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Billet Invité : Réponse à R. Bryce du Manhattan Institute à propos de l’éolien US par Olivia

Billet Invité : Réponse à R. Bryce du Manhattan Institute à propos de l’éolien US par Olivia

L’article en cause :   

Energie / Contreverse sur Les éoliennes : autant en emporte le vent ? (cliquez sur le lien)

PLUS DEOLIEN EN SUIVANT :

L’éolien au Texas, rapides données complémentaires :

Pour situer un peu le journaliste texan R. Bryce et le Manhattan Institute :

http://en.wikipedia.org/wiki/Robert_Bryce_(writer)

Quelques réponses faîtes aux Etats-Unis à Robert Bryce :

Matt Wasson, Director of Programs for Appalachian Voices :

« Extreme Misinformation in the Washington Post » :

http://www.huffingtonpost.com/matt-wasson/extreme-misinformation-in_b_552097.html

« Relying on bad science like the Nature Conservancy’s « Energy Sprawl » study and thoroughly discredited white papers like « The Case of Denmark » from Bjorn Lomborg’s Institute for Energy Studies, Bryce deftly turns common sense on its head to convince his readers that burning more fossil fuels is really the best path to a
green energy future ».

« Manhattan Institute, has received $800,000 from the big-time polluters at Koch Industries in recent years, on top of money from Exxon Mobil. It’s no surprise Big Oil and polluters fund right-wing disinformation »

Jigar Shah CEO Carbon War Room et créateur de SunEdison :

« For the record, I don’t know Robert and he is I am sure a brilliant senior fellow, but I needed a foil »

http://www.cleantechblog.com/2010/04/robert-boyces-5-myths-show-ignorance.html

« The Always-Provocative Robert Bryce Lists 5 Myths About Green Energy » by Scott Carlson

http://chronicle.com/blogPost/The-Always-Provocative-Robert/23626/

Ecarts entre les fonds  gouvernementaux alloués aux E-U en R & D pour différentes énergies à différentes périodes : dans tous les cas favorables au nucléaire et aux énergies fossiles, contrairement aux indications de R. Bryce :

http://www.nationalaglawcenter.org/assets/crs/RS22858.pdf

Subventions non exhaustives aux énergies fossiles :

American taxpayer funding of oil and gas exploration keeps the price of fossil energy artificially low, a study conducted by Wood Mackenzie for the American Petroleum Institute shows.

According to an article in the Oil & Gas Journal, the study found that eliminating tax deductions for intangible drilling costs and for US oil and gas production
expenses would « shift the average break-even points for US oil and gas development from $47/bbl and $5.40/Mcf, respectively, to $52/bbl and $6/Mcf. »

In other words, by subsidizing the oil and gas industry, American taxpayers are picking up a portion of the real cost of those fossil energy sources. In turn, that
discourages conservation and makes it harder for renewable energy sources to compete on price.

It’s important to note that this still doesn’t get us anywhere near the real price of fossil energy. To do that, you’d still have to look at the tax breaks that
subsidize foreign oil production, the hundreds of billions spent around the world subsidizing fossil energy and the trillions the U.S. spends on the Ministry of Oil
Defense.

If we want renewable energies to compete without government support, shouldn’t we ask fossil energies to do the same ?

Au niveau mondial (Bloomberg) pour 2008 : les subventions affectées aux énergies renouvelables sont 12 fois moindres en moyenne que celles affectées à l’industrie du pétrole. Environ 45 milliards de dollars pour subventionner les énergies renouvelables, sous forme de crédit d’impôts ou de réglementation du marché de l’électricité, à comparer à plus de 550 milliards que l’Agence Internationale de l’Energie a comptabilisé en subventions à l’industrie du pétrole.

R. Bryce dans ses articles et livres est en faveur des gaz de schistes (qui avec de très nombreux forages posent, entre autres d’importants problèmes et risques environnementaux : contaminations de nappes phréatiques etc)

Energie : La révolution des gaz de schistes secoue les prix jusqu’en Suisse

et du gaz en général, puis de l’énergie nucléaire, contestant les soutiens (pourtant en diminution constante et qui ont été comparativement aux autres énergies faibles dans le temps) aux énergies renouvelables – de développement pourtant très récent et nécessitant la mise en place de filières et de développements technologiques pour beaucoup très prometteurs – alors que le gaz de schistes (de ressources bien plus anciennes et au total très largement subventionnées : gaz et pétrole) est toujours bien favorisé fiscalement, ce qui ne semble pas très cohérent (à moins de représenter des intérêts énergétiques particuliers). De plus le gaz et plus encore le pétrole ont des utilisations bien plus utiles (chimie, pharmacie etc) que d’être exploités sous forme combustible. Il n’est par ailleurs quasiment jamais tenu compte des facteurs Ges (gaz à effet de serre), ni des filières complètes de la source à l’exploitation, des risques et facteurs environnementaux, ni des déchets ultimes, ni des développements technologiques à venir, donc çà simplifie évidemment bien des calculs et çà fausse l’ensemble des données moyen-long terme.

