Commentaire de Marché

Albert Edwards : Nous glissons vers la déflation, le S&P tombera sous 450 points…

Albert Edwards : Nous glissons vers la déflation, le S&P tombera sous 450 points…

Le chemin que j’ai emprunté au cours des 14 dernières années a été difficile ; j’ai suscité la risée et mes idées ont été évincées, taxées de délires d’un cinglé à la recherche d’attention…

Morceaux de choix de son dernier commentaire :

PLUS DEDWARDS EN SUIVANT :

« Les investisseurs croulent sous le poids de la recherche des brokers comparant la conjoncture américaine avec celle du Japon dix ans plus tôt. Tandis que les marchés obligataires, au moins, s’orientent vers une intégration de la déflation, la plupart des analystes sell-side affirment toujours que la situation actuelle est différente de celle du Japon il y a 10 ans. Ils ont raison. La situation est aujourd’hui bien pire aux Etats-Unis qu’elle ne l’était au Japon à l’époque« , affirme l’analyste éminemment baissier de la Société Générale, Albert Edwards.  

« Pour les investisseurs actions, le choc risque d’être rude. Actuellement, l’économie mondiale glisse à nouveau vers la récession et ils n’ont toujours pas conscience que ces événements vont induire un nouveau repli des valorisations, soit le troisième marché baissier depuis l’éclatement de la bulle du marché actions. Ce manque de prise de conscience me rappelle l’histoire de ce polonais de 35 ans qui a vécu pendant cinq ans sans s’apercevoir qu’il avait une balle logée dans la tête. A l’instar du marché actions en 2000, cet homme avait trop fait la fête pour se rendre compte qu’on lui avait tiré dessus », raconte l’analyste.  

« Alors que le bain de sang du marché actions depuis ces dix dernières années entre dans sa phase finale, encore plus sanglante, l’optimisme persistant des investisseurs me rappelle également le Chevalier noir du film Monty Python, Sacré Graal ! Malgré les mutilations infligées par le roi Arthur, le Chevalier noir, progressivement démembré, ignore ses blessures qu’il qualifie de superficielles. La grande majorité du secteur de l’investissement ne perçoit pas que nous sommes enfermés dans un marché structurellement baissier et que nous allons entamer l’Acte III. » 

« L’espoir est encore trop grand. Tant que le paradigme suivant Les actions pour le long terme n’aura pas été remplacé par Les obligations à tout prix, nous ne serons pas arrivés au terme de notre voyage dans l’Age de glace. Le chemin que j’ai emprunté au cours des 14 dernières années a été difficile ; j’ai suscité la risée et mes idées ont été évincées, taxées de délires d’un cinglé à la recherche d’attention. Quoi qu’il en soit, à mesure que nous avançons sur le chemin (…) comme celui du modèle japonais d’obligations soi-disant chères surperformant des actions supposées bon marché – la blessure risque d’être tout sauf superficielle. » 

Montrant que les obligations d’Etat dans le monde ont surperformé de près de 100% les actions même avant que les actions n’entament un autre repli cyclique, l’analyste se demande si la surperformance était similaire en excluant le Japon au cours des 14 dernières années : « C’est bien le cas. Cette année a déjà connu un retournement spectaculaire du sentiment du marché dès lors que ce dernier a commencé à reconnaître qu’il s’enfonçait dans les sables mouvants de la déflation. Aux Etats-Unis par exemple, la surperformance dépasse cette année les 20 points de pourcentage. »

« Le marché structurellement baissier n’est pas arrivé à son terme. Nous affirmons depuis longtemps que le dégonflement de la bulle ne s’achèvera que lorsque les actions deviendront très bon marché et l’aversion pour les actions, en tant que classe d’actifs, menace. Le problème relève davantage des valorisations excessives aux Etats-Unis plutôt qu’en Europe, mais cela n’empêchera pas le marché baissier d’affecter tout autant d’autres marchés plus attrayants. Nous retrouverons les planchers de valorisation atteints en 1982 lorsque le S&P s’est replié à un plus-bas d’environ 450 », anticipe Albert Edwards.

