La Fed accentue l’incertitude
L’évolution des marchés hier a clairement montré que les incertitudes créées par la décision de la Fed sont nettement plus importantes que ses effets positifs. Non seulement en raison du constat que la reprise de l’économie américaine montre des signes d’essoufflement.
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A commencer par l’effet le plus direct de la stratégie de réinvestir les produits de titres de dette en sa possession arrivés à maturité dans des bons du Trésor, surtout à 2 et à 10 ans. Les taux à court terme étant déjà à leur plancher, ce plan équivaut en fait à une baisse implicite des taux à plus longue échéance.
Toutes proportions gardées, ce mécanisme fait penser aux hypothèques subprime ou encore aux rehausseurs de crédits: favoriser les emprunts en faisant passer la prime de risque à un niveau inférieur à celui demandé par le marché. Sauf que la recapitalisation des banques toujours en cours a pour conséquence que, comme la Fed l’a elle-même constaté, elles ne se sont toujours pas remises à prêter. Et les chances que cet «assouplissement quantitatif 2.0» réussisse à débloquer la situation sont très faibles.
Pour l’essentiel, les bénéficiaires des mesures de la Fed restent donc les mêmes: les banques, bien évidemment – et l’Etat. La décision de la Fed semble préparer le terrain à un nouveau plan de relance gouvernemental, une nouvelle tentative de soutenir l’économie par des investissements, qui aggravera certainement encore son surendettement. Dans le cas idéal, l’Etat pourrait donc effectuer ces investissements sans avoir à en payer le prix sous forme d’un service de la dette encore plus lourd. Mais la réalité pourrait bien prendre sa revanche. En fait, l’interprétation un peu moins favorable est celle que la Fed se voit obligée de contrer l’affaiblissement de la demande étrangère pour les bons du Trésor. Quoi qu’il en soit, la banque centrale américaine s’allie ainsi à un combat contre la déflation ignorant notamment les premiers signes inflationnistes dans les matières premières.
Ce qui paralyse vraiment l’économie américaine, c’est la perspective de hausses d’impôts, tant du côté des gouvernements d’Etats américains qu’au niveau fédéral. Celle-ci bloque les investissements des entreprises, notamment dans la création de nouveaux postes de travail, comme les achats des consommateurs essentiels à toute reprise de l’économie. Et l’accumulation de dettes à court terme ne fait qu’alourdir la facture future des contribuables.
Les vertus de l’austérité pour relancer l’économie (cliquez sur le lien)
La Fed a encore des outils en cas de récession
Un «mini-pas» avant un programme de rachat d’actifs de grande ampleur. C’est ainsi que Goldman Sachs voit la décision de la Réserve fédérale américaine, mardi, de réinvestir les titres arrivant à maturité dans des bons du Trésor afin de maintenir son bilan au niveau actuel.
Si les données économiques actuelles, qui montrent un ralentissement et une recrudescence du chômage, ne justifiaient pas pour l’heure une intervention plus massive, celle-ci ne saurait tarder, selon la banque américaine . Elle parie sur un nouveau programme de rachats de titres du Trésor américain qui atteindrait 1000 milliards de dollars. Un plan qui serait mis en place d’ici à la fin de l’année, voire au début 2011.
Reste encore à déterminer s’il faut se concentrer sur la dette souveraine des Etats-Unis ou sur les titres liés à l’immobilier. La deuxième solution a un avantage: aider les consommateurs. Mais elle a également un inconvénient important: les émissions de titres de mauvaise qualité ont très largement diminué. Reste également à voir si l’activité s’enlise et si le risque de «double dip» (ou nouveau plongeon dans la récession) se matérialise vraiment.
La Fed a d’autres outils que les rachats d’actifs. Ben Bernanke, président de l’institution, avait lui-même mentionné d’autres mesures.
En premier lieu, elle peut réitérer son engagement à maintenir des taux bas pour une longue période. Ce qui a été fait mardi. Mais certains analystes estiment qu’elle pourrait aller encore plus loin en conditionnant un relèvement des taux d’intérêt à une hausse de l’inflation qui dépasse un certain seuil. «Il est probable que c’est déjà ce qu’elle se dit sans rendre public le chiffre fatidique», estime Fabrizio Quirighetti, chef économiste chez Syz & Co.
Autre outil évoqué, la baisse du taux qui rémunère les réserves des banques déposées auprès de la banque centrale.
Un arsenal vraiment utile?
Un arsenal dont l’institution n’aura toutefois peut-être pas besoin. «Il semble que nous soyons dans une situation où tout momentum économique a disparu. Le marché du travail va embrayer, mais de manière tellement lente que cela rend entre-temps l’économie vulnérable à n’importe quel choc négatif», poursuit l’économiste de la banque genevoise.
Surtout, les mesures évoquées n’ont à son avis que peu d’utilité pour relancer l’économie. «Il y a deux ans, racheter des titres liés à l’immobilier ou des bons du Trésor avait du sens, en raison de la perte de confiance et de l’explosion des spreads, qui risquaient d’endommager l’économie», explique-t-il encore. Désormais, les taux – des obligations du Trésor, mais aussi hypothécaires – sont historiquement bas. Ainsi, si la Fed relance sa politique d’assouplissement quantitatif, ce sera «sûrement pour lutter contre le risque de déflation, dont la probabilité est faible, mais dont les conséquences potentielles sont énormes».
La Fed de New York va acheter pour USD18 mds d’obligations
La Réserve fédérale de New York a annoncé mercredi qu’elle achèterait pour 18 milliards d’emprunts d’Etat américains d’ici à la mi-septembre.
Cette décision fait suite à la réunion du comité de politique monétaire de la Fed, mardi, où les dirigeants de la banque centrale américaine ont d’acquérir des obligations pour soutenir l’économie.
La Fed achètera donc :
le 17 août, des obligations dont la date de maturité est comprise entre le 15/08/2014 et le 31/07/2016,
le 19 août, des obligations dont la date de maturité est comprise entre le 15/08/2016 et le 15/08/2020,
le 24 août, des obligations dont la date de maturité est comprise entre le 15/02/2013 et le 31/07/2014,
le 26 août, des obligations dont la date de maturité est comprise entre le 15/02/2021 et le 15/08/2040,
le 30 août, des obligations indexée sur l’inflation et dont la date de maturité est comprise entre le 15/01/2011 et le 15/02/2040,
le 1er septembre, des obligations dont la date de maturité est comprise entre le 15/02/2012 et le 31/01/2013,
le 7 septembre, des obligations dont la date de maturité est comprise entre le 15/08/2014 et le 31/07/2016,
le 9 septembre, des obligations dont la date de maturité est comprise entre le 15/02/2013 et le 31/07/2014 et
le 13 septembre, des obligations dont la date de maturité est comprise entre le 15/08/2016 et le 15/08/2020.
source agence+agefi+le temps aout10
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