installations
    photovoltaïques raccordées.

    Dans le même temps la production nucléaire fléchit pour la quatrième année consécutive de 7 % en 2009. En repli également les activités de raffinage et de pétrochimie.

    Si la production éolienne demeure très faible en France, elle vient de franchir un cap et commence à prendre de l’importance atteignant en juin 2010 une puissance de 5.000 MW. En fonction de la force des vents la production d’électricité des éoliennes françaises a énormément varié au cours du mois de juin, passant par exemple de 17 mégawatts le 5 juin à 2.92 MW dix jours plus tard. En moyenne, la production a atteint 798 MW, soit seulement 16% de la puissance mais elle a permis de couvrir 6,8% de la consommation hexagonale le 16 juin. Le pays reste toutefois bien loin de son objectif fixé dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, à savoir 25.000 MW de puissance installée d’ici à 2020.

    Important retard dans l’exploitation du biogaz malgré l’ampleur de la ressource :

    Une étude récente de l’AEBIOM (Association Européenne pour la Biomasse) montre que la France, qui dispose pourtant du plus grand gisement biogaz d’Europe, est à l’opposé la plus mal équipée en installations spécialisées et occupe seulement la 16e place en Europe. Il existe à l’heure actuelle plus de 5000 usines de biogaz en Europe, qui est également utilisé à partir d’un grand nombre de sites de décharge. Les deux pays qui comptent la production la plus importante sont l’Allemagne et l’Angleterre. Ces deux pays représentent ensemble presque 70% de la production
    totale européenne de biogaz (estimée en 2002 à 92PJ/an comparée à un potentiel total européen de 770PJ/an en 2020). Les pays qui produisent le plus de biogaz par tête sont le Royaume-Uni, la Suède, le Danemark, la Suisse et les Pays-Bas. A court terme, le potentiel principal pour la production est le traitement des déchets humides comme les boues d’épuration, lisiers, déchets provenant de différents types d’industries alimentaires etc. A long terme différents types de produits agricoles représenteront la source principale du biogaz.

    La part de biogaz utilisée comme carburant est encore infime en Europe et reste pour l’instant spécifique à un seul pays, la Suède (0,3 %), d’où la grande marge de progression possible, justifiée par le bilan
    souvent peu intéressant des agrocarburants, plus particulièrement ceux de première génération :

    http://cjoint.com/data/hDlKoPpLi5.htm

    En exploitant les 3 ressources que sont, les centres d’enfouissement techniques aux normes (décharges pour ordures ménagères), la méthanisation des boues de stations d’épuration, la méthanisation de déchets organiques agricoles, industriels et ménagers, le biogaz en résultant pourrait couvrir au minimum 10% de la consommation de gaz en France (qui est actuellement importatrice de gaz à plus de 90%).

    Plusieurs centres de recherche dont l’Institut für Energie GmbH (Leipzig) et l’Öko-Institut eV sont même allés nettement plus loin fin 2007 en prévoyant que l’Allemagne, compte tenu notamment de la forte augmentation des rendements obtenus, aurait la capacité dès 2020 de produire à elle seule la totalité des importations de gaz russe en Europe (ci-après Vidéo traduite) :

    http://news.mongabay.com/bioenergy/2008/01/report-biogas-can-replace-all-eu.html

    Malgré cela, le potentiel de ces ressources est encore peu développé dans l’Hexagone alors que leur exploitation procure plusieurs avantages : production de gaz, de chaleur, d’électricité, de produits chimiques, de compost, réduction des déchets, de l’épandage et de ses inconvénients, des pollutions des sols, nappes, lacs, cours d’eau, gaz à effet de serre, stockage d’énergie très complémentaire aux énergies renouvelables etc.

    Pour l’introduction du biométhane dans les véhicules, les meilleures conditions sont réunies : un grand potentiel de biomasse existe dans les zones urbaines, agricoles et forestières, l’Europe dispose d’un vaste réseau de gaz naturel permettant le transport de ce biométhane, plus de 2 000 stations-service sont équipées pour les véhicules roulant au gaz naturel, le marché du biométhane est très important : 600 000 véhicules, bus et camions roulent déjà au gaz naturel.

    Seules 6 usines de méthanisation des déchets ménagers sont en service en France (Amiens, Varennes-Jarcy, Le Robert, Lille, Calais, Montpellier), 20 installations de biogaz sont basées sur l’exploitation des décharges, 70 sont des installations de traitement des eaux usées urbaines, 120 sont des installations de traitement des eaux usées industrielles et seulement une poignée sont des unités
    agro-alimentaires et de traitement du lisier animal, 13 de méthanisation agricole pour une capacité de traitement actuelle de 60 000 tonnes par an. Toutes revendent leur électricité au réseau national.