Il faut environ 1 an pour mettre en place un parc éolien (capacité totale actuelle + de 10.000 MW au Texas) alors qu’il en faut environ 5 pour un réseau électrique
(en bonne partie obsolète au Texas et qui ne concerne pas que l’éolien) et environ 10 pour une centrale
nucléaire – dont le choix posait en particulier des problèmes de sécurité, le Texas étant déjà un Etat leader dans la production de pétrole et de gaz : 75% de la production de gaz et plus de 35% du pétrole se situent dans un triangle Texas Louisiane golfe du Mexique – (le Texas produit encore à lui seul
25% du pétrole des Etats-Unis avec des réseaux le rendant plus sensible qu’un autre, unités de production, stockage, pipelines/gazoducs etc. et il manque généralement de ressources en eau).

R. Bryce ne mentionne pas qu’une bonne part des déficits ponctuels en énergie éolienne relevée par le principal gestionnaire de réseau Ercot sont en majorité liés à ce retard de mise en place du réseau, qui se justifie mieux sur une zone venteuse diversifiée importante et qu’un % non négligeable n’est donc pas encore en mesure d’approvisionner, quand nécessaire, plusieurs villes (dont Dallas) où les pics de demande sont bien sûr les plus forts.

La production éolienne au Texas, si elle est très rarement faible – ce qui peut en attente de réseau plus large adéquat ou stockage être aisément compensé les quelques jours manquants éventuellement par an pour cet Etat où la production de gaz est majoritaire – bat au contraire régulièrement des records (88% de la capacité par exemple pour certains parcs locaux et 70 % pour l’ensemble du Texas en octobre 2009 ou encore dans les premiers mois de 2010 etc).

Cette production éolienne est en fait souvent en forte surcapacité, comme par exemple au Nord de l’Allemagne et il y a pour le moment un réseau incomplet et inadéquat (plus de vent à l’Ouest du Texas et densité de population la plus forte au Nord) pour ce surplus d’énergie.

Le prix de l’électricité éolien déjà compétitif baisse régulièrement ( – 90% sur moins d’une dizaine d’années à comparer à + 100% de hausse pour le gaz dans le même temps) et c’est bien sûr aussi le cas au Texas et la tendance à la baisse va se poursuivre puisque les éoliennes installées à l’origine sont nettement moins performantes que celles actuelles et à venir. Ce n’est pas par hasard ni par seuls intérêts de tels ou tels que l’éolien a été choisi (en plus d’origine principalement étrangère), même si certains aspects sont objectifs, mais bien notamment en fonction du coût (inférieur au nucléaire), d’ailleurs sinon pourquoi ne pas avoir alors opté dès le départ pour le solaire ou la biomasse (d’origne principalement américaine) dont le potentiel est très élevé au Texas.

Les autres énergies renouvelables y sont à l’heure actuelle en effet sous exploitées et en particulier le solaire alors que c’est un Etat ensoleillé et que c’est une énergie très complémentaire à l’éolien, en particulier au Texas :

http://www.ars.usda.gov/is/pr/2010/100812.htm

..de même que la biomasse alors que l’agriculture y est importante (2e Etat agricole), la géothermie etc

A celà il faut ajouter que c’est un des Etats les plus consommateurs d’énergie, avec un réseau ni adapté ni récent et que l’efficacité énergétique y est très en retard.

Ne sont pas évoquées les hausses des prix du pétrole et du gaz à venir et leurs conséquences.

N’est pas cité non plus par Bryce dans ses articles l’impact positif sur les revenus, la création d’emplois (27% de plus que les centrales à charbon et 20% de plus que pour le gaz), en particulier ruraux, sans dépendance externe et nettement moins d’émissions de Ges, ni déchets critiques :

329 millions de dollars de recettes annuelles pour le Texas, plus de 10.000 emplois déjà créés et plus de 41.000 en prévision d’ici 5 ans :

http://www.renewabletexas.org/downloads/wind_benefits_for_tx.pdf

Rapport des consultants de Perryman sur l’éolien au Texas :

The Perryman Group (TPG) was recently asked to quantify the
economic contributions of wind generation and transmission
investment resulting from Texas’ CREZ project (Competitive Renewable Energy Zones) in a comprehensive manner.

