Analyse Technique

AT/ Ron Meisels : Marchés, Nous sommes encore près du creux et dans une phase baissière

AT/ Ron Meisels : Marchés,  Nous sommes encore près du creux et dans une phase baissière

Le spécialiste de l’analyse technique se refuse à faire des prédictions ou à émettre une opinion sur la situation actuelle. Il admet toutefois que certaines conclusions peuvent être tirées de l’observation du marché.

PLUS DE MIESELS EN SUIVANT :

 « Les mauvaises nouvelles n’influencent pas ma pensée, mais ont un impact sur les marchés et elles poussent actuellement bien des gens à garder beaucoup d’argent investi sur les marchés monétaires. » 

Il se sert d’ailleurs des sentiments des investisseurs afin de déterminer dans quelle phase du cycle économique se trouve actuellement l’économie américaine.

En se basant sur le cycle de 40 ans que Meisels a inventé, en comparant les cycles de 10 ans et de 4 ans utilisés en analyste technique, on doit compter d’un an et demi à deux ans avant de se sortir complètement d’une phase de négativisme.

« En considérant que nous avons atteint le fond en mars de 2009 et qu’un an et quatre mois viennent de passer depuis, si rien d’autre ne se passe, nous aurons besoin de 8 mois avant que les investisseurs retrouvent complètement confiance (et que le marché remonte) », avance-t-il.

Ron Meisels estime que nous sommes beaucoup plus près du creux du cycle économique que du sommet, ce qui rendrait peu probable une récession à double creux. « Nous sommes actuellement dans une phase baissière (« bear market ») où les catégories d’actifs comme le pétrole, le gaz et l’immobilier dominent. » 

EN COMPLEMENT INDISPENSABLE : Ron Meisels : scruter le passé pour prédire l’avenir boursier

En 1995, alors que le Dow Jones Industrial Average (DJIA) navigue autour de 3 000 points, Ron Meisels publie une note au titre accrocheur :  » 10 000 en 2000 « .

Selon le fondateur de Phases & Cycles, le vénérable indice fracasserait cette valeur au début du millénaire.  » Les gens pensaient que c’était de la folie « , relate-t-il.

Fou, peut-être, mais relativement prévisible pour l’analyste technique chevronné, car l’histoire boursière se répète. Essentiellement, la crainte, l’avidité et l’espoir créent l’offre et la demande, qui évoluent selon des cycles. Ce qui crée des modèles de prix réguliers.

Les analystes techniques s’affairent à découvrir et à comprendre ces modèles afin de les appliquer à leur stratégie d’investissement.

C’est ce que fait Ron Meisels depuis plus de 35 ans.  » En 1956, Dunbar a découvert que le marché boursier tend à bouger selon un cycle de quatre ans. Il avait alors prédit le marché baissier de 1958, et tous les quatre ans, nous voyons ce modèle se reproduire « , dit Ron Meisels.

Edson Gould a publié une étude mettant de l’avant un cycle boursier de 10 ans. Ses conclusions sont surprenantes. Sur 130 ans depuis 1880, chaque année qui se finit par un cinq, comme 2005, a connu un rendement positif. Cette année de milieu de cycle a produit à elle seule un rendement total de 291 %.

À l’inverse, la dernière année du cycle, qui finit par un zéro, affiche seulement trois ans de rendements positifs sur 12 périodes. Au total, c’est un rendement de – 53 %.

Ces deux cycles permettaient d’expliquer bien des mouvements boursiers. Toutefois, Ron Meisels s’est demandé pourquoi les cycles de quatre ans étaient différents, certains étant plus plats que d’autres par exemple.  » Était-il possible qu’un cycle plus long et dominant existe ? J’ai analysé une combinaison du cycle de quatre ans et du cycle de 10 ans.  »

Il est remonté jusqu’en 1884, et il a découvert un mouvement qui pouvait être défini dans un cycle de 40 ans.

