Commentaire du Wolf : En Hongrie il y a plus qu’un problème de communication !!!!
Après avoir déjà suscité l’émoi il y a peu par les déclarations incendiaires de hauts responsables magyars sur la situation financière du pays, la Hongrie vientencore de s’attirer les foudres du Fonds monétaire international et de l’Union Européenne. De quoi faire monter d’un cran encore la tension sur les marchés.
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Budapest ne parle pas la langue des marchés
Le moins que l’on puisse dire est qu’en annonçant que la Hongrie n’avait qu’une faible chance d’éviter le sort de la Grèce, que les rumeurs d’undéfaut de paiement n’étaient pas exagérées et que le déficit pourrait dépasser les 7% fin 2010, Budapest a semé la panique sur les marchés. Si le but (politique) était sans doute d’imputer la responsabilité de la délicate situation financière au gouvernement socialiste sortant, l’exercice n’en était pas moins périlleux. A une époque où les problèmes de dette souveraine marquent à juste titre vivement les esprits,une mauvaise communication dans ce domaine peut avoir des conséquences importantes et incontrolables…
Résultat, le forint a perdu respectivement 5 et 10% par rapport à l’euro et au franc suisse depuis le mois de mai, les taux d’intérêt sur les obligations d’Etat hongroises sont partis à la hausse et les assurances contre un défaut de paiement magyar (les fameux CDS) sont devenues sensiblement plus chères.
L’échec des négociations avec le FMI et l’UE n’a ensuite rien arrangé.
En déclarant que de nouvelles mesures d’austérité étaient exclues et en revenant sur les objectifs de déficit fixés par le gouvernement précédent, le Premier ministre Viktor Orban s’est ainsi fait peu d’amis sur la scène internationale. Certes, la Hongrie ne devrait pas avoir besoin de fonds dans l’immédiat, mais une prolongation de l’accord obtenu à l’automne 2008 avec le FMI et l’UE aurait rassuré les marchés et les agences de notation et permis,probablement, un retour en douceur de la Hongrie sur les marchés de la dette. Au lieu de cela, la route s’annonce semée d’embûches et pleine de servitude…
De graves problèmes subsistent
A force de vouloir justifier sa réputation d’homme fort, le Premier ministre Orban a coûté cher à ses citoyens car la Hongrie reste aujourd’hui trèssensible à toute chute de sa devise.
Depuis 2004 en effet, particuliers et entreprises ont systématiquement eu recours à des prêts en euro ou, pour la plupart, en franc suisse. Une optionqui, des années durant, a permis au secteur privé d’emprunter à des taux nettement plus faibles que ceux proposés en forint. Seulement, depuis la crise financière, le forint a perdu quelques plumes.
Par rapport à la moyenne de 2007, l’euro s’est ainsi apprécié d’environ 15% par rapport à la devise magyare, alors que le franc suisse a lui gagné près de 40% ! De quoi gonfler sensiblement les mensualités des ménages et des entreprises hongrois dont les revenus restent eux libellés en forint.
C’est donc sans surprise que le secteur privé se retrouve aujourd’hui en mauvaise posture et seules les aides d’Etat aux prêts hypothécaires en matière d’immobilier ont à ce jour empêché une flambée des défauts de paiement des ménages.
Face à l’impératif de stabilité du forint, la Banque centrale hongroise est une habituée des interventions pour soutenir sa devise en cas de dégringolade majeure. Elle tâche ainsi d’empêcher l’inflation par les produits importés, mais aussi et surtout de venir en aide au secteur privé pour lequel la stabilité du forint est vitale. Dans la conjoncture actuelle, il n’est donc pas exclu qu’elle relève ses taux, ce qui ralentirait encore un peu plus une économie pour laquelle il est à prévoir une contraction de l’ordre de 0,5% en 2010.
La Hongrie n’est pas la Grèce
Avec une dette publique correspondant à 79% du PIB, le pays est certes plus endetté que ses voisins tchèque ou polonais, mais reste largement dans la moyenne de l’Union européenne. Quant à l’objectif officiel de 3,8% de déficit budgétaire en 2010, il est même en-dessous de la moyenne. Par contre, les mesures prévues pour y parvenir sont loin de faire l’unanimité. Le gouvernement de M. Orban mise en effet beaucoup sur une taxe temporairesur les banques. Or, il y a fort à parier que les rentrées fiscales liées à cette taxe ont été surestimées. De plus, cette mesure ne fera rien pour remettre les comptes de l’Etat sur la voie del’assainissement à plus long terme, d’autant que le gouvernement souhaite alléger la charge fiscale pour relancer la croissance. Autant de points qui inquiètent le FMI et l’UE et expliquent l’échec des négociations.
Restez à l’écart
La situation financière de la Hongrie n’est certes pas catastrophique, mais dans le contexte actuel, les perceptions sont importantes. Or, comme l’approche de Viktor Orban et ses pairs passe plutôt mal auprès des marchés, des baisses de la note de la dette hongroise par les agences de notation ne peuvent en aucun cas être exclues.
Si l’on y ajoute le risque de relèvement des taux directeurs susceptible de provoquer une hausse des taux sur toutes les échéances et donc une baisse dela valeur des obligations existantes, mieux vaut assurément rester à l’écart des actifs hongrois….
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