The build-out of CREZ is predicted to conserve
approximately 17 billion gallons of water annually and lead
to reductions in emissions including up to 16% in CO2 and up
to 13% in NOx (pour mémoire c’est mieux dans tous les cas que le nucléaire, comme le confirment plusieurs universités dont celles de Stanford ou du Wisconsin)

Emplois et recettes :

The combined construction impact of new power transmission
facilities as well as wind turbine construction following the initial implementation of the CREZ initiative on business activity in Texas is projected to total $30.6 billion in output (gross product) and some 383,972 person-years of employment. This economic activity leads to notable
incremental tax receipts over the development period; TPG
estimates the gains to include about $1.6 billion for the State and $329.1 million for various local governments.

The Case I level is roughly equivalent to the current
size of the air transportation in the state, while Case II is about as large as the computer and electronics sectors (secteurs employeurs importants au Texas)

Another perspective is on a per-customer basis. Depending on
the levels of overall generation fuel prices, the typical
residential customer at project maturity will save between
$160.93 and $354.94 per year (fully adjusted for the
associated transmission costs), resulting in a stimulus to the economy of $454.44 to $995.60 in total spending and $216.76 to $478.03 in gross product.

This report presents the results of TPG’s analysis :

http://www.perrymangroup.com/reports/Winds_of_Prosperity_Final.pdf

Site de Perryman Economic and Financial Analysis Firm

http://www.perrymangroup.com/

Records réguliers du parc éolien texan :

Mars 2010 – Le Texas a établi un nouveau record concernant la production d’énergie éolienne lorsque 19 % de l’électricité en provenance du réseau principal a été générée grâce au vent, soit une puissance instantanée de 6272 MW. Bien évidemment, la moyenne globale de la production d’énergie éolienne au Texas est beaucoup plus faible que ces pics. L’année dernière, le Texas a fourni environ 6,2 % de son électricité à partir de turbines éoliennes.

Cependant, plusieurs parcs éoliens installés au Texas tournent au ralenti ou sont dans l’obligation de fermer les jours de vent à cause d’une carence certaine dans
les infrastructures réseaux qui servent à transporter le courant vers des villes plus éloignées…

L’Etat du Texas a décidé d’y remédier en y consacrant près de 5 milliards de dollars. Il a ainsi l’intention de construire un réseau de lignes à haute tension afin de décongestionner les principales villes.

Le Texas est l’Etat américain le plus venteux et donc le plus prolixe en énergie éolienne. Ci-dessous, la liste des 10 Etats les plus venteux :

1. Texas
2. Kansas
3. Montana
4. Nebraska
5. Dakota du Sud
6. Dakota du Nord
7. Iowa
8. Wyoming
9. Oklahoma
10. Nouveau-Mexique

http://www.smartgridnews.com/artman/publish/Technologies_DG_Renewables_News/Record-Wind-Energy-in-Texas-Underscores-Transmission-Need-1527.html

Plus la production des énergies renouvelables augmente, plus augmentent les conflits d’intérêts (çà aide à mieux comprendre les compétitions qui règnent dans certains Etats et explique les diverses publications parfois difficiles à décrypter ! :

http://online.wsj.com/article/NA_WSJ_PUB:SB10001424052748704188104575083982637451248.html

Il ne faut pas omettre non plus que toutes les énergies peuvent être concernées par des coupures ou ruptures d’approvisonnement

Cas du gaz en Angleterre :

http://news.scotsman.com/uk/Energy-fears-over-gas-and.5958191.jp

du charbon en Chine :

http://www.chinamining.org/News/2010-01-07/1262833168d33140.html

du nucléaire en Espagne ou France etc :

http://www.euractiv.com/fr/energie/canicule-entrane-fermeture-centrales-nuclaires/article-156926

http://www.monde-diplomatique.fr/2004/02/BOVET/11015

Quelques exemples de coûts de stockage d’énergies renouvelables pas si élevés qu’indiqués :

« Il apparaît évident que le stockage est une technologie pertinente pour favoriser l’intégration des énergies renouvelables intermittentes dans les réseaux
électriques ». Exemple de la Réunion

http://www.arer.org/pj/articles/271_Rapport-etude-stockage-Marine-Tran-sept08.pdf

http://www.arer.org/pj/articles/448_Rapport-stock-hydraulique-CF2009.pdf

Bon, R. Bryce, parfois un peu en incohérence avec ses idées a mis du solaire sur son garage, mais la façon dont çà a été posé on peut là aussi se demander si ce n’est pas non plus un peu mal intentionné à l’égard de cette autre branche des énergies renouvelables ! ;o)

http://tv.muxlim.com/video/fU1PCgQ056K/Energy-Expert-Robert-Bryce-questions-Green-future/