Au début du cycle de 40 ans, ou Cycle Meisels, les périodes de quatre ans se suivent avec des sommets de plus en plus élevés. Puis, vers la fin du cycle, les sommets sont de plus en plus bas.

Le cycle dans lequel nous nous trouvons (1974-2014) a culminé en 2008. Le cycle précédent (1934-1974) avait atteint son sommet en 1968, avant de connaître deux années successives de rendement négatif. Le cycle antérieur (1894-1934) avait culminé en 1928, juste avant la Grande Dépression.

Ainsi, à la fin de ses travaux, en 1995, il lui semblait logique d’avancer que nous aurions deux grands cycles de quatre ans à venir, confie Ron Meisels.  » J’ai pris le taux de croissance à travers les cycles et les années et je l’ai appliqué au DJIA. L’indice arrivait à 9 900 au tournant du siècle.  »

Ce cycle nous indique qu’il est probable que nous ayons une liquidation en 2010. Cependant, Ron Meisels travaille toujours pour évaluer si ce creux sera plus ou moins important que le creux précédent.

Ce qui est plutôt certain, c’est que nous devrons attendre le prochain cycle de 40 ans, soit après 2014, pour revisiter les sommets historiques du TSX et du S&P 500.

Un autre aspect intéressant de ce modèle est que le Canada réagit différemment des États-Unis, poursuit l’analyste technique.  » À la fin du cycle, ce sont les ressources qui propulsent le marché. « 

En général, les actifs durs (ressources) tendent à mieux performer vers le dernier tiers du cycle de 40 ans, tandis que les actifs mous (banques, assurance, médias, etc) surperforment durant les deux premiers tiers. Or, le TSX est riche en ressources, alors que le S&P 500 n’a, par exemple, qu’un seul titre aurifère, Newmont Mining.

Mauvais placement providentiel

Ron Meisels a découvert l’analyse technique il y a près de 40 ans.  » Je suis devenu analyste technique parce que j’ai perdu de l’argent sur les marchés à titre d’investisseur.  »

 » Je travaillais pour la société SCM Limited, qui n’existe plus. Elle fabriquait des dactylos, une autre machine qui n’existe plus… J’ai ouvert un compte chez un courtier et acheté des actions de cette société. Le titre a monté, descendu, monté, descendu, puis je l’ai vendu en dessous du prix d’achat. J’ai demandé à mon courtier ce que je pouvais faire maintenant, et il m’a donné un rapport. J’ai retourné le rapport et il y avait un graphique. Je me suis dit : « Oh, c’est visuel », alors j’ai commencé à lire et à étudier l’analyse technique.  »

Aujourd’hui, tous les sites financiers produisent des graphiques de base. Ron Meisels a appris à les tracer à la main, ce qu’il fait encore.  » Le système que j’ai adopté s’appelle Point and Figure Charting, développé par Charles Dow. Nous l’utilisons encore aujourd’hui, en faisant des graphiques manuellement.  »

Ron Meisels sort un grand livre dans lequel le graphique des titres qu’il suit est méticuleusement tracé.  » Si vous le faites à la main, vous regardez vraiment ce que vous faites. Les ordinateurs sont merveilleux ; le problème, c’est que vous pouvez regarder plusieurs graphiques, mais pas un en particulier. En faisant une entrée à la main chaque fois qu’il y a une modification, nous voyons les changements de tendance.  »

Ron Meisels a fait son entrée dans l’industrie financière au bas de l’échelle, en 1971. Il a été vendeur et a gravi les échelons jusqu’au poste d’analyste technique.

Deux rapports ont propulsé sa carrière en 1978.  » Lors de ma première visite chez des investisseurs institutionnels, j’avais une recommandation de vente sur Moore Corp., une société qui faisait des formulaires.  »

Le titre flottait à 48 $. Ron Meisels lui attribuait une cible de 22 $.  » Je n’ai pas eu beaucoup de succès avec cette recommandation !  » dit-il.

Deux semaines plus tard, il a récidivé, avec une recommandation de vente sur le titre de Canadian Tire avec un cours cible de 20 – 21 $. Le titre valait 45 – 50 $.  » Seulement trois personnes avaient accepté de me rencontrer…  » dit-il.

Quatre mois plus tard, Moore se négociait à 22 $, et Canadian Tire, à 21.  » C’était le début de ma carrière, dit-il. Les gens ont commencé à m’écouter.  »

Ron Meisels a été engagé par Nesbitt Thomson en 1982. Il y est resté jusqu’à la fondation de Phases & Cycles, au début des années 1990.  » J’offrais de la recherche indépendante, ce qui intéressait beaucoup de gens. Car à l’époque, il y avait peu de recommandations de vendre venant des grands courtiers. Mais cela a fini par changer.  »

Aujourd’hui, la clientèle de Phases & Cycles est composée d’investisseurs institutionnels, de gestionnaires de portefeuilles ainsi que de firmes de courtage qui achètent la recherche pour leurs conseillers de plein exercice.

Récemment, Phases & Cycles a été choisie pour être le fournisseur de la recherche pour le premier fonds négocié en Bourse géré activement au Canada, le Horizons AlphaPro Managed S&P/TSX 60 (HAX).

La recherche produite est purement technique, à une exception près : Phases & Cycles tient compte du secteur auquel un titre appartient. Elle suit les grandes capitalisations, mais aussi les plus petites. Au Canada, elle suit 150 titres, en plus de quelque 200 titres américains.

Ron Meisels envoie deux ou trois rapports de recommandation par semaine.  » À long terme, je crois que nous avons un taux de réussite de 80 %. Nous aimons choisir les titres au moment où ils brisent leur tendance.  »

Une autre recommandation mémorable touche Nortel.  » Nous l’avons placé dans notre liste des titres à vendre alors que le titre s’échangeait à 90 $, dit-il. Puis, avant que le titre ne soit regroupé à raison de 10 actions pour une, j’ai écrit un rapport disant que la grande majorité, peut-être 95 %, des titres regroupés retourneraient au prix précédant le fractionnement.  » Nortel est passée de 1 $ à 10 $ avec le regroupement d’actions, mais on connaît la suite…

Une crise non technique

Ron Meisels a été le premier Canadien à recevoir le Prix A. J. Frost, en reconnaissance de sa contribution au développement de l’analyse technique.  » Je crois avoir mérité ce prix parce que je suis le fondateur de la Canadian Society of Technical Analysts. Environ 150 personnes sont membres de cette société aujourd’hui.  »

Lorsqu’on lui demande si la crise financière actuelle est la plus dure qu’il ait vécue, il répond que la crise de 1974 lui a paru plus difficile parce qu’il avait une maison neuve et deux enfants. C’était alors un défi de convaincre des gens d’acheter des actions.  » La récession actuelle est difficile parce qu’il ne s’agit pas d’un événement technique, mais d’un élément externe : ce sont les hypothèques à risque qui l’ont causée. Soudainement, des titres qui avaient un bon niveau de soutien sont passés rapidement sous ce niveau…  »

Toutefois, les périodes boursières tumultueuses ont pour avantage de mettre l’analyse technique en valeur :  » Il devient difficile d’expliquer précisément ce qui se passe, car les ratios cours-bénéfices se rétractent. L’analyse technique devient alors encore plus attrayante.  »

source F&I aout10

EN COMPLEMENT ET CHEZ MON AMI FORCAST ON LIRA AVEC PROFIT : http://weinstein-forcastinvest.net/les-cycles-seculiers-du-sp500-depuis-1900/ (cliquez sur le lien)

ET ICI : Comment investir dans un marché baissier séculaire… (cliquez sur le lien)

2 réponses »

Laisser un commentaire