    Des investisseurs institutionnels comme particuliers s’intéressent de plus en plus aux perspectives du secteur dont le rendement est souvent relativement élevé, comme c’est le cas d’Oddo Asset Management et XAnge Private Equity pour une société comme Naskéo. « Comme nous l’avions annoncé lors de la levée de notre fonds dédié à l’éco-innovation, la prise de conscience des enjeux énergétiques et environnementaux est de plus en plus forte. Elle favorise la naissance de projets innovants par des entrepreneurs de qualité. Naskéo est un bon exemple du type d’investissements que notre fonds recherche » souligne Olivier Hua, responsable de l’activité venture d’Oddo Asset Management.

    En modèle du genre et référence entre autres l’Allemagne, où pourtant l’agriculture est moins développée que dans l’Hexagone, est devenue en quelques années le plus grand pays producteurde biogaz (2,4 Mtep en 2007) avec des taux de croissance du secteur de 40%, grâce à un fort développement de ses petites unités de méthanisation à la ferme (71,2 % du total) soutenu par des tarifs d’achats attractifs et dont la production dépasse celle des centres d’enfouissement et stations d’épuration. Le pays est également premier si l’on tient compte de la production par habitant.

    En mai dernier, lors de l’examen du projet de loi Grenelle 2, les députés ont adopté un amendement qui ouvre d’importantes perspectives de développement pour la filière biogaz en France. Celui-ci va pouvoir être injecté dans le réseau de distribution de gaz. L’injection est déjà pratiquée dans plusieurs pays d’Europe depuis plusieurs années, notamment les Pays-Bas, la Suède, la Suisse, ainsi
    qu’aux Etats-Unis et dans différents pays d’Amérique Latine (Chili, Brésil).

    Géothermie : multiplier par 6 la production d’ici 2020

    Développer l’utilisation de la chaleur en sous-sol pour générer de l’énergie « propre » : c’est toute l’ambition du plan gouvernemental issu du Grenelle de l’environnement et du Plan de développement des énergies renouvelables. Un Comité National de la Géothermie vient d’être lancé le 20 juillet dernier. Présidé par Philippe Vesseron, Président d’honneur du BRGM (agence publique française de recherche et d’expertise pour les sciences de la Terre), ce Comité aura pour tâche de proposer des actions et recommandations pour le développement de chacune des formes de la géothermie au travers d’une « gouvernance à 5 », en cohérence avec la méthode du Grenelle Environnement. L’ambition : multiplier par six la production d’énergie issue de la géothermie d’ici à 2020. Pour y parvenir, le projet prévoit de relancer à grande échelle les programmes en Ile-de-France, en Alsace, en Aquitaine, Midi-Pyrénées et Centre, et en équipant 2 millions de foyers de pompes à chaleur. Montant de l’investissement : entre 15 et 20 milliards d’euros. « Il s’agit non seulement de contribuer à l’atteinte de l’objectif de 23 % d’énergies renouvelables dans la consommation d’énergie à l’horizon 2020, mais également de susciter l’émergence en France d’une véritable filière industrielle créatrice d’emplois », précise le Meedm. La géothermie a ainsi été identifiée comme l’une des 18 « filières vertes » prioritaires dans l’hexagone.

    Encore des progrès à accomplir

    Tous les cinq ans, l’Agence Internationale de l’Energie effectue une revue en profondeur des politiques énergétiques de ses pays membres. Le 26 juillet 2010, le directeur exécutif de l’AIE, Nobuo Tanaka a remis au ministre français de L’Ecologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, ainsi qu’à son representant, Pierre Franck Chevet, le rapport sur la politique énergétique de la France.

    « La France fait des grands efforts afin de réduire la consommation de l’énergie et, ainsi, lutter contre le réchauffement climatique », souligne le rapport de l’AIE. Par ailleurs, il indique que le pays est le deuxième consommateur d’électricité en Europe mais que, dans le même temps, il parvient à couvrir ses besoins avec 80 % de
    production issue du nucléaire, ce qui le place parmi les leaders mondiaux. Elle met toutefois en avant le gros problème de gestion des déchets jugé « capital pour le
    développement harmonieux de ce secteur ».

    De plus, toutes les énergies fossiles, telles que pétrole, gaz ou charbon sont importées. Le rapport souligne la nécessité de développer davantage les interconnexions
    électriques et gazières avec d’autres pays du « vieux continent » pour mieux assurer les besoins pendant les périodes de forte consommation. Et finalement, les tarifs régulés de l’électricité en France ne semblent pas être du goût de l’AIE: « ils constituent un obstacle à la libéralisation du marché et n’incitent pas aux économies d’énergie ».

    Le baromère EurObserv’Er montre que malgré ses progrès évidents, la France est encore loin d’être sur la trajectoire qu’elle s’est elle même fixée dans le cadre du Grenelle de l’environnement, en parfaite cohérence avec le paquet Énergie-Climat de l’Union européenne. Ce constat devrait nourrir les réflexions prochaines de l’ensemble des parties qui ont élaboré le rapport du comité opérationnel sur les énergies renouvelables (Comop) du Grenelle de l’environnement, véritable feuille de route qui a fixé à 20 Mtep le supplément d’énergies renouvelables en France entre 2006 et 2020.

    En complément :

    9e bilan EurObser’ER Europe :

    http://www.energies-renouvelables.org/observ-er/stat_baro/barobilan/barobilan9.pdf

    Baromètres EurObserv’ER :

    – photovoltaïque :

    http://www.energies-renouvelables.org/observ-er/stat_baro/observ/baro196.pdf

    – thermique :

    http://www.energies-renouvelables.org/observ-er/stat_baro/observ/baro197.pdf

    – éolien :

    http://www.energies-renouvelables.org/observ-er/stat_baro/observ/baro195.pdf

    – biogaz :

    http://www.energies-renouvelables.org/observ-er/stat_baro/observ/baro186_a.pdf

    http://www.biogaz-europe.com/OpenDocument.aspx?open=y&docid=22

    http://www.record-net.org/record/etudesdownload/record02-0415_1A.pdf

    – biocarburants :

    http://www.eurobserv-er.org/pdf/baro198.pdf

    L’Irena

    29 Etats plus l’Union européenne, sur 148 signataires, ont ratifié leur adhésion à l’Agence internationale des énergies renouvelables (Irena), permettant aux statuts de
    l’agence d’entrer en vigueur jeudi 8 juillet dernier. Basée à Abu Dhabi (Emirats arabes unis), l’Irena a été créée en janvier 2009 par 75 Etats dont 48 pays africains,
    38 européens, 35 asiatiques, 17 américains et 10 d’Australie/Océanie. La nouvelle organisation internationale est dirigée par la Française Hélène Pelosse. L’Agence internationale vise à promouvoir les énergies renouvelables dans le mix énergétique mondial (porter leur part à au moins 50% dans la production électrique mondiale).
    et à assister les Etats adhérents. Elle doit être un lieu d’échanges d’expériences et de bonnes pratiques sur la production mais aussi la distribution de l’énergie d’origine renouvelable, notamment sur leur intégration aux réseaux de distribution existants. Elle va également permettre de faciliter la mise en place de normes internationales cohérentes, qu’il s’agisse de la certification des produits de consommation comme les panneaux solaires ou de celle des bornes permettant aux véhicules électriques de recharger leurs batteries.
    Irena s’appuie actuellement sur une équipe de 38 personnes de 23 nationalités – experts en énergies renouvelables, connexions, réseaux de distribution et financement – dont la moitié de femmes.

    http://www.irena.org/home/index.aspx?mnu=hom

    VIDEOS – TV

    Eco EnR TV, les objectifs :

    http://www.ecoenrtv.com/video-19.html

    Les acteurs du solaire (en anglais) :

    http://www.pv-tech.org/solar_leaders_video_clips/

    Clean Skies (en anglais)

    http://www.cleanskies.com/

    Etude d’mpact des énergies renouvelables sur la biodiversité (en anglais)

    Les impacts des parcs éoliens sur la biodiversité touchent principalement les oiseaux et les chauves-souris. Ils sont de trois types – mortalité, dérangement, perte d’habitat – et varient en fonction des espèces, des saisons, des milieux, de la taille des parcs éoliens… S’ils sont relativement faible par rapport à ceux d’autres activités humaines (agriculture intensive, collision avec les vitres d’immeubles allumés la nuit, avec les voitures ou les fils électriques, prédation des chats domestiques, chasse…) ils constituent néanmoins des risques supplémentaires qu’il convient de connaître afin de pouvoir les réduire.

    http://www.lpo.fr/etudes/eolien/doc/englische20windkraftstudie.pdf

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