Olivia

EN COMPLEMENT : L’émergence de l’éolien offshore ouvre quelques perspectives à l’industrie française

 | En attendant, le gouvernement a confirmé, mardi 24 août, le lancement en septembre des appels d’offres annoncés en mai. Ils portent sur un investissement de 10 milliards d’euros (3,5 millions d’euros par MW) pour la construction de parcs d’éoliennes dans la Manche, l’Atlantique et la Méditerranée. L’enjeu n’est pas seulement d’améliorer le bilan carbone et de respecter l’engagement vis-à-vis de l’Europe (23 % d’énergies renouvelables en 2020), mais aussi de créer une véritable filière industrielle, notamment dans les zones portuaires.

Lors d’une rencontre d’affaires organisée début juillet par le Syndicat des énergies renouvelables (SER), le représentant de Jean-Louis Borloo, ministre de l’énergie, avait évoqué les pistes du gouvernement. Il va définir une dizaine de zones, « propices au développement de l’éolien en mer », découpées en « lots » attribués aux candidats retenus. Les implantations retenues permettront, selon lui, de mutualiser une partie des coûts de raccordement – très élevés – des éoliennes au réseau électrique.

Des projets alléchants sur le papier mais économiquement irréalistes pourront être repris et amendés. Le candidat devra donc proposer un prix de revente du courant à EDF. Une fois sélectionné, il disposera de dix-huit mois à deux ans pour confirmer la viabilité de son projet. S’il y renonce, l’appel d’offres sera rouvert sur la zone et les études préalables bénéficieront au nouveau candidat.

Il n’y a encore aucune éolienne au large des côtes françaises, alors que le Royaume-Uni et le Danemark ont respectivement 43 % et 31 % de la capacité installée en Europe (plus de 2 000 MW). L’avenir du seul projet en cours, mené par l’allemand Enertrag au large de Veulettes-sur-Mer (Seine-Maritime), est suspendu au recours en justice déposé par des riverains. La France a-t-elle pour autant perdu totalement la bataille de l’éolien ?

SUR LA BASE DE PME

Elle ne dispose pas d’ensembliers aussi puissants que l’américain General Electric, l’allemand Siemens, l’espagnol Gamesa ou le danois Vestas. Pétris de culture nucléaire, politiques et dirigeants d’EDF ne s’y sont pas intéressés. Le gouvernement n’a pas soutenu la volonté d’Areva de s’y développer, laissant filer deux « proies » de choix : le danois Bonus, repris par Siemens, et l’allemand Repower, acheté par l’indien Suzlon. En 2007, Areva a néanmoins racheté l’allemand Multibrid pour se développer dans l’offshore et Alstom a acquis l’espagnol Ecotecnia.

Mais une filière française peut se construire sur la base de petites et moyennes entreprises (PME) et bénéficier de l’ancrage hexagonal d’industries performantes (aéronautique, métallurgie, chantiers navals…). En 2009, le SER a identifié plus de 140 entreprises dans 18 secteurs connexes à l’éolien, comme les composants, la maintenance, l’ingénierie civile et électrique, le transport et les chantiers. Selon une étude de Capgemini Consulting, « l’ensemble du spectre des composants pourrait être couvert par les entreprises françaises dans un délai de douze à trente-sixmois ».

Les villes côtières sont intéressées par ce développement de l’éolien, surtout quand elles doivent opérer de douloureuses reconversions industrielles, comme Le Havre, Nantes – Saint-Nazaire ou Bordeaux. Cette solution de sortie de crise est avancée, parmi d’autres, pour l’ancienne usine Ford de Blanquefort (Gironde).

Jean-Michel Bezat le monde aout10

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L’éolien, signe des temps

L’ essor indigène et écologique longtemps attendu de cette énergie fait polémique, à caup de batailles de chiffres

Après des années d’immobilisme, la Suisse favorise désormais le développement des énergies renouvelables au moyen d’un tarif garanti de rachat de l’électricité. Cette nouvelle donne a suscité nombre de projets, notamment éoliens. Cet essor indigène et écologique longtemps attendu s’inscrit positivement dans notre approvisionnement électrique futur. Pourtant l’éolien fait polémique, à coups d’informations biaisées. Le rappel de quelques faits s’impose. 