« Le marché obligataire est toujours enfermé dans un marché haussier techniquement parfait. Le prochain mouvement baissier des rendements ne fait pas de doute à mes yeux. L’absence de reprise cyclique mondiale fera plonger les rendements obligataires américains à 10 ans dans la fourchette des 1,5 -2%. Selon nos hypothèses, les bunds allemands à 10 ans franchiront à la baisse la barre des 1,5% et même les Gilts britanniques passeront en deçà des 2%. Nous sommes peut-être plus proches de la déflation pure et simple que beaucoup ne l’imaginent. »

« La Fed de Cleveland publie une mesure différente de l’IPC sous-jacent : il s’agit plus précisément de l’IPC médian et moyen centré-réduit. Entre autres, ces indices atténuent l’importance de la valeur locative imputée aux propriétaires occupants prise en compte dans l’IPC sous-jacent. Or, d’après ces mesures, l’inflation sous-jacente diminue nettement plus vite que l’indicateur officiel ne le laisse entendre. Le recul de l’IPC médian par rapport au pic de 2008 de 3% à seulement 0,5% a été précipité, notamment après 10 ans de stabilité relative autour d’un taux de 2,5%. Nous glissons vers la déflation bien plus vite que les données officielles ne le laissent supposer. »

« Pour l’instant le marché actions a ignoré l’essentiel des données négatives qui affluent et n’a pas rejoint le marché obligataire de manière perceptible. Le marché actions s’écroulera comme un château de cartes lorsque l’indice ISM manufacturier national tombera dans les mois à venir en dessous de 50, en territoire récessionniste. En effet, les données concernant les nouvelles commandes pour août, déjà publiées dans l’ISM régional, suggèrent que le marché actions devrait recevoir à très court terme des données susceptibles d’affecter sérieusement son sentiment. Mais peu importe, le dernier des optimistes nous le dira, ce n’est qu’une blessure superficielle ! »

source SG/Zero Hedge/AOF Fund aout10

BILLET PRECEDENT : Albert Edwards : « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. »

EN COMPLEMENT : Les dés sont pipés par Alan Abelson

2 réponses »

  1. Chronique d’une agonie à venir.

    L’économie US flirte avec le précipice, les bourses étant plus ou moins à leur niveau de l’été dernier, dans une atmosphère étrange où les investisseurs du monde entier déversent leurs masses de liquidités vers le seul placement qui leur semble encore sûr, à savoir les Bons du Trésor.

    A 2,06 %, le rendement du Bon US à 10 ans ne s’approche-t-il effectivement pas de son plus bas historique atteint le 30 Décembre 2008 ? Comment s’en étonner alors que la Réserve Fédérale US elle-même a annoncé la reprise de son programme de rachat de papiers valeurs émis par la Trésorerie de son propre pays…

    Bienvenue dans la « japanification » des Etats-Unis ! Cette expression, utilisée tout récemment par le stratégiste de Merrill Lynch, Michael Hartnett, n’est-elle qu’une boutade ? Ou insinue-t-elle que le pays est à l’orée d’une longue traversée du désert jalonnée de déflation, d’une interminable récession, et d’un grand cycle baissier affectant les bourses ?

    Les Etats-Unis subiront-ils le même sort que le Japon qui n’en finit plus de se battre, et dont les taux d’intérêts sont à zéro depuis 20 ans ?

    En fait, Merrill Lynch et quelques rares analystes lucides, quoique terriblement pessimistes, prévoient des taux Américains sensiblement réduits jusqu’à 2020, ponctués d’une croissance moyenne de 1 à 1,5 % sur les 20 ans à venir, un Dow Jones dont les valorisations seraient divisées par deux, et un marché immobilier condamné à chuter de 30 % supplémentaires pour la même période…

    Ce scénario catastrophe est-il vraisemblable après les 7 300 000 emplois déjà perdus aux USA, après les faillites immobilières, bancaires, et en dépit des multiples plans de relance ? Ou ces précédents le rendent-ils au contraire crédible ?

    Quoiqu’il en soit, notre monde semble avoir aujourd’hui complètement perdu ses repères.

    Comment interpréter sinon le rendement actuel sur les Bons du Trésor Britannique à 10 ans qui rémunère à hauteur de 3 % quand le taux d’inflation est de … 3,1 % ? Une seule signification : que les investisseurs sont disposés à placer gratuitement, voire à perdre même un peu, en échange d’avoir la certitude de recevoir leur placement dans 10 ans !

    En d’autres termes – et énoncé brutalement – le monde se prépare à la « japanification » Occidentale et ajuste ainsi ses portefeuilles en fonction de la déflation à venir.

    Michel Santi.

    http://www.gestionsuisse.com/2010/chronique-d%e2%80%99une-agonie-a-venir/

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