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Etude HSBC/Zone Euro : L’austérité va manquer d’efficacité

Etude HSBC/Zone Euro : L’austérité va manquer d’efficacité

Seule une croissance soutenue pourra rétablir les finances publiques européennes. Et davantage de surveillance des budgets

La crise de la dette souveraine est en réalité une crise de la croissance.

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Les programmes d’austérité lancés par les pays de la zone euro auront moins d’effets sur leurs déficits et dettes publiques qu’une reprise de la croissance au niveau international, estime Janet Henry, chef économiste d’HSBC pour l’Europe. Une croissance globale qui suscite actuellement d’imposantes inquiétudes.

En 2010, l’impact des mesures d’austérité sur la croissance de la zone euro sera neutre, car «ce sont surtout les petits pays qui fourniront les efforts budgétaires».

L’engagement de la Grèce, par exemple, représente 7% de son PIB, ce qui est considérable, mais l’effet sur la croissance de la zone n’atteindra que 20 points de base, car le pays ne pèse que 2,6% du PIB de la zone euro

Beaucoup plus grande par sa contribution au PIB global (11,8%), l’Espagne vise un effort fiscal représentant 2,6% de son PIB, ce qui aura un effet lui aussi limité, estimé à 30 points de base du PIB global.

Conséquence des efforts fiscaux effectués surtout en périphérie, de nombreux déficits publics vont encore s’accroître en 2010, notamment en Allemagne (il atteindra 5,1%, contre 3,1% en 2009), en France (8,6% contre 7,5% en 2009) ou en Italie (5,8% contre 5,2% en 2009).

A l’échelle de l’eurozone, le déficit budgétaire global dépassera 7% cette année (6,3% en 2009), pour reculer progressivement jusqu’à 4,3% en 2013. Une date à laquelle la dette cumulée des pays de la zone euro dépassera 90% du PIB, avance HSBC (78,8% en 2009).

Si la tendance s’inversera dès 2011, avec un recul généralisé des déficits (et un impact de 1% sur la croissance de la zone), les niveaux des déficits resteront néanmoins élevés d’ici trois ans et systématiquement supérieurs à la barre des 3% définis par les critères de Maastricht, à l’exception de l’Allemagne (2,8%).

Reste à savoir si ces engagements seront concrétisés dans la réalité par les gouvernements, en particulier dans le contexte actuel de population vieillissante et de pression sur les systèmes de retraite.

En tout cas, estime Janet Henry, les efforts seront de plus en plus difficiles à réaliser avec le temps qui passe.

Aux problèmes de la dette et de déséquilibres budgétaires, s’ajoute celui du vieillissement de la population. Entre 2005 et 2030, la population active baissera de 20 millions et le nombre de personnes de plus de 65 ans augmentera de 40 millions. Une bombe à retardement pour les économies qui devront débourser de plus en plus pour les pensions dont le financement sera assuré par de moins en moins de contributeurs.

Pour Janet Henry, l’Europe n’est pas vraiment maître de son destin. Ses perspectives dépendent largement de l’évolution économique aux Etats-Unis où selon elle, les craintes d’une double récession se font de plus en plus sentir. Pour preuve, l’emploi ne décolle pas et les valeurs immobilières continuent de chuter. «On peut toujours espérer que Washington adopte des nouveaux plans de relance pour aider l’activité économique», dit-elle.

«De nouvelles règles, impliquant notamment des sanctions plus crédible s, doivent être mises en place dans la zone euro pour s’assurer que les pays membres suivent une certaine orthodoxie budgétaire. Des pays qui devraient également faire l’objet d’une surveillance accrue », estime l’économiste.

La fiabilité des prévisions de chaque pays dépendra du degré d’optimisme concernant la croissance, relève Janet Henry, faisant allusion aux 2,5% de croissance annuelle prévus par la France jusqu’en 2013, qui devraient ramener le déficit tricolore sous la barre des 3% d’ici trois ans. HSBC table pour sa part sur une croissance de 1,5% pour la France chaque année. «Mais l’élément déterminant dans l’évolution des déficits publics et du poids de la dette en zone euro reste la croissance mondiale, et à ce titre, les récentes difficultés américaines sont particulièrement troublantes», estime la chef économiste.

Les mesures d’austérité ne sont pas propices à la création d’emplois. En Europe, le taux de chômage a déjà atteint les 10%, avec un sommet de 20% en Espagne et 40% chez les jeunes chômeurs.

Si la croissance européenne rechute, le double-dip «ne sera pas provoqué par les resserrements fiscaux, mais par les difficultés américaines et un problème sur la croissance mondiale», poursuit Janet Henry, qui se déclare toujours optimiste concernant le dynamisme des pays émergents.

Par ailleurs, la faiblesse de l’euro permet de compenser l’effet restrictif des efforts budgétaires. Plus précisément, les pays souvent vus comme «moins exportateurs» de la zone profitent davantage de la faiblesse de la monnaie unique que l’Allemagne, par exemple.

Berlin exporte ses produits vers les pays émergents et se bat contre des concurrents basés dans des développés,alors que l’Espagne par exemple fait face à la concurrence de pays à plus bas coûts, contre lesquels une monnaie plus faible constitue un avantage relativement plus important. Ce qui explique que depuis début 2009, les exportations espagnoles de biens et services aient progressé plus rapidement que les exportations allemandes.

Enfin, en l’absence d’inflation, la Banque centrale européenne ne devrait pas relever ses taux avant 2011, estime HSBC. Reste que les marchés sont surtout focalisés sur le risque de rechute aux Etats- Unis, ce qui se traduira par une volatilité élevée dès le deuxième semestre de cette année._

La Suisse en bonne élève du continent européen

Evaluation optimiste de HSBC sur l’économie suisse, qui devrait croître à un rythme de 2% cette année et de 1,5% l’an prochain, selon la banque, soit davantage que la zone euro.

Janet Henry ne voit pas de risque inflationniste, ce qui devrait pousser selon elle la BNS à ne pas relever ses taux avant 2011. Souvent avancée comme motif d’augmentation du coût de l’argent, une éventuelle bulle immobilière peut être combattue par d’autres mesures que l’arme des taux, affirme la cheffe économiste, s’appuyant sur les mesures administratives prises dans certains pays asiatiques pour contrer les risques de bulle immobilière.

source agefi+le temps juil10

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