Introduite en 2008, la rétribution au prix coûtant (RPC) de l’énergie produite par voie renouvelable, qui assure aux investisseurs la rentabilité d’un projet, avait stimulé une quête intensive de sites propices à l’exploitation de l’énergie éolienne. Premiers arrivés, premiers servis! Les développeurs avaient donc rapidement multiplié les accords avec des propriétaires fonciers et des communes. Avec quelques turbulences… 

Ce temps est révolu, mais l’impression générale demeure qu’un nombre important de sites seront aménagés dans un proche avenir. Faux, car les autorités cantonales jouent leur rôle de régulation et de coordination, évaluent les différents projets et décident de ceux qui seront concrétisés. La coordination s’appuie sur les plans directeurs cantonaux d’aménagement du territoire, lesquels, selon les cantons, désignent directement les sites sur lesquels des éoliennes peuvent être érigées, ou spécifient les critères auxquels un projet doit satisfaire. Il existe également, pour l’Arc jurassien, une coordination intercantonale. 

Aussi le projet d’un développeur peut-il être rejeté non seulement quand les conditions environnementales, techniques ou économiques ne sont pas respectées mais également s’il n’entre pas dans la planification territoriale du canton concerné. 

Fin 2009, la Suisse comptait 15 grandes éoliennes implantées principalement dans l’Arc jurassien et le Bas-Valais. Avec les 13 nouvelles érigées cette année, la production éolienne d’électricité sera multipliée par 2,5 pour atteindre l’équivalent de la consommation de 20 000 ménages. D’autres projets à un stade de planification avancée – pour une quinzaine de parcs regroupant une centaine d’éoliennes – devraient être finalisés entre 2012 et 2015 et couvrir les besoins de 100 000 ménages de plus. 

Selon le «Concept d’énergie éolienne pour la Suisse» arrêté en 2004 par la Confédération, l’éolien pourrait à terme assurer l’équivalent de la consommation d’un million de ménages, via 4000 GWh, soit la production de l’actuelle centrale nucléaire de Mühleberg. Cet objectif serait atteignable avec 800 éoliennes de technologie actuelle. Ce nombre devrait toutefois décroître, la technologie progressant vite: ainsi les 8 nouvelles éoliennes du Mont Crosin produiront-elles 3 fois plus d’énergie que les 8 installées entre 1996 et 2004.

Les vents qui soufflent sur les sites éoliens suisses sont moins forts (5,5 à 6,5 m/s en moyenne) que ceux en mer du Nord (8 à 9 m/s). Une même éolienne produira donc en Suisse 2/3 environ de ce qu’elle livrerait installée en mer. En revanche, l’énergie étant chez nous produite pour une consommation locale, les pertes de transport sont bien plus faibles et, de surcroît, il n’y a pas nécessité de nouvelles grandes lignes à haute tension. 

De plus, la Suisse, château d’eau de l’Europe, peut grâce à ses barrages compenser la variabilité de la production éolienne (ou solaire). Selon une récente étude de l’OFEN, les réglages nécessaires pour intégrer 10% d’énergie renouvelable supplémentaires – dont 20% d’éolien – ne présentent pas de difficulté technique. 

Malgré ces perspectives, des oppositions visent plusieurs projets. Des initiatives individuelles de voisinage ont pris l’ampleur d’associations anti-éoliennes, très présentes dans les médias avec une communication émotionnelle qui multiplie, déforme les projets et amplifie leurs impacts. 

Or, le développement éolien à moyen terme passe par l’acceptation des projets par la population locale. L’exemple du Mont Crosin, avec le développement d’activités touristiques montre une voie couronnée de succès. D’autres modèles sont également favorables, comme la participation des communes aux décisions et au capital-actions de la société de projet (éoliennes du Bas-Valais), l’ouverture du capital à la population locale (éoliennes de Saint-Brais) ou la participation à des infrastructures locales. 

Dans un registre plus global, les éoliennes – comme les panneaux solaires – ont cette vertu de nous confronter visiblement à nos appétits énergétiques. Les progrès techniques et les économies n’en réduiront qu’une part. Sur le long terme, nous devrons adopter une nouvelle relation aux énergies, avec plus de visibilité: les grandes centrales, d’autant mieux tolérées par les citoyens qu’elles sont implantées chez d’autres, disparaîtront au profit d’un réseau décentralisé à usage local, intelligent. Et pas forcément inesthétique – affaire de regard

Martin Kernen responsable de «Suisse-Eole», l’association chargée de la promotion de l’énergie éolienne en Suisse. Aout10

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