Droit, propriété, propriété intellectuelle

Liberté économique et liberté politique par Patrick de Casanove

Liberté économique et liberté politique

La liberté économique n’entraîne pas, et ne peut plus entraîner, automatiquement, la liberté politique

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La liberté économique concerne l’autonomie matérielle d’un individu, selon le think tank «Heritage Foundation». Un individu est économiquement libre quand il peut entièrement contrôler son travail et sa propriété. C’est la liberté de produire, échanger, distribuer, consommer des biens et des services, contracter avec des tiers.

Pas de prospérité sans liberté (cliquez sur le lien)

La liberté est la possibilité d’agir dans une multitude de domaines sans le contrôle de l’Etat et d’autres centres potentiels de domination, selon «Freedom House». On s’accorde sur deux grandes catégories: les droits politiques et les libertés civiles. Les droits politiques mettent les gens en position de participer librement au processus politique au sens large. Les libertés civiles permettent la liberté d’expression et de croyance, la liberté d’association et d’organisation, la liberté dans les dispositions de la loi, et l’autonomie personnelle sans intervention de l’Etat.

Reportons-nous aux chiffres de «l’Indice de la liberté économique 2010» de Heritage Foundation, et du «Rapport 2010 sur les libertés dans le monde», de Freedom House.

L’indice de liberté économique 2010 par The Heritage Foundation » et « The Wall Street Journal »

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Il y a, pour Freedom House, 89 pays politiquement libres, mais pour Heritage Foundation, seulement 7 pays économiquement libres.

Pour Heritage Foundation, 91 pays ne sont pas économiquement libres, tandis que pour Freedom House 47 pays sont politiquement non libres. En 2009, 81 pays ont continué à libérer leur économie alors que 90 ont restreint les libertés économiques. Face à la crise, les pays qui s’en sortent le mieux sont ceux qui sont intervenus et interviennent le moins dans leur économie. L’intervention de l’Etat n’a donc pas amélioré les performances économiques.

La liberté économique est beaucoup moins répandue que la liberté politique. C’est donc un marqueur très fin de liberté réelle. Or pour la majorité de nos contemporains, un pays «libre» est un pays «politiquement libre», «liberté» est synonyme de «liberté politique». La liberté économique peut même être vécue comme un obstacle à la liberté. Dans ce cas elle est combattue au nom de «la justice sociale». La France excelle en ce domaine.

En 1995 date de création de cet indice, Hong­kong et Singapour étaient «libres» économiquement, et «modérément libres» politiquement. Aujourd’hui leur situation n’a pas changé. Hongkong a même perdu en liberté politique depuis son rattachement à la Chine. Sur de longues périodes il n’y a pas d’amélioration non plus. Quarante-cinq ans de liberté économique quasi maximale pour Singapour, et 30 ans de libération économique progressive pour la Chine, n’ont pas entraîné d’amélioration significative de leur liberté politique.

On ne trouve pas de pays qui étaient d’abord économiquement «libres» et politiquement «non libres», qui aient, par la suite, gagné en liberté politique. Par contre on a des exemples où les pays gagnent simultanément sur les deux tableaux (Anciens pays de l’Est).

En fait, de par le monde on observe des situations très variables. Il y a, et c’est heureux, des pays politiquement libres où les politiciens libèrent l’économie (Nouvelle-Zélande, Inde…). Il y en a d’autres qui ont la liberté politique et souvent des institutions de démocratie représentative, où les politiciens peuvent se permettre d’y restreindre la liberté économique pour se maintenir au pouvoir. Ils le feront au nom de l’intérêt général, comme protéger de la crise. (Europe, Etats-Unis…).

Dans d’autres pays, qui n’ont pas de liberté politique, les hommes de l’Etat choisiront de donner plus de liberté économique à leurs concitoyens. La liberté économique engendre rapidement croissance et prospérité. Les effets se font sentir dès que l’on injecte une petite dose de liberté économique. Les dirigeants font ainsi baisser la pression qui s’exerce sur le pouvoir, permettent aux gens de travailler pour eux-mêmes et de s’enrichir. Les résultats sont très rapides et la satisfaction des besoins apparaît vite. Les habitants ne sont plus enclins à s’intéresser au pouvoir (Chine, Iran, Mauritanie…).

Il y a des cas intermédiaires, où les deux libertés évoluent dans un sens ou dans l’autre au gré des circonstances, mais de manière indépendante (Liban, Mali, Bahreïn, Thaïlande…)

La liberté économique et la liberté politique sont donc dissociées, une liberté n’en entraîne pas automatiquement une autre. Le moteur de ces adaptations est toujours le maintien, ou l’accès au pouvoir pour les politiciens, ce qui nécessite une subtile alchimie!

Malheureusement, la politique consiste trop souvent à faire à la place des individus ce qu’ils pourraient très bien faire eux-mêmes, ou à les contraindre à agir dans un sens déterminé. Bien des hommes d’Etat veulent ce pouvoir. La liberté économique permet de produire et d’échanger des services utiles, le pouvoir permet la spoliation légale. «Tous les intérêts légitimes sont harmoniques» (F. Bastiat). L’Etat, par ses interventions détruit cette harmonie.

La liberté économique satisfait les individus en regroupant quasiment tous leurs droits naturels. Elle chasse la politique de la vie des gens qui s’en portent mieux et très bien.

La liberté ne se divise donc pas, elle est un droit naturel, intrinsèque à l’homme. Par commodité on distingue: la liberté économique et la liberté politique. Elles appartiennent à l’individu. Il peut déléguer à une collectivité ce qu’il ne peut faire lui-même. Par une perversion, dans nos sociétés, c’est l’Etat qui concède la liberté économique et la liberté politique aux individus. Les hommes politiques se servent de cette perversion pour garder le pouvoir, qui est la seule chose qui leur importe. A cause de cette perversion le lien naturel entre les libertés est rompu. La liberté économique n’entraîne pas, et ne peut plus entraîner, automatiquement, la liberté politique.

Par Patrick de Casanove Extrait d’une conférence donnée au deuxième «Week-End Liberté», intitulé: «Vers l’Etat libéral», congrès organisé par le Cercle Frédéric Bastiat
les 2, 3 et 4 juillet 2010.

BILLET PRECEDENT : La rigueur d’Etat casse le système, il faut réintroduire la liberté économique par Patrick de Casanove

1 réponse »

  1. Vendredi 3 septembre 2010 :

    En août 2010, le chiffre officiel du chômage aux Etats-Unis est de 9,6 %.
    Le chiffre officiel se trouve dans la rubrique « U-3 » (lien ci-dessous).

    Mais quel est le chiffre réel du chômage aux Etats-Unis ?
    Le chiffre réel se trouve dans la rubrique « U-6 ».
    Le chiffre réel comptabilise les temps partiels contraints et les chômeurs découragés de rechercher un emploi.
    Les données corrigées des variations saisonnières (= Seasonally adjusted) montrent que le taux de chômage réel est de 16,7 %.
    Il ne faut donc pas confondre deux choses :

    1- Le chiffre officiel : 9,6 % de chômage.

    2- Le chiffre réel : 16,7 % de chômage.

    http://www.bls.gov/news.release/empsit.t15.